Pars! … Et surtout ne te retourne pas…

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

C’est le deuxième dimanche du carême et les trois textes qui nous sont proposés nous offrent, entre autres thèmes possibles, celui de l’encouragement à ne pas s’installer dans sa zone de confort, celui de résister à l’envie de rester sur place; plus positivement et plus clairement, ces textes nous invitent à nous mettre en mouvement, à partir.

« Pars de ton pays, de ta famille et de la maison de ton père vers le pays que je te ferai voir » dit le SEIGNEUR à Abram dans le premier texte, celui de Genèse 12. Abram (qui n’est pas encore devenu Abraham) est un homme d’un âge certain (le récit nous précise soixante-quinze) avec beaucoup de biens mais, à cet âge avancé, aucun fruit n’était encore sorti de ses entrailles. Il pouvait donc être considéré comme un cadavre ambulant dans la mesure où sa lignée, si les choses en restaient où elles étaient, serait coupée après lui. Le nom de sa famille ainsi que « tous les biens qu’ils avaient acquis et les êtres qu’ils entretenaient » étaient menacés d’être annihilés ou de passer sous une autre allégeance pour le moins. La calamité ne pesait pas uniquement sur Abram en tant qu’individu, mais également sur sa famille et même toute la communauté qui gravitaient autour de lui.

A un état de péril, de désespoir collectif, Dieu fait entendre une voix d’espoir et d’espérance. L’appel, s’il est adressé à un individu, dans sa portée est communautaire, que dis-je, universelle! L’alliance inconditionnelle (unilatérale conviendrait peut-être mieux) de Dieu avec Abram est une bénédiction qui doit profiter à un grand nombre : « Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai.

Je rendrai grand ton nom. Sois en bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront, qui te bafouera je le maudirai ; en toi seront bénies toutes les familles de la terre. »

L’alliance offerte par Dieu est unilatérale dans ce sens que rien n’est demandé en retour à Abram sinon sa confiance, sa foi. Tout ce qu’il a à faire est de partir de son pays, de sa famille et de la maison de son père vers le pays que Dieu lui fera voir. C’est d’accepter l’invitation au voyage.

Il y a toutefois un caveat. En termes actuels, il y aurait de petites écritures en bas du contrat de voyage qui indiqueraient que c’est un billet à sens unique. Il n’est pas question de se retourner et de regarder par-dessus son épaule. Abram semble bien en être conscient, lui qui se met en route avec tout ce qui constituait son monde. C’est plus qu’une caravane en route; c’est toute une culture, des relations, une manière de voir le monde, des racines à reconstituer au fil du chemin et de ses rencontres. C’est l’aventure qui est offerte ou imposée à bon nombre d’entre nous.

A y regarder de près, c’est le sort partagé de plus en plus avec de plus en plus de personnes autour du monde et sur nos bancs d’église.

« Partir, c’est mourir un peu » chantait Noel Colombier. Et c’est exactement ce qui était demandé à Abram et à chacun/e de nous. Il nous est demandé de quitter la certitude et le confort de nos temples (trop familiers? trop familiaux?) pour nous mettre en route vers le grand inconnu, sans aucune idée sur la destination finale, mais avec la certitude que nous arriverons à bon port car le G.O. qui organise le voyage est capable. Il a des projets de vie et non pas de mort, de bonheur et non pas de malheur. Il offre un avenir avec une espérance à un vieillard dont l’avenir semble justement devoir s’arrêter.

C’est le Dieu qui a créé les cieux et la terre et qui rappelle à des disciples éberlués (Matthieu 17) devant la transfiguration de Jésus sa présence à travers les âges et la nécessité de continuer la route.

C’est le Dieu dans lequel la foi du jeune Timothée a été enracinée par sa Eunice et avant elle, sa grand-mère Loïs. Paul lui demande de brasser cette foi, de ne pas la laisser stagner, de ne pas laisser la rouille de l’habitude tomber dessus, de ne pas se croire arrivé, d’en raviver la flamme. La même chose nous est demandée en tant qu’individus et en tant que communauté de foi.

Dieu a tenu la promesse faite à Abram. Elle s’est concrétisée et continue à se réaliser encore aujourd’hui car nous en sommes AUSSI les héritiers et les héritières. Pourrions-nous seulement nous en souvenir?

Si comme l’a dit Dieu à Abraham, toutes les familles de la terre sont bénies en lui alors nous sommes bénédiction les uns pour les autres. C’est un fait à célébrer. Notre bénédiction, notre aisance, notre épanouissement, notre réussite ne se font pas obligatoirement au détriment des autres. C’est tout le contraire!

Ah! Si seulement les petits-enfants d’Abraham pouvaient raviver leur mémoire et leur appartenance communes! Nous nous souviendrions que nous sommes les gens du voyage et refuserions de nous figer dans des certitudes théologiques ou dogmatiques, et pas davantage dans des tentes ou des châteaux fortifiés. Alors, nos routes seraient ouvertes et nous jouirions de bénédictions surprenantes au détour d’un chemin. 

Seigneur, enseigne-nous comment être une bénédiction pour tous tes enfants et surtout comment accepter avec joie et reconnaissance la bénédiction que chacun de ces enfants est potentiellement pour nous. Donne-nous la simplicité d’embrasser cette invitation au voyage.

Que ceux et celles qui ont des oreilles pour entendre … écoutent!

Samuel Vauvert Dansokho
Eglise Unie St Pierre & Pinguet
Québec le 16 mars 2014 

 

 

TEXTES

BIBLE :

2 Timothée 1-7 : 1Paul, apôtre du Christ Jésus par la volonté de Dieu, selon la promesse de la vie qui est dans le Christ Jésus, 2à Timothée, mon enfant bien-aimé : grâce, miséricorde, paix de la part de Dieu le Père et du Christ Jésus notre Seigneur. 3Je suis plein de reconnaissance envers Dieu, que je sers à la suite de mes ancêtres avec une conscience pure, lorsque sans cesse, nuit et jour, je fais mention de toi dans mes prières. 4En me rappelant tes larmes, j’ai un très vif désir de te revoir, afin d’être rempli de joie. 5J’évoque le souvenir de la foi sincère qui est en toi, foi qui habita d’abord en Loïs ta grand-mère et en Eunice ta mère, et qui, j’en suis convaincu, réside aussi en toi. 6C’est pourquoi je te rappelle d’avoir à raviver le don de Dieu qui est en toi depuis que je t’ai imposé les mains. 7Car ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de maîtrise de soi.

 

Genèse 12.1-9 : 1Le SEIGNEUR dit à Abram : « Pars de ton pays, de ta famille et de la maison de ton père vers le pays que je te ferai voir. 2Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai. Je rendrai grand ton nom. Sois en bénédiction. 3Je bénirai ceux qui te béniront, qui te bafouera je le maudirai ; en toi seront bénies toutes les familles de la terre. » 4Abram partit comme le SEIGNEUR le lui avait dit, et Loth partit avec lui. Abram avait soixante-quinze ans quand il quitta Harrân. 5Il prit sa femme Saraï, son neveu Loth, tous les biens qu’ils avaient acquis et les êtres qu’ils entretenaient à Harrân. Ils partirent pour le pays de Canaan. Ils arrivèrent au pays de Canaan. 6Abram traversa le pays jusqu’au lieu dit Sichem, jusqu’au chêne de Moré. Les Cananéens étaient alors dans le pays, 7le SEIGNEUR apparut à Abram et dit : « C’est à ta descendance que je donnerai ce pays » ; là, celui-ci éleva un autel pour le SEIGNEUR qui lui était apparu. 8De là il gagna la montagne à l’est de Béthel. Il dressa sa tente entre Béthel à l’ouest et Aï à l’est, il y éleva un autel pour le SEIGNEUR et invoqua le SEIGNEUR par son nom. 9Puis, d’étape en étape, Abram se déplaça vers le Néguev.

 

Matthieu 17.1-9 : 1Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et les emmène à l’écart sur une haute montagne. 2Il fut transfiguré devant eux : son visage resplendit comme le soleil, ses vêtements devinrent blancs comme la lumière. 3Et voici que leur apparurent Moïse et Elie qui s’entretenaient avec lui. 4Intervenant, Pierre dit à Jésus : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ; si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, une pour Elie. » 5Comme il parlait encore, voici qu’une nuée lumineuse les recouvrit. Et voici que, de la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui qu’il m’a plu de choisir. Ecoutez-le ! » 6En entendant cela, les disciples tombèrent la face contre terre, saisis d’une grande crainte. 7Jésus s’approcha, il les toucha et dit : « Relevez-vous ! soyez sans crainte ! » 8Levant les yeux, ils ne virent plus que Jésus, lui seul. 9Comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : « Ne dites mot à personne de ce qui s’est fait voir de vous, jusqu’à ce que le Fils de l’homme soit ressuscité des morts. » 

 

CHANSONS

Jacques Higelin : Pars
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Pars, surtout ne te retourne pas
Pars, fais ce que tu dois faire sans moi
Quoiqu’il arrive je serais toujours avec toi
Alors pars et surtout ne te retourne pas

Oh pars… mais l’enfant
L’enfant il est là, il est avec moi
C’est drôle quand il joue il est comme toi
Impatient
Il a du coeur, il aime la vie
Et la mort ne lui fait pas peur

Alors pars
Surtout ne te retourne pas
Oh pars
Mais qu’est ce que t’as
Oh pars et surtout reviens-moi vite

 

Noel Colombier : Abraham ami de Dieu ou Partir, c’est mourir un peu

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Ref : On dit que : « Partir c’est mourir un peu », partir c’est mourir un peu, mais s’en aller pour chercher Dieu, c’est trouver la vie. (bis)

1. Chercheur de Dieu ton cœur était insatisfait, tout autour de toi c’était les idoles qu’on adorait ; Sacrifier sa vie, celle de ses enfants, aux dieux sanguinaires, aux dieux de l’argent : c’était pas l’appel que tu entendais au fond de ton cœur.

2. Aussi un beau jour tu es parti en aventurier, coupant les racines qui te retenaient à ton passé ; « Pars de ton pays, je te bénirai, car j’ai fait pour toi un très beau projet » disait cette « Voix » que tu entendais au fond de ton cœur. 

3. Et si tu as cru toi qui ne pouvais plus avoir d’enfants, quand la « Voix » disait : « Compte les étoiles dans le firmament. Tu auras des fils encore plus nombreux, tu seras le Père des Chercheurs de Dieu », de ceux qui sauront comme toi, écouter au fond de leur cœur.

4. Le Dieu vivant, car c’était lui qui te parlait, te donne un enfant, toi qui ne pouvais plus en espérer ; et lorsqu’il te dit : « Donne-moi la vie de ton fils unique », toi tu lui obéis. Tu sais que Dieu seul peut guider ta vie et combler ton cœur.

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