Depuis des décennies, le 1er mai nous rappelle une solidarité humaine fondamentale : que la valeur du travail humain doit se traduire dans la dignité et les soins apportés aux hommes et aux femmes qui en sont les ouvriers et les artisans. Le travail est un droit et la contribution de chaque personne au tissu social selon ses capacités est une exigence de justice. Car c’est par le travail que chacun/chacune trouve un gagne-pain bien sûr, mais aussi exerce ses talents, accroît ses connaissances pratiques comme théoriques, trouve un sentiment de fierté et découvre la vérité profonde du service, du souci de l’autre, expression concrète de l’amour du prochain.
Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits. |
Comme disciples de Jésus, reconnu par nous dans la foi comme fils du Dieu vivant, à notre tour nous sommes animés par l’Esprit de toute création. Notre travail particulier de croyant est de révéler à nos sœurs et frères humains que tous leurs efforts et leurs labeurs, des tâches les plus humbles et quotidiennes aux projets les plus élaborés, sont d’une façon certaine le prolongement de l’œuvre de création. De plus, tout travail est œuvre commune, même s’il est accompli de manière solitaire, car nous sommes tous et toutes inextricablement reliés, non seulement nous les humains, mais toute la biosphère, et jusqu’à la matière en apparence inanimée, comme l’exploration scientifique actuelle nous le fait découvrir.
Mais à quoi bon tous ces efforts ? Y a-t-il une signification particulière à notre existence ? Une partie importante de la réponse se trouve dans notre rassemblement même de ce matin : dans le culte, et ce qu’au fil des millénaires les croyants ont pris l’habitude d’y faire, la liturgie. Le terme grec est leitourgia qui signifie l’action/l’œuvre/le travail du peuple. Le travail, l’œuvre par excellence de l’être humain c’est de discerner la présence divine dans le monde et dans sa vie, de s’en réjouir profondément, d’en rendre grâce au Dieu de la vie, et, en communiant ainsi à ce qu’il y a de plus beau et de meilleur, de partager la bienveillance divine en prenant soin de son prochain comme de toute la création.
Le livre des Actes nous parle de l’Esprit qui guide les déplacements de Paul et Silas, à travers les méandres des psychologies des personnes et des circonstances extérieures. Le jour du sabbat, nous en avons franchi la porte, pour gagner, le long d’une rivière, un endroit où, pensions-nous, devait se trouver un lieu de prière. Et c’est dans un rassemblement en pleine nature, dans la glorieuse création, que l’apôtre trouvera Lydie qui adorait déjà Dieu et était tout oreilles ; elle accueillera l’Évangile de grâce car le Seigneur avait ouvert son cœur pour la rendre attentive et deviendra à son tour disciples du Christ par le baptême. Le livre de l’Apocalypse quant à lui nous décrit de manière hautement imagée, comme dans un rêve fantastique, le climat qui règne lorsque Dieu se rend pleinement transparent : il me montra un fleuve d’eau vive, brillant comme du cristal, qui jaillissait du trône de Dieu et de l’agneau. Au milieu de la place de la cité et des deux bras du fleuve, est un arbre de vie […] Chaque mois il donne son fruit, et son feuillage sert à la guérison des nations. Il n’y aura plus de malédiction. Le trône de Dieu et de l’agneau sera dans la cité, et ses serviteurs lui rendront un culte, ils verront son visage et son nom sera sur leurs fronts.
Rendre un culte à Dieu, c’est œuvrer à la guérison des nations. Le travail par excellence c’est paradoxalement celui accomplit le jour du sabbat. Veux-tu guérir ? demande Jésus à l’infirme qui lui répondit : Seigneur, je n’ai personne pour me plonger dans la piscine… Nous, disciples de Jésus, nous avons à faire comme celui que nous appelons ‘Maître’ et nous rendre proche de toute détresse pour nous mettre à l’œuvre, discerner le besoin et au meilleur de ce dont nous sommes capables, nous mettre à la tâche, plonger dans la piscine le prochain, au service de notre prochain, et donc de l’humanité. C’est de cette manière que, sur la terre, on connaisse ton chemin, et parmi tous les païens, ton salut, afin que les peuples te rendent grâce, tous ensemble ! Que les nations chantent leur joie, car Dieu gouverne les peuples avec droiture, et sur terre Dieu conduira les nations, selon les mots du Psaume.
En ce 1er mai, par delà les chants de militance de circonstance, il y a le Cantique universel au Créateur qui monte par l’Esprit dans nos consciences et prolonge le Corps du Christ à travers nous par nos efforts pour chaque génération. Alors, au travail… Amen.
Par Denis Fortin, pasteur
St-Pierre / 6e dimanche de Pâques « C » / 1er mai 2016
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