La foi est une manière de posséder déjà ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités que l’on ne voit pas. Hébreux 11,1
Le cimetière Mount Hermon, à l’angle de la côte de Sillery et du chemin Saint-Louis, surplombe le Saint-Laurent et la perspective qu’on y a du lointain est impressionnante. Le regard s’imprègne de l’horizon : s’étalent devant soi le ciel à 180°, le fleuve avec les embarcations qui le sillonnent, la Rive-sud immédiate avec ses constructions, et au loin au-delà, la Beauce verdoyante.
Que ce soit dans un parc en ville ou dans des champs à la campagne, sur les rives d’un lac ou sur la grève près de la mer, dans le bois ou en montagne, la contemplation de la nature parvient habituellement à émouvoir même les plus endurcis, un peu comme un bain d’eau fraîche par une journée de canicule est pleinement revigorant. Dans de tels contextes, nos sens se dépoussièrent, retrouvent l’intensité de perception qui s’était émoussée dans le traintrain quotidien : nous voici renés, alertes et vigilants. Disponibles, réceptifs et présents à ce qui nous entoure, nous devenons en quelque sorte à même de ressentir la vibration de l’énergie vitale, invisible et pourtant combien suprêmement active. Et il me semble que dans ce contexte s’applique parfaitement l’invitation de l’Évangile, gardez vos lampes allumées, soyez prêts.
Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits. |
Cette vigilance à laquelle nous sommes appelée est la discipline personnelle qui exprime, alimente et soutient l’expérience spirituelle, cette perception de l’invisible. Elle se manifeste de différentes manières allant de la méditation silencieuse à la lecture de la Bible, du culte dominical aux temps de prière quotidienne, de l’entraide envers autrui par ses dons et ses ressources personnelles à l’implication communautaire en faveur de l’équité et de la justice dans la société. Véritablement, la foi est une manière de posséder déjà ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités que l’on ne voit pas. La vie spirituelle, pour l’homme et la femme qui en font l’expérience, c’est une lentille qui rend sensible à la présence de l’invisible, de l’éternel, dans l’immédiat et le concret. Et cette façon de ressentir colore notre vision du monde, ce qui importe de faire et d’être dans la vie, la manière d’occuper notre temps et ce à quoi consacrer nos biens : donnez en aumône. Faites-vous des bourses inusables, un trésor inaltérable dans les cieux.
Dans les prochains jours, Montréal accueillera pour la première fois dans l’hémisphère nord, le Forum social mondial, ayant pour but de faire se rencontrer des organisations citoyennes du monde entier sensibles à la cause altermondialiste. Son thème : Un autre monde est nécessaire, ensemble il devient possible ! Il me semble qu’on retrouve dans cette phrase une affirmation très semblable aux propos de nos textes bibliques de ce matin. Il s’agit ici aussi d’avoir une perspective renouvelée de la réalité, en fonction d’un essentiel parfois difficile à décrire mais qui imprègne le cœur, canalise l’énergie, oriente la réflexion et mobilise l’action. Un souffle qui traverse les générations comme l’évoque la lettre aux Hébreux, dans la foi, ils moururent tous, sans avoir obtenu la réalisation des promesses, mais après les avoir vues et saluées de loin; en fait, c’est à une patrie meilleure qu’ils aspirent, à une patrie céleste.
Puisse l’Esprit divin raviver notre espérance et notre agir selon ses invisibles mais combien réelles sollicitations. Demeurons vigilants et engageons-nous là où nous le pouvons. En Christ, tout nous est donné pour que nous devenions don pour tous et toutes. Et gardons à la conscience cette déclaration du maître : Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume.
Par Denis Fortin, pasteur
St-Pierre / 12e Dimanche de Pentecôte « C » – 7 août 2016
LECTURES BIBLIQUES
Psaume 50
Hébreux 11, 1-3. 8-16
Luc 12, 32-40
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