Notre lecture est une histoire de moments tournants.

C’est une histoire sur la façon dont les cœurs brûlants ont amené deux personnes à atteindre un moment tournant dans leurs vies.

Et je l’adore parce que cette histoire me semble bien réelle.

C’était ce même jour…

Attendez, quel jour était-ce?

Le premier jour de la semaine, le jour où les femmes étaient allées au tombeau pour prendre soin du corps, le jour où elles avaient trouvé la pierre déjà roulée.

Ce même jour, le jour où les deux Marie ont essayé de convaincre les disciples qu’elles avaient vu quelque chose de miraculeux.

Le même jour, le jour où l’histoire de ces femmes avait semblé être une histoire farfelue.

C’est ce même jour que deux disciples de Jésus marchaient vers Emmaüs, un voyage de pas plus de quelques heures.

Ils avaient laissé leur groupe d’amis en confusion. Vendredi journée horrible; le jour du sabbat : terriblement long, et maintenant, le corps avait disparu. Volé? Ressuscité? … Seulement le conte farfelu de certaines femmes

Certains craignaient que les autorités ne les arrêtent, alors ils ont barré la porte.

Pierre a décidé d’aller au tombeau pour voir par lui-même. Marie-Madeleine n’était pas encore revenue.

Ce même jour, ces deux personnes ont décidé que c’était assez. Ils se rendaient dans un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem.

Une des questions qui se pose dans ma tête est « Qui étaient ces deux personnes ? »

L’un est nommé et l’autre ne l’est pas.

Et parfois, souvent, si quelqu’un n’est pas nommé, c’est parce qu’elle est une femme.

Nous ne savons pas avec certitude, et nous ne le saurons jamais, mais certains chercheurs bibliques spéculent que les deux sur la route étaient Cléopas et sa femme Marie.

Dans l’évangile selon Jean nous trouvons : debout près de la croix de Jésus se trouvaient sa mère, et la sœur de sa mère, Marie, l’épouse de Cléopas, et Marie de Magdala.

Alors, peut-être que Marie, la femme de Cléopas, était au tombeau le matin. Et peut-être qu’elle était un peu fâchée que son mari ne la croie pas.

Et peut-être que Cléopas, le mari de Marie, voulait que sa femme sorte de cette situation dangereuse. Peut-être qu’il cherchait la sécurité.

Je n’avais jamais pensé que les deux sur la route pouvaient être mari et femmes, deux personnes dont la vie avait été radicalement changée par leur rencontre avec Jésus. Peut-être que leur relation de couple a été mise en danger.

Ce même jour, ils ont tous deux quitté Jérusalem et se sont dirigés vers leur domicile, se parlant de tout ce qui s’était passé.

Eh bien, j’utilise le mot parler.

Le mot grec signifie littéralement une respiration difficile. Ils étaient dans une discussion animée, je pense. Et dans le verset suivant, parler et discuter… cela signifie littéralement contester. Ces deux-là étaient très impliqués dans une divergence d’opinions. C’était plus qu’une discussion. C’était une DISCUSSION. Marie et Cléopas étaient tellement impliqués qu’ils n’ont pas remarqué un étranger qui s’est approché et est parti avec eux.

Ils étaient tellement impliqués que leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître.

Parfois nous aussi nous sommes tellement absorbés, non? Quand quelque chose de grand se passe dans nos vies, nos émotions prennent le dessus. Nous ne sommes plus capables de penser clairement.

De quoi parliez-vous? dit l’étranger.

Les deux s’arrêtent, se tournent vite et réalisent soudain qu’il y avait quelqu’un d’autre avec eux. Leurs yeux étaient probablement rouges à cause des pleurs. Ils étaient peut-être un peu gênés que leur « discussion » ait été entendue. Ils avaient peut-être un peu peur que ce soit quelqu’un des autorités venu les arrêter.

Et dans un coup de maître d’ironie, Cléopas dit à Jésus : « Es-tu le seul habitant de Jérusalem qui ne connaisse pas ce qui s’est passé ces derniers jours ? » —

Cléopas demande à Jésus s’il a remarqué qu’il avait été crucifié!

Peut-être avec un léger sourire, Jésus les encourage: Quoi donc ?

Et dans l’une des répliques les plus tristes de toute l’histoire, Cléopas et Marie admettent: « Nous avions l’espoir qu’il était celui qui devait délivrer Israël. »

Peut-être en essayant de regagner la faveur de Marie, Cléopas dit : « Quelques femmes de notre groupe nous ont étonnés, il est vrai. Elles …  n’ont pas trouvé son corps. Elles sont revenues nous raconter que des anges leur sont apparus et leur ont déclaré qu’il est vivant.

Gens sans intelligence… idiots! Dis l’étranger.»

Et doucement, en marchant, Jésus leur enseigne à nouveau que l’amour est plus fort que la haine, que la vie est plus forte que la mort et qu’il n’y a rien qui puisse nous séparer de l’amour de Dieu.

Et ils ont commencé à avoir des cœurs brûlants.

Mais encore, ils ne l’ont pas reconnu.

Et je dirais que c’est bien normal. Quand quelque chose d’important se produit, quelque chose de Dieu, je reçois des signes. Il y a des picotements à l’arrière de mon cou. Il y a une fuite dans mes yeux. Il y a un sentiment que l’air a changé.

Mais plus fréquemment, quand je suis impliquée dans une situation, je suis trop concentrée sur la tâche pour réaliser ce qui se passe.

Et c’était comme ça avec eux, Cléopas et Marie. Ils n’ont pas vraiment reconnu ce qui se passait. Une fois arrivé chez eux, l’étranger a marché un peu. Marie et Cléopas ont repris leurs esprits. S’il vous plaît, entrez, mangeons ensemble.

L’hospitalité au milieu du deuil, de l’épuisement et de la peur.

Peut-être était-ce alors qu’ils se mettaient à se comporter comme Jésus leur avait enseigné qu’ils réalisaient ce qui se passait.

C’était peut-être quelque chose dans la façon dont les mains de l’étranger tenaient le pain.

Ils l’ont reconnu. Ils ont reconnu leur Seigneur.

Et ils ont atteint leur moment tournant.

Ils ont quitté leur maison et se sont précipités vers Jérusalem, vers la confusion, vers le danger, cette fois avec la confiance des cœurs brûlants.

Ils ont retrouvé les disciples, derrière une porte barrée. Et ils ont raconté ce qui s’était passé sur la route, et comment, lors de la rupture du pain, Jésus leur avait été révélé. Et Jésus les a rejoints… Que la paix soit avec vous, dit-il

Parfois, nous nous efforçons tellement de nous éloigner de quelque chose que nous ne voyons pas les signes le long du chemin. Parfois, nous avons tellement peur que nous empêchions ceux et celles que nous aimons d’apprendre la vérité; la vérité qui ferait une grande différence dans leurs vies. Parfois, nous avons juste besoin de prendre un peu de distance.

Tout ce dont Marie et Cléopas avaient besoin était fourni lors de la rupture du pain. Jésus les a rencontrés à leur moment tournant.

Nous aussi, nous faisons face à un moment tournant. Est-ce que ce temps de crises nous offre une opportunité de faire un vrai changement pour le mieux plutôt que de revenir aux affaires comme d’habitude?

Vers quel changement sommes-nous appelés? Est-ce qu’en sortant de notre isolement, nous allons faire face à la sécurité d’Emmaüs, ou à quelque chose d’inconnu, à Jérusalem?

Que Dieu nous bénisse de la sagesse de reconnaître Jésus au milieu de nous et du courage de faire face à nos propres moments tournants. Que Dieu nous entoure d’amour.