Un vent violent s’éleva et les vagues se jetaient sur la barque, au point qu’elle se remplissait déjà. Et lui, à l’arrière, sur le coussin, dormait.
(Mc 4,37)
Des articles à profusion dans les journaux et les revues, des bulletins de nouvelles à la télévision et à la radio nous présentent chaque jour d’innombrables tempêtes contemporaines.
Ainsi, plus de 2000 enfants ont été séparés de leurs parents arrêtés à la frontière américaine pour l’avoir franchie sans papiers. Une guerre interminable en Afghanistan multiplie les morts et les blessés. Le volcan Fuego au Guatemala a tué une centaine de personnes et provoqué l’évacuation de milliers d’autres. Des kamikazes se sont fait exploser dans une mosquée et sur un marché au Nigeria, entraînant dans la mort près d’une centaine de personnes. L’Europe est confrontée à un afflux de migrants politiques et économiques sans précédent. Certains pays sont complètement débordés. Des milliers de personnes sont mortes ou disparues aux portes de l’Europe souvent dans des circonstances atroces. Plus de 17 % des enfants vivent dans la pauvreté au Canada, dont 37 % d’entre eux sont issus des Premières Nations.
Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits. |
Voilà un bien mince relevé des tempêtes vécues actuellement à travers le monde. Pour bon nombre de chrétiens, Dieu semble dormir à l’arrière sur le coussin comme jadis Jésus lors de la tempête sur le lac. Et ce qui semble être son inaction est une épreuve à leur foi. Comment un Dieu lent à la colère etriche en bonté (Nb 14, 18) peut-il tolérer autant de souffrances ? Beaucoup de chrétiens disent alors que leur prière et leur foi se heurtent au silence de Dieu. Ils ont dit, comme le petit Samuel : Parle, Seigneur, ton serviteur écoute (1 S 3,10), et ils n’ont pas entendu de réponse. Comment croire en un Dieu muet et indifférent ?Mais non, Dieu ne se drape pas quelque part dans sa transcendance muette. Dans l’incarnation de son Fils, Jésus ne garde pas le silence…La Parole s’est faite chair et elle a habité parmi nous (Jn 1, 14). Par l’incarnation, nous ne sommes plus jamais seuls. Christ a tout connu de notre condition et c’est par cette participation à la nature humaine qu’Il est toujours présent à tout ce que nous vivons, même s’il semble silencieux parfois, comme dans la barque de la tempête déchaînée. Mais sa présence dite silencieuse à nos joies et à nos peines, à nos souffrances et à notre bien-être, à nos certitudes et à nos doutes, ce qui semble être un silence n’en est pas un. Parce qu’il est la Parole en personne, Jésus parle à ceux qui souffrent en les accompagnant dans tous les recoins de leur vie. Il s’adresse à chacun, à chacune de façon, dirais-je, personnalisée, Alors, au lieu de demander pourquoi Dieu ne nous écoute pas, peut-être devons-nous nous demander pourquoi nous n’écoutons pas Dieu !
Bien sûr, il reste une autre question. Pourquoi Dieu ne répond-il pas à nos prières en les exauçant telles que formulées ? Je répondrais à cette question par une autre question : pouvons-nous laisser Dieu être Dieu ? Parfois il dort, à l’arrière, sur le coussin, parfois il s’impose comme le Maître du vent et de la mer. C’est lui, mieux que quiconque, qui nous connait comme l’exprime si bien le Psaume 139 :
Éternel! tu me sondes et tu me connais,
Tu sais quand je m’assieds et quand je me lève, Tu pénètres de loin ma pensée;
Tu sais quand je marche et quand je me couche, Et tu pénètres toutes mes voies.
Car la parole n’est pas sur ma langue, Que déjà, ô Éternel! tu la connais entièrement.
Tu m’entoures par derrière et par devant, Et tu mets ta main sur moi.
Une science aussi merveilleuse est au-dessus de ma portée, Elle est trop élevée pour que je puisse la saisir.
AMEN
Prédication du 24 juin 2018, Église Unie St-Pierre
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