J’aime croire que c’est l’Esprit-Saint qui nous donne de relire les textes bibliques chaque fois comme si c’était la première fois. Selon l’époque de notre vie, selon ce que nous vivons ponctuellement, ou selon ce qui se passe autour de nous, nous découvrons dans les textes bibliques des aspects particuliers de la Révélation. Des siècles durant, des croyants-es ont connu cette intimité avec Dieu à travers LE livre de la Bible.
Aujourd’hui le lectionnaire œcuménique nous propose de méditer, me semble-t-il, sur la place primordiale et incontournable des Écritures pour nourrir notre vie de foi. La méditation de ces textes du jour m’a conduit à reconnaître dans l’action de grâce comment Dieu s’est manifesté dans la vie de ces croyants au cours des siècles et qu’il est toujours présent dans notre vie à chacun-e d’entre nous. Car «elle est vivante, la Parole de Dieu». (He 4, 12)
Le lectionnaire nous met d’abord aujourd’hui en présence du scribe Esdras; ses œuvres de restauration de la vie sociale et religieuse de la communauté juive sont racontés dans les livres d’Esdras et de Néhémie. Ensuite, c’est Jésus qui est présenté par l’évangéliste Luc en train de proclamer un oracle du prophète Ésaïe dans la synagogue de Nazareth.
Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits. |
L’épisode tiré du livre de Néhémie raconte un fait vécu au Ve siècle avant Jésus-Christ et fait ressortir toute l’importance que nos ancêtres dans la foi accordaient aux Saintes Écritures.
Esdras est donc ce prêtre et scribe mandaté par le roi de Perse pour la direction des affaires religieuses et civiles de Jérusalem. Esdras y est vite confronté à une population qui avait emprunté les abominations des païens comme mode de vie pendant l’exil à Babylone de ses concitoyens. Il entreprit donc de restaurer d’abord la vie morale de ces juifs restés à Jérusalem avant de se mettre à la réforme du culte. Et la réforme du culte passa par la proclamation solennelle de la Loi de Moïse. Esdras a, en effet, convoqué le peuple, hommes, femmes et enfants en âge de comprendre. Et le texte poursuit : À tout le peuple rassemblé, il lut, du haut d’une estrade, pendant toute une matinée, le livre de la loi de Moïse, prescrite par l’Éternel à Israël, tandis que des lévites l’expliquaient au peuple. Cette longue lecture accompagnée des explications des lévites revêt un caractère de grande solennité. Des détails en font foi : Esdras bénit l’Éternel, le grand Dieu, et tout le peuple répondit, en levant les mains: Amen! Amen! Et ils s’inclinèrent et se prosternèrent devant l’Éternel, le visage contre terre. L’importance donnée à ce moment d’après l’exil n’est pas sans éveiller chez nous la mémoire de l’un des principes fondamentaux de la Réforme protestante, le «sola scriptura», l’Écriture seule, porteuse de la Parole de Dieu, seule autorité et seul guide de la vie de foi.
Par ailleurs, dans l’Évangile, Jésus se présente à la synagogue de son village et lit à ses concitoyens un oracle du prophète Ésaïe. Là aussi le moment est solennel : tous ceux qui se trouvaient dans la synagogue avaient les regards fixés sur lui. Alors il commença à leur dire: «Aujourd’hui cette parole de l’Écriture, que vous venez d’entendre, est accomplie».
Même schéma dans les deux textes. Une solennité dans la lecture de la Bible, qu’il s’agisse de la loi de Moïse ou d’un oracle du prophète Ésaïe, tous deux assortis d’explications par des lévites ou par Jésus lui-même.
Aujourd’hui encore, c’est dans la Bible que chaque chrétien(-ne) va trouver l’essentiel de ce qui anime sa vie spirituelle. C’est dans la Bible que tous et chacun, nous allons puiser notre identité propre et le sens de notre vie. C’est à travers l’histoire du Peuple de la première alliance, c’est à travers la vie et la mission de Jésus, c’est à travers la constitution de l’Église comme nouveau Peuple de Dieu que nous trouverons les pistes qui inspireront notre parcours de vie. La Bible sera toujours le guide qui dirige nos vies et l’inspiration ultime de nos attitudes et comportements. Et Antoine Nouis d’ajouter dans son Catéchisme protestant : «Ce que nous trouvons dans la Bible, c’est le Christ et l’appel qu’il adresse à notre vie. Elle est le canal par lequel cette Parole vient jusqu’à nous. Elle est la référence ultime qui nous permet de juger nos paroles, nos actions et nos entreprises.»
De son côté, Calvin avait écrit dans sa préface à La Bible : «L’Écriture Sainte est la voie certaine pour nous guider, afin que nous ne soyons pas vagabonds et errants ça et là tout le temps de notre vie. C’est la vraie règle pour discerner entre le bien et le mal, et nous enseigner au droit service de Dieu, pour n’y point aller à l’aventure, et nous abuser avec le reste du monde après des menus fatras de nulle valeur… C’est la lumière qui nous aborde, ou la lampe qui nous éclaire au milieu des ténèbres de ce monde… C’est l’école de toute sagesse, voire sagesse surmontant tout entendement humain, et que les Anges même ont en admiration. C’est le miroir auquel nous contemplons la face de Dieu, pour être transformés en sa gloire. C’est le sceptre royal par lequel il nous gouverne comme son peuple.» AMEN.
Prédication du 27 janvier 2019 pour le 3e dimanche après l’Épiphanie (C)
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