Dans le silence, faire place aux questions

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

Cette prédication a été présentée dans le cadre d’un culte où beaucoup de temps de silence a été consacré à se laisser habiter par des questions bibliques :

Où es-tu? Que fais-tu ici? Qu’as-tu fait? Que cherchez-vous? Où est ton frère?

D’où les deux questions insérées au cœur du texte suivant.

Dans notre cheminement de foi, il nous arrive à tous d’éviter les remises en question et de préférer vivre dans les réponses, dans les doctrines et les enseignements qu’on nous a enseignés. C’est plus confortable. Plus rassurant.

Pourtant, l’expérience de la foi n’est-elle pas d’abord une expérience dynamique, et donc de changement? On dit, parfois, de conversion? L’engagement de la foi n’est-il pas toujours à reprendre, tout comme l’Église réformée se veut toujours être en processus de réformation?

La Bible pose des questions autant, sinon plus, qu’elle propose des réponses. C’est le cas des textes que nous venons d’entendre. Ils posent une multitude de questions. J’en ai retenu deux par lesquelles nous prendrons le risque de les laisser nous travailler intérieurement dans le silence. Un nouveau temps de silence pour déposer la question, pour la laisser agir en nous, pour entrer dans le malaise de ne pas savoir; pour entendre, surtout, l’écho de la question au fond de nous-mêmes, écho qui vient de l’Esprit qui nous habite et nous parle.

Dans les deux textes que nous avons entendus, il est question de nourriture et de boisson. La Sagesse a préparé pour toute l’humanité un repas savoureux; elle nous y invite par des descriptions destinées à creuser notre soif et notre appétit. De son côté, Jésus se présente comme un aliment et une boisson qui donne la vraie vie.

Loin d’être ésotérique, cette comparaison rejoint notre expérience très concrète. Ne parle-t-on pas volontiers de vivre d’amour et d’eau fraîche? De se nourrir de la pensée de quelqu’un? Ne dis-ton pas d’un bébé ou même d’un amant ou d’une amante « Je te mangerais »? Comment se surprendre, alors, que nous trouvions dans la Bible, et de manière insistante, des paroles comme « Ta parole me fait vivre », « Ta Parole est plus douce que le miel des rayons »? Ne voit-on pas le prophète Ézéchiel invité à manger le livre de la Parole de Dieu? Et Jésus, citant le Deutéronome, ne dit-il pas : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche du Seigneur »?

Les symboles de la nourriture et de la boisson nous questionnent.

Est-ce que la Parole de Dieu me fait vivre? Est-ce que vivre de Jésus, de son exemple, de sa parole, ça me fait vivre?

La deuxième question que je tire des textes de ce matin concerne le côté désirable de la vie croyante. C’est en effet notre désir profond qu’aussi bien le Livre des proverbes que l’Évangile de Jean cherchent à susciter st stimuler. Dans le premier texte, l’enseignement de la sagesse est comparé à des viandes succulentes et des vins capiteux. Ainsi, la sagesse serait éminemment désirable? Elle promet ce que les anciens appelaient « la vie bonne ». De son côté, Jésus promet rien de moins que la vie pour toujours, la vie laquelle la mort ne peut mettre fin.

Cela nous pose la question de la désidérabilité de la foi aujourd’hui. Pour plusieurs de nos concitoyens, la foi chrétienne peut apparaître irrationnelle, difficile à concilier avec la science; elle peut apparaître totalement inutile puisqu’on peut très bien sans elle vivre une vie exemplaire et réussir sa vie. Mais, et c’est plus tragique, elle est encore souvent perçue comme haïssable, hostile à l’être humain : source de conflits comme les autres religions, ou marquée de manière indélébile par le souvenir d’une religion vécue comme contrôle des consciences, par la perception qu’être chrétien c’est cultiver la culpabilité et avoir peur du plaisir et de la liberté.

D’où la question :

Ma foi et mon témoignage présentent-ils le visage d’une réalité désirable, bonne pour la vie humaine personnelle et en société?

LECTURES BIBLIQUES

Proverbes 9,1-6

Jean 6,51-58

Image : Pixabay

Un commentaire

Ajouter un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *