Nous continuons aujourd’hui la deuxième partie de la méditation entamée dimanche dernier autour de la question de Jésus : « Et vous, qui dites-vous que je suis? »
Cette première partie se terminait (plus ou moins) ainsi :
Aujourd’hui que dit-on de Jésus? Qui dit-on qu’il est? Le savons-nous et cela nous importe-t-il?
Il est important que cela nous importe. Si du temps de Jésus, les gens avaient une plutôt bonne impression de lui, il faut bien reconnaître qu’aujourd’hui les trompettes de Fama, déesse romaine de la Renommée semblent bien mal embouchées!
Qui pense-t-on que Jésus et ses représentants sont?
Nous pourrions faire ce sondage d’opinion ici à Québec, et comme le monde est devenu un grand village, nous mettre également à l’écoute de ce qu’en disent les autres sur les cinq continents (Afrique, Amériques, Asie, Europe, Océanie) et plus précisément dans le Moyen-Orient, en Afrique occidentale, en Europe de l’Est.
Quelles sont les images que Fama colporte, que ce soit de la trompette plus courte ou bien de celle qui est plus longue, c’est à dire les ragots temporaires et la renommée durable?
Et NOUS alors? Que disons-nous? Qui est Jésus pour nous dans tout cela? Le Christ, Le fils du Dieu Vivant? Hum… qu’entendons-nous par cette confession?
Pensons-y sérieusement et la semaine prochaine, Dieu voulant, nous nous attarderons sur qui Jésus, le Christ, est pour nous.
Aujourd’hui, l’heure est venue de considérer ensemble qui Jésus est pour nous, personnellement. Cet exercice demande un partage en toute simplicité et en toute vérité. Cela demande que nous soyons disposé/es à écouter avec un esprit ouvert et un cœur qui ne jugeant pas, s’engage à écouter avec respect et empathie, ayant l’intention sincère d’entendre. Voilà qui donnera le courage et l’assurance de parler sans la pression d’être noté ou de se faire dire « faux ou juste », car personne d’autre que moi-même ne peut savoir qui je pense Jésus est pour moi!
En nous écoutant les uns les autres nous pouvons entendre des témoignages variés :
Pour une jeune femme : « Jésus est, pour moi, un maître à penser, un modèle à suivre, car il a su faire preuve d’un amour inconditionnel envers son prochain, sans juger personne. Cet aspect de la personnalité du Christ influence beaucoup la façon dont je vis ma foi au jour le jour.
En ce 31 août où la communauté GLBT célèbre la fête Arc-en-Ciel, je me solidarise avec leur cause et irai porter une bannière en tant que membre de l’Eglise unie Saint-Pierre.
Ma pratique religieuse m’amène, en effet, à manifester de l’empathie envers les gens de mon entourage plus ou moins immédiat. Je suis toujours prête à réconforter des personnes qui vivent des moments difficiles, à reconnaître le dur labeur de celles qui exercent un métier et à remercier celles qui m’aident. Je fais aussi preuve de curiosité envers les gens originaires d’autres pays en leur adressant quelques mots dans leur langue ou en m’intéressant à leur culture.
Pour une femme d’âge mûr : « Jésus est mon Sauveur personnel et mon Seigneur de même que le confessent d’autres. Il est pour moi une présence, quelqu’un à qui je parle à longueur de journée. »
Un homme d’âge mûr : « Jésus est celui qui nous a permis, à nous chrétiens, de devenir des juifs. Grâce à lui, nous avons accès à la promesse faite par Dieu à Abraham. Nous sommes les enfants d’Abraham. Nous sommes devenus des membres du peuple de Dieu, sans toutefois les entraves de la Loi car nous sommes sauvés par la foi. »
Un jeune homme : « Pour moi, Dieu est celui auquel je prie. Il me sauve et me garde. Il m’aime comme il aime toutes les personnes, sans discrimination. »
Ayant moi-même déclenché cet exercice qui, je l’espère, se prolongera bien au delà de ce lieu et de ce moment de culte, je me dois de vous apporter également mon témoignage.
Jésus pour moi est celui auquel j’appartiens. Ce qui enlève toute peur et me donne toute confiance, car tant que je resterai dans la paume de sa main aucun mal ne m’atteindra. Jésus est pour moi une présence de tous les instants. En le ressuscitant des morts, Dieu a validé le témoignage et l’enseignement de Jésus : l’amour, la justice, la vérité, le pardon et la vie auront le dernier mot sur l’indifférence, l’oppression, le mensonge, la vengeance et la mort. En lui j’ai la paix et la grâce de ne pas céder au découragement et toujours espérer la réconciliation. Jésus est pour moi est la véritable parole de Dieu car cette parole de Dieu n’est pas quelque chose d’écrit noir sur blanc mais bien une relation vivante.
Le prophète Jérémie parle de son expérience avec Dieu dans la première lecture (Jérémie 20). C’est une expérience cuisante. Dieu, la parole de Dieu, est pour lui comme une boule de feu dans ses tripes. Il se sent piégé et n’a pas d’autre choix que de livrer le message mis en lui pour en être délivré; quand il le fait, il se livre aux outrages et aux sarcasmes des oreilles auxquelles le message est destiné ! C’est que le message vient toujours à contre-courant, dénonçant l’oppression et la tranquillité qui donnent une fausse impression de paix.
Qui est Jésus pour moi? Celui dont je revêts le nom parce que je lui appartiens! Je lui appartiens tout comme lui appartiennent tous ceux et toutes celles qui portent son nom et auxquels nous attache une solidarité réelle, que nous le voulions ou non. Solidaires, nous le sommes de Jésus sur son chemin de souffrances et d’épreuves, un chemin qui le conduira jusqu’au sacrifice ultime et volontaire, par amour pour nous et par obéissance à la mission de justice et de réconciliation pour laquelle il a été envoyé dans ce monde.
Porter le nom de Jésus, marcher à sa suite, cela vient avec un prix. C’est le prix que payent des milliers de « Nasrani », autrement dit Nazaréens, chrétiens. La lettre Nun apposée sur la page de garde de notre ordre de service ce matin est la même lettre apposée sur la porte de certaines personnes en Irak. Pour ces « Nasrani » ce signe, dans leur cas, équivaut à une sentence de mort, d’extorsion, de viol et de torture : il leur laisse le choix entre le cercueil et l’exil. Par solidarité, nous sommes tous et toutes des Nazaréens. Nous le sommes par delà nos appartenances religieuses et ethniques. La vérité exige d’ailleurs de préciser que l’immense majorité des musulmans condamnent et souffrent eux-mêmes des agissements de malfaiteurs se réclamant d’une religion dont ils bafouent cruellement les règles de base.
Qui est Jésus pour moi? Quelles en sont les implications dans la vie de tous les jours?
La réponse est dans les questions rhétoriques que Jésus pose à la fin de l’Evangile du jour et qu’il n’est peut-être pas inutile de nous rappeler en nous les posant personnellement : A quoi me servirait-il de gagner le monde entier, si c’est au prix de ma vie ? Que pourrais-je donner pour racheter ma vie ?
Ecoute qui a des oreilles!
Samuel Vauvert Dansokho, Eglise Unie St Pierre et Pinguet, Québec le 31 août 2014
TEXTES BIBLIQUES 31 AOUT 2014
Jérémie 20.7-9
7SEIGNEUR, tu as abusé de ma naïveté, oui, j’ai été bien naïf ; avec moi tu as eu recours à la force et tu es arrivé à tes fins. A longueur de journée, on me tourne en ridicule, tous se moquent de moi. 8Chaque fois que j’ai à dire la parole, je dois appeler au secours et clamer : « Violence, répression ! » A cause de la parole du SEIGNEUR, je suis en butte, à longueur de journée, aux outrages et aux sarcasmes. 9Quand je dis : « Je n’en ferai plus mention, je ne dirai plus la parole en son nom », alors elle devient au-dedans de moi comme un feu dévorant, prisonnier de mon corps ; je m’épuise à le contenir, mais n’y arrive pas.
Matthieu 16.13-26
13Arrivé dans la région de Césarée de Philippe, Jésus interrogeait ses disciples : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? » 14Ils dirent : « Pour les uns, Jean le Baptiste ; pour d’autres, Elie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. » 15Il leur dit : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » 16Prenant la parole, Simon-Pierre répondit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » 17Reprenant alors la parole, Jésus lui déclara : « Heureux es-tu, Simon fils de Jonas, car ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. 18Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et la Puissance de la mort n’aura pas de force contre elle. 19Je te donnerai les clés du Royaume des cieux ; tout ce que tu lieras sur la terre sera lié aux cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié aux cieux. » 20Alors il commanda sévèrement aux disciples de ne dire à personne qu’il était le Christ.
21A partir de ce moment, Jésus Christ commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait s’en aller à Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être mis à mort et, le troisième jour, ressusciter. 22Pierre, le tirant à part, se mit à le réprimander, en disant : « Dieu t’en préserve, Seigneur ! Non, cela ne t’arrivera pas ! » 23Mais lui, se retournant, dit à Pierre : « Retire-toi ! Derrière moi, Satan ! Tu es pour moi occasion de chute, car tes vues ne sont pas celles de Dieu, mais celles d’un être humains.»
24Alors Jésus dit à ses disciples : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive. 25En effet, qui veut sauvegarder sa vie, la perdra ; mais qui perd sa vie à cause de moi, l’assurera. 26Et quel avantage l’être humain aura-t-il à gagner le monde entier, s’il le paie de sa vie ? Ou bien que donnera l’la personne humaine qui ait la valeur de sa vie?
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