Matthias, ce serviteur inconnu

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« Quand donc tu fais l’aumône, nous dit Jésus, ne le fais pas claironner devant toi en vue de la gloire qui vient des hommes […] Pour toi, quand tu fais l’aumône […] que ton aumône reste dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. »

Je serais bien curieux de savoir comment vous réagissez à cet enseignement-là de Jésus. Moi, dans mon cas, c’est une invitation qui me questionne, surtout compte tenu de notre époque où les attentes envers nous sont immenses. Une époque où la reconnaissance et les indicateurs de performance occupent une place de choix. Si c’est le cas de nos emplois dans les grandes entreprises, c’est aussi le cas… en Église.

Les sacro-saintes statistiques – juste pour les nommer – font partie de nos préoccupations comme communauté, car c’est souvent par des chiffres qu’on peut – malheureusement – justifier envers autrui notre avenir. Pas facile. Non… Pas facile comme chrétiens d’œuvrer dans un monde pour qui les indices de performance représentent notre vitalité.

Afin de nous justifier, il y a peut-être une partie de nous qui voudrait rentrer dans la danse. Performer, envoyer des statistiques du tonnerre par besoin d’une juste reconnaissance… quasiment nécessaire.

On serait tenté d’entrer dans le moule quand, pourtant, l’enseignement de Jésus nous invite justement à ne pas nous laisser prendre au piège. Au contraire, il nous invite à mettre toute notre confiance en Dieu qui, dans le secret, nous rendra l’appareil.

Pas facile… non, ce n’est pas facile !

Dieu merci, il y a un drôle de personnage qu’on vient d’évoquer et dont l’histoire – ou le manque d’histoire – pourrait nous inspirer un peu. Contrairement au beau p’tit saint Jean, à saint Pierre et même à Judas, la participation de Matthias au ministère de Jésus nous est un vrai mystère.

Je vous l’ai dit au début du culte : de Matthias, on ne sait rien. Rien de rien. On n’a pas de statistiques pour nous aider, pas d’indices de rendement non plus. Même les biblistes et les historiens du christianisme ne savent pas trop quoi en dire ni quoi en faire. Son ministère, sa vie au grand complet n’ont tout simplement pas été répertoriés. Comme ce qui en est du ministère des nombreuses femmes dans les Actes des Apôtres, personne ne semble avoir retenu celui de Matthias. Tout semble s’être accompli en toute discrétion, comme l’aumône offerte en secret.

Ce n’est pas une stratégie gagnante aux yeux de notre culture de la performance non ? Toutefois, malgré le fait que son ministère fut en quelque sorte oublié aux yeux de la postérité, ça ne veut pas dire qu’il l’ait été aux yeux du Seigneur qui, lui, ne fait jamais les choses au hasard. Je ne peux pas croire que Dieu n’avait pas de raisons de le choisir ! N’a-t-il pas préféré Matthias à Justus, c’est-à-dire celui qui, aux yeux des êtres humains, pouvait être considéré comme « juste » ? Matthias a été nommé et élu pour soutenir les premiers chrétiens. Ce choix du Seigneur m’amène à croire que des inconnus comme Matthias ont sûrement fait une différence. Une différence qui, dans le grand ordre des choses, a peut-être influencé l’histoire de l’Église.

« Que ton aumône reste dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. »

Pour Matthias et nombreux autres, pas de reconnaissance pour un ministère spécifique, pas de miracles à mentionner dans les archives de subventions. Toutefois – et c’est là la bonne nouvelle pour nous – Matthias peut être heureux de la reconnaissance et la fidélité d’un Dieu qui se souvient toujours de ceux et celles qui le servent.

Cette histoire a de quoi nous rappeler qu’on doit l’Église non pas à des institutions aux procédures quantitatives, mais au Seigneur qui œuvre par l’entremise de ses serviteurs. Des serviteurs dont on ne se souvient pas nécessairement dans les livres d’histoire, mais qui ont quand même posé une petite brique comme nous ont pose actuellement la nôtre en ce dimanche matin.

En ce moment où on fait face aux défis de notre époque, on peut se sentir découragé, voir même écœuré. On peut avoir honte d’être des « Matthias » qui n’attireront jamais l’attention des grands magnats de ce monde. Toutefois, il faut s’rappeler que, par la grâce, nos ministères ne sont jamais sans effet ; Dieu œuvre dans une discrétion qui échappe bien souvent aux yeux du monde.

Voilà pourquoi je nous invite ce matin à penser à Matthias et à garder courage. Continuons à œuvrer, mais tout en prenant soin de pas nous laisser aveugler par résultats qui ne nous reviennent pas. Œuvrons de la même manière que nous prions, c’est-à-dire dans la simplicité et dans l’Action de grâce. Comme le dit si bien Jésus dans l’Évangile, Dieu sait déjà de ce que nous avons d’besoin.

Que toute gloire et toute reconnaissance lui soient rendues.

Amen

LECTURES BIBLIQUES

Actes 1, 15-17, 21-26

1 Jean 5, 9-13

Matthieu 6, 1-8

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