« Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? » Après tout ce temps, et malgré tout ce qu’ils ont vu et entendu, les disciples manquent de vision… ils ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. À leur question inadéquate, Jésus, par grâce, donne une réponse juste… bien ajustée sur la volonté de Dieu : « Vous n’avez pas à connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité ; mais vous allez recevoir une puissance, celle du Saint Esprit qui viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. »

C’est trop peu qu’ils voient en Jésus le Messie d’un peuple, à l’exclusion des autres, qu’ils fixent leur regard sur leur petit lopin de terre et le pouvoir politique et socio-économique des leurs. C’est trop peu qu’ils ne recherchent que la paix intérieure et la sécurité pour eux-mêmes et pour leurs proches.

C’est normal. C’est très humain. Lorsqu’on a vécu longtemps sous l’opression, dans le manque, la souffrance ou la peur, on a tendance à se replier sur soi-même, se recroqueviller en attandant une délivrance. Par compassion, le Christ vient se tenir au milieu de ses disciples… au cœur de leur souffrance et leur peur. Il n’essaie ni d’invalider ni d’escamoter ce qu’ils vivent. Il cherche plutôt à les amener à le dépasser en levant les yeux.. question d’élargir leurs horizons. « Sous leurs yeux, il s’éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs regards. »

Ainsi, aujourd’hui, comme hier, les disciples – ceux qui ont le regard fixé sur Jésus – sont inévitablement amenés à lever les yeux. Le Christ nous entraine à nous tourner vers le ciel… à voir notre réalité d’une autre perspective : celle de l’infini, de l’incommensurable.

Le ciel évoque l’insaisissable, tout ce qui dépasse nos capacités intellectuelles et notre entendement. Le ciel est le « plus grand que nous ». Le ciel nous fait rêver, nous amène à nous interroger sur le sens – plus large – de la vie. Le ciel nous rappelle qu’il y a des choses qui nous échappent, que nous ne détenons pas toute la Vérité (avec un grand V). Le ciel nous remet à notre place – une place plus juste, plus modèste, plus humble. Et paradoxalement, fixer le ciel nous ramène sur terre.

« Gens de Galilée, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? » Désormais, même s’il est dérobé à nos yeux, c’est ici-bas, que ça se passe… que l’on peut chercher, rencontrer et cheminer avec le Christ. Lever les yeux vers le ciel, ne signifie pas pour autant détourner notre regard du monde que Dieu a tant aimé. Cela signifie s’ouvrir à puissance de l’Esprit qui descend sur nous et nous transforme : par l’œuvre de l’Esprit, les disciples « les élèves » deviennent les apôtres « les envoyés » du Christ.

Le Christ est soustrait à nos yeux, mais, par le don de l’Esprit, il est présent partout et devient la puissance qui nous propulse dans le monde. Cette puissance nous donne un élan nouveau, pour aller à la rencontre des gens – au delà des barrières et des limites que la peur aurait érigées. Cette puissance nous donne non seulement de parler du règne de Dieu mais de l’actualiser, de l’incarner dans notre manière d’être, de vivre ensemble, et de servir notre prochain, c’est-à-dire, dans notre manière de bâtir une communauté vraiment inclusive : vivante et vivifiante pour la terre tout entière.

Frères et soeurs, que ce temps passé dans le temple à bénir Dieu nous ouvre à la puissance de l’Esprit afin que, par la grâce de Dieu, nous soyons à notre tour, témoins du Christ… non seulement par nos paroles…mais aussi par nos actes…les actes des apôtres d’ici. Que notre participation à l’œuvre créatrice et re-créatice du Christ dans le monde devienne la preuve… à la vue au su de tous… qu’il est vivant ici…maintenant…et à jamais. Amen.

Par Darla Sloan

17 mai 2015 – Ascension B15 – Église Unie St-Pierre et Pinguet

Lectures bibliques

Luc 24, 44-53 1509

Actes 1, 1-11 1549