Nous vivons dans un monde obsédé par l’efficacité, la rentabilité, la productivité. Il faut toujours faire plus… avec moins. Qu’on soit PDG, fonctionnaire, infirmière, enseignant ou pasteure, tout le monde est confronté à une obligation de résultats. Mais tôt ou tard, tout le monde frappe un mur. Qui n’est jamais rentré découragé après avoir fait de réels efforts sans résultats ? Il n’est pas difficile de s’identifier à Pierre qui s’exclame : Nous avons peiné toute la nuit… pour rien ! Comment ne pas finir totalement découragé ? Quoi faire pour ne pas abandonner complètement quand on y met tout son cœur… et que nos plus beaux projets finissent en queue de poisson ?
Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits. |
Ben… on va à la pêche. Avec Jésus à bord de notre barque. C’est sa Parole qui fait toute la différence. Voilà l’une des clés du « succès » pour les disciples de Jésus. Ce matin, Luc nous dit que les foules se serraient contre Jésus pour écouter la Parole de Dieu. Les disciples sont en train de laver leurs filets quand Jésus demande à Pierre de quitter le rivage et d’avancer un peu. Là Jésus enseigne… et Pierre écoute sa parole de sorte que, quand Jésus lui dit d’avancer en eau profonde, Pierre lui réponde : « Sur ta parole je vais jeter les filets… même si, je ne comprends pas trop…même si ça me parait inutile… sur ta parole… je vais jeter les filets ».
C’est la parole qui fait toute la différence. L’un des principes fondamentaux du protestantisme c’est que notre autorité ultime, c’est la Parole – interprétée en communauté. C’est la Parole qui donne un sens à notre vie. C’est la Parole qui nous permet de comprendre notre monde et de nous orienter dans la vie. L’écoute de la parole qui fait fructifier notre travail et nous permet d’avancer même lorsqu’on a l’impression d’être devant une impasse.
Pensez à notre communauté de foi et à la place de la Parole dans notre vie. Et là, je ne pense pas uniquement aux études bibliques, à nos temps de partage et aux prédications. Je pense aussi aux défis que notre charge pastorale a dû relever au fil des ans et je suis persuadée que ce qui nous a permis de garder le cap… et d’avancer… c’était notre écoute collective de la Parole.
Avancer. Voilà une autre clé de notre mission chrétienne. C’est ce que Jésus nous demande de faire ce matin… d’avancer. Le christianisme n’est ni une idéologie ou ni une philosophie ni un ensemble de dogmes… ni même une série d’idées sur Dieu. Avant toutes choses, le christianisme est un mouvement – dont le premier nom a été « Le chemin ». Donc, pas question de faire du sur place quand on est disciple de Jésus. Il faut avancer. Si « la folie, c’est de faire tout le temps la même chose et de s’attendre à un résultat différent″ – selon un adage attribué à Einstein – la fidélité, c’est de faire quelque chose de différent même si on n’est pas certain du résultat parce qu’on est confiant que, ultimement, c’est vers une vie toujours nouvelle et abondante que notre maître, Jésus la Parole faite chaire, nous guide. Alors, ne craignons rien ! Avançons !
Avançons… en eau profonde… car c’est là où nous aurons le plus de succès comme disciples. Jésus dit à Pierre et à tous ces compagnons – y compris vous et moi : « Avance en eau profonde. »
Oui, l’eau profonde peut faire peur… surtout si nous ne sommes pas certains de savoir nager ! De peur d’être engloutis par les vagues, on peut choisir de « jouer safe » de n’avancer que dans les eaux peu profondes. Mais l’Évangile de ce matin l’illustre bien : ce n’est pas en effleurant la surface que nous trouverons la vie en abondance, il faut descendre dans les profondeurs. Dans un monde où il est facile d’avoir des milliers « d’amis » sans pour autant connaître une vraie intimité, peut-être que ce que la communauté des disciples de Jésus a de plus précieux à offrir à nos contemporains, c’est justement quelque chose de plus profond que des interactions superficielles et passagères – une communauté prend le risque de sonder les profondeurs.
Oui, il se peut que nous découvrions des monstres marins. Mais souvenez-vous de ce que nous a dit le psalmiste au début du culte : Dieu est le Dieu de tous et de toutes…même des monstres marins…et du chaos et du désordre des profondeurs Dieu a tout créé. Nous aussi nous pouvons louer le Seigneur parce qu’il rend force et fierté à son peuple. Du chaos et du désordre de nos vies… de nos déceptions les plus immenses… de nos blessures les plus profondes…Dieu fera rejaillir la vie. Alors ne craignons rien ! Avançons en eau profonde…pour nous-mêmes et pour les autres…car c’est là où nous réussirons notre mission chrétienne. C’est en eau profonde que nous capturerons des hommes et des femmes.
Là il faut s’attarder sur le mot « capturer ». Qui a le goût d’être capturé ? Être capturé, c’est être prisonnier, être limité, restreint. Mais il y a une autre façon de traduire ce mot et donc de comprendre ce verset :
« À partir de maintenant ce sont des humains que tu prendras ou que tu rassembleras pour les amener vers une vie nouvelle » À partir de maintenant les disciples prendront les hommes et les femmes avec l’appât de la Parole dans le but de permettre à cette Parole de transformer à tout jamais leur vie. Alors non, ne craignons rien. Avançons en eau profonde pour nous-mêmes et pour les autres. Et surtout, surtout, pour la gloire de Dieu… et la transformation du monde. Amen.
Par Darla Sloan, pasteure
Le 7 février 2016 – Dernier dimanche du Temps de l’Épiphanie – St-Pierre
LECTURES BIBLIQUES
Ésaïe 6, 1-8
Luc 5, 1-11
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