Mercredi dernier, les anciens et anciennes de l’Église Saint-Pierre se sont penchés sur nos priorités pour la prochaine année pastorale. Nous avions échangé un peu par courriel avant la réunion et ce qui a émergé, c’était notre désir de retrouver toutes les personnes qui nous manquent. Nous pensions particulièrement aux gens que nous ne voyons plus très souvent… ou pas du tout… au culte ou aux activités de ressourcement. Mercredi soir, quelqu’un a remarqué : « Quand il y en a un qui arrive qu’on n’a pas vu depuis quelque temps, tout le monde se réjouit, on court pour lui faire la bise. » On dirait qu’effectivement, parmi nous, il y a plus de joie pour un frère ou une sœur qui a pris ces distances que pour ceux et celles qui sont toujours là… ou presque. Mais il est aussi vrai que nous éprouvions cette même joie pour les « nouveaux venus », ceux qui étaient pendant un certain temps « perdus » ou « orphelins d’Église » et que Christ, notre berger, a conduits jusqu’à nous. Ce sont, en fait, des gens qui nous manquaient avant qu’on le sache.
Nous savons qu’il y en a d’autres qui nous manquent : des gens qu’on ne voit plus et d’autres qu’on n’a pas encore rencontrés mais qui pourraient trouver parmi nous nourriture spirituelle, communion fraternelle et encouragement pour la route. Et le conseil des anciens et anciennes est prêt à tout faire pour les trouver ou les retrouver… comme la femme de la parabole de ce matin qui vire sa maison à l’envers pour trouver une pièce d’argent, une dixième de tout ce qu’elle possède. Dans notre petite communauté, chacune, chacun est précieux. Toi qui es ici ce matin, et toi qui me lis ou me regarde sur Internet, sache combien tu comptes pour nous. Tu es une richesse pour le corps du Christ que nous formons.
Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits. |
Pour ne donner qu’un seul exemple : j’ai beau passer des jours, voire des semaines à préparer des cultes et des activités de ressourcement, lorsque nous nous retrouvons ensemble pour échanger… dans le bureau pastoral après le culte, par exemple, j’en sors toujours enrichie, édifiée. Ma foi serait appauvrie si vous n’étiez pas là tout un chacun. Chacune, chacun de vous est précieux. Sache combien tu comptes pour nous. Ta voix amplifie nos chants, tes prières répandent notre amour, ton sourire égaye nos cœurs, ton accueil, tes réflexions approfondissent notre foi. Il y a des jours où ton sourire, ton câlin, tes idées, tes réflexions, tes passions… peuvent faire toute la différence dans la vie d’un frère, d’une sœur. Ils peuvent même changer le monde. Et c’est à cela que Jésus nous appelle, n’est-ce pas ? À changer le monde… à collaborer à l’œuvre du Christ afin de rendre le monde de plus en plus conforme à la volonté de Dieu… que la volonté de Dieu soit faite sur la terre comme au ciel, prions nous à chaque semaine de concert avec nos frères et sœurs de par le monde.
« Il y a de la joie chez les anges de Dieu pour un seul pêcheur qui se convertit », nous affirme Jésus aujourd’hui. Regardons cette déclaration de près. Souvenons-nous que « pécher » veut dire « manquer la cible ». Pécher, c’est « être à côté de la plaque », si vous voulez. Le péché, c’est ce qui nous éloigne de Dieu, du chemin que Dieu nous trace, des buts et des objectifs, des façons de vivre que Dieu voudrait que nous visions. La conversion, c’est la repentance, un changement du cœur. Ce convertir, c’est changer notre façon de penser et de voir le monde qui amène nécessairement à un changement de comportement, de notre façon d’être. Se convertir, c’est se rapprocher de Dieu et de sa volonté pour nous et pour notre monde.
Si Jésus a voulu faire des disciples, ce n’était pas simplement pour remplir nos temples. Jésus n’avait rien contre des assemblées où l’on prie et l’on chante. Au cours de sa vie, il est allé au temple pour écouter et pour apprendre (Luc 2, 46). Il avait l’habitude d’aller à la synagogue (4, 16). Mais pour Jésus, aller au temple ou à la synagogue temple n’était pas une fin en soi, une activité parmi tant d’autres. Jésus savait d’expérience que l’assemblée des fidèles est un lieu par excellence pour puiser force et courage pour la route. La vie de Jésus était pétrie de l’écoute de la Parole et du chant des psaumes et ces expériences liturgiques ont fait toute la différence dans la vie de Jésus. Dans les Écritures, il a trouvé la force de résister au mal (Luc 4, 1-13) et la sagesse de discerner sa mission (Luc 4, 16-21). Dans les moments les plus sombres de sa vie, c’était dans les psaumes que Jésus a trouvé des mots pour exprimer sa détresse et son angoisse sur la croix (Matthieu 27, 46). La vie de Jésus nous le démontre de différentes manières : le but de tout cheminement spirituel est la transformation du monde… un cœur à la fois.
Un à un, Jésus vient nous chercher… comme un berger recherche une brebis perdue. Dans la parabole qu’il nous raconte ce matin, Jésus nous laisse imaginer l’isolement et la détresse de la brebis coupée du troupeau. Mais la brebis est passive. C’est le berger qui passe à l’action. La brebis est recherchée, trouvée, portée par le berger.
Un jour Jésus m’a conduit jusqu’ici. Bon, je savais que j’étais un peu… pas mal… perdue dans la vie. Mais je ne savais pas… du moins consciemment… que c’était parce que je m’étais tant éloignée de Dieu et de sa volonté pour ma vie… et pour le monde que Dieu m’avait confié. Je ne savais pas que c’était une communauté de foi qui me manquait. Un jour, Jésus m’a conduit ici et depuis, par la grâce de Dieu, beaucoup de choses ont changé dans ma vie… dans mon cœur, dans ma façon de penser, dans ma façon de voir, de vivre et d’être dans le monde. L’extrait du livre d’Ésaïe que nous venons d’entendre en est un auquel je reviens constamment. Ce texte me rassure quand, ma vie personnelle quand j’ai l’impression que les eaux sont sur le point de me submerger complètement. Et il m’aide à garder espoir quand je regarde l’état du monde. À l’époque d’Ésaïe, les gens avaient abandonné Dieu. Sa justice n’était pas leur priorité, les dirigeants cherchaient la sécurité dans des alliances avec un pays ou l’autres, ils manigançaient, étaient malhonnêtes et négligeaient les plus pauvres et les plus vulnérables de la société… un peu… pas mal comme aujourd’hui, quoi? Par la bouche du prophète Ésaïe, Dieu nous promet que son amour pour nous triomphera sur tout ! Hier, aujourd’hui et demain. Ça m’aide à ne pas être totalement découragée… à faire quelques pas de plus sur le chemin.
À la retraite la fin de semaine dernière, j’ai été frappée, édifiée et encouragée par nos partages. Nous étions unanimes : nous laisser pétrir par les Écritures, les chants et la prière de la tradition chrétienne nous aide à traverser les déserts de nos existences, à combattre le mal en nous et autour de nous : l’anxiété, la détresse, le stress, le désespoir qui nous guettent sur le plan personnel, tout comme les systèmes d’injustice et d’oppression dans lesquelles nous sommes pris collectivement. Tous les participants-es à la retraite reconnaissaient que leur foi, combien notre foi, leur relation personnelle avec Dieu en Jésus Christ, les avait sauvés… et plus d’une fois à part ça! « N’aie pas peur, je t’ai libéré, je t’ai appelé personnellement, tu m’appartiens. Quand tu traverseras l’eau, je serai avec toi; quand tu franchiras les fleuves, tu ne t’y noieras pas. Quand tu passeras à travers le feu, tu ne t’y brûleras pas, les flammes ne t’atteindront pas. Car moi, le Seigneur, je suis ton Dieu, moi, le Dieu saint d’Israël, je suis ton sauveur. » Parole du Seigneur! Et combien de foi le Seigneur a-t-il tenu parole pour chacun et chacune de nous ?
En même temps, pour soutenir et approfondir notre relation personnelle avec Dieu, il est essentiel d’avoir une communauté. « L’union fait la force » dit l’adage. Dans l’Église on pourrait dire la communion fraternelle (sororale) fait la force ! Ça aussi, nous l’avons répété à plusieurs reprises pendant notre retraite la semaine dernière.
Et là, j’ai un autre exemple très concret tiré de la vie de notre communauté. J’avais entendu parler de « La grève pour la planète ». Comme chrétienne qui confesse que nous sommes appelés « à vivre avec respect dans la création », je me disais qu’il fallait bien que je me joigne aux marcheurs le vendredi 27 septembre prochain. On en a parlé mercredi dernier et j’ai appris que plusieurs autres membres de notre communauté de foi avaient l’intention d’y participer eux aussi. Maintenant, je suis plus motivée que jamais. L’idée de nous retrouver en gang pour réclamer une repentance collective – un changement du cœur et de comportement planétaire – me remplit d’une grande joie.
Retrouver la solidarité, retrouver l’espérance, retrouver de l’élan… comme retrouver une brebis ou une pièce d’argent égarée… c’est une source de réjouissances. Cette joie, on ne peut pas la garder pour soi. Comme le berger qui a retrouvé sa brebis, comme la femme qui a retrouvé sa pièce d’argent, il faut toujours inviter nos amis-es, nos voisins /voisines à partager notre joie. Qui sait, un jour, à leur tour, par la grâce de Dieu, ils nous inviteront à nous associer à leur joie d’avoir trouvé ce qu’ils cherchaient intensément… peut-être même sans le savoir.
Frères et sœurs, il y aura de la joie dans le ciel et sur la terre pour toute enfant de Dieu qui se laisse trouver se convertit… change son cœur, sa pensée, sa façon de vivre et d’être. Alors, avec l’aide de Dieu et par sa grâce, ne ménageons pas nos efforts pour trouver les frères et sœurs qui nous manquent. Toi qui es ici aujourd’hui, et toi qui me lis ou me regarde sur Internet, sache combien tu comptes… pour nous… et pour Dieu.
Au plaisir d’avoir la joie de vous retrouver parmi nous le plus souvent possible… pour la gloire de Dieu et la transformation du monde. Amen.
15 septembre 2019 – 14 Pentecôte C19 – Église Unie Saint-Pierre et Pinguet
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