Courage, n’ayez pas peur !

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

« Courage, c’est moi, n’ayez pas peur ! » Au cœur de la nuit, lorsque la tempête fait rage et les vagues menacent de tout engloutir, quand on ne voit plus clair du tout, aujourd’hui comme hier, Jésus s’avance vers ses disciples et dit : « Courage, c’est moi, n’ayez pas peur ! »

Il y a bientôt deux mille ans, Matthieu écrivait ses mots à une communauté qui avait mis sa foi en Jésus. Ces gens croyaient que le Ressuscité – qui les avait quittés pour un certain temps – allait revenir les sauver une fois pour toutes. Ils croyaient que Jésus allait établir son règne afin de délivrer les siens de toute forme de tyrannie, d’oppression, d’asservissement ou de captivité. Mais le Christ tardait à revenir… et les tyrans continuaient à faire leurs ravages. Aujourd’hui, ne sommes-nous pas dans le même bateau (l’un des plus anciens symboles de l’Église du Christ) ? Pendant une bref période – jusqu’au milieu des années 60 à peu près – avec le Christ comme capitaine, nous nous croyions invincibles presque. Les premiers disciples, eux aussi, devaient se sentir pas mal forts. Quand nous les rejoignons dans la barque ce matin, souvenez-vous, ils viennent tout juste d’aider Jésus à nourrir des milliers et des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants. Ils devaient avoir le vent dans les voiles. Un peu comme l’Église des années soixante justement. Mais face à toutes les menaces dans le monde – hier comme aujourd’hui – c’est à se demander si la communauté des disciples de Jésus n’est pas trop petite et trop impuissante. À regarder la situation actuelle, force nous est de constater que notre petite barque se trouve en eaux troubles, dans un environnement sociopolitique qui nous est hostile. Les vagues de divers scandales se déchainent, les soucis financiers et les lourdeurs institutionnelles risquent de nous faire couler. Aujourd’hui comme hier, les disciples se demandent parfois si le Christ ne les a pas abandonnés complètement, les laissant seuls à accomplir une traversée qui paraît perdue d’avance.

Ô Christ, Fils de Dieu, où es-tu quand la tempête fait rage ? Je soupçonne qu’il n’y a pas un disciple qui ne s’est jamais posé la question. Cela nous arrive à nous tous et toutes à un moment ou l’autre dans notre vie, n’est-ce pas ? Nous allons notre chemin dans la vie, le vent dans les voiles, convaincus que le Seigneur est avec nous… ou du moins… pas loin devant… et que nous avançons dans la bonne direction. Et tout à coup un vent contraire se lève, un malheur nous arrive… et peut-être même deux ou trois de suite… et nous avons peur de perdre complètement le contrôle, d’être engloutis par les vagues qui déferlent sur nous. Nous perdons le nord. Où est Jésus quand la tempête fait rage ?

Levons les yeux ! Le voilà qui marche sur les eaux ! Une image vaut mille mots ! Jésus, comme Moïse avant lui, délivre les siens des eaux qui auraient pu les submerger complètement. Mais Jésus fait plus que traverser la mer à pied sec. Il marche sur les eaux. Il commande les forces de la nature. Il n’est nul autre que le Fils de Dieu. Son pouvoir n’est pas une force militaire ou politique… mais la puissance de Dieu… la force de la création… et de la recréation. Avec la puissance de Dieu qui a tout créé par un souffle ténu sur les eaux de l’abime, Jésus s’avance sur les eaux troubles de nos existences et nous dit : « Courage, c’est moi, n’ayez pas peur ! »

Et n’y a-t-il pas un peu de Pierre dans chacun-e de nous : « Seigneur, si c’est toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux ! » Et Jésus de répondre : « Viens ». Sans s’arrêter pour y penser, Pierre descend de la barque et il marche sur les eaux, lui aussi. Oui les disciples ont en eux le pouvoir de faire tout ce que fait leur maître ! Mais là aussitôt sortie de la barque – de sa zone de confort – la tête prend le dessus sur l’élan de son cœur. Pierre quitte Jésus des yeux. Il voit comment ça brasse autour de lui… imagine sans doute toutes sortes de scénarios catastrophes… et, pris de peur, Pierre… le roc… commence à couler.

Nos peurs… ces monstres marins qui nous menacent dans la nuit… nous effrayent souvent plus que les vents contraires. Nous avons peur des autres… peur qu’ils voient et jugent nos faiblesses, nos échecs, nos doutes. Nous avons peur d’un passé difficile à assumer ou d’un avenir trop incertain. Nous avons peur de changer. Nous avons peur de ne pas changer. Nous avons peur de déranger. Nous avons peur de ne pas être à la hauteur, d’être insignifiants. Il est vrai : la peur a fait couler bien des chrétiens et chrétiennes… des individus et des communautés tout entières. Seigneur, sauve-moi ; sauve-nous… de nous-mêmes ! Si seulement tout le monde pouvait faire comme Pierre : saisir la main de Jésus pour rembarquer dans la barque.

« Homme de peu de foi…pourquoi as-tu douté ? » Ici on voit bien le désavantage du texte écrit…avec des paroles comme celles-ci, le ton de la voix change tout. Comment entendez-vous ces paroles de Jésus ? Comme une réprimande ? Homme de peu de foi… pourquoi as-tu douté ? Jésus aurait toutes les raisons au monde d’être déçu de Pierre, comme de nous, n’est-ce pas ? Toutefois, imaginons un instant que Jésus dit ces mots sur un ton plus tendre. Homme de peu de foi…pourquoi as-tu douté ? Se peut-il que Jésus taquine Pierre un peu… qu’il éclate de rire même en voyant Pierre, tout trempe, remonter dans la barque ? Ça dédramatiserait la situation…

Et là j’ai envie de dire à Pierre ainsi qu’à tous les Pierre et les Pierrette parmi nous : C’est pas grave ! De toute façon, pourquoi as-tu voulu marcher sur les eaux ? Est-ce cela, marcher dans les pas du Christ ? Suis-le du regard, tu verras que ce qui lui importe. Regarde, là-bas. Il est déjà sur l’autre rive… entouré de gens dans le besoin. Il traverse la foule comme il a traversé le lac… apaisant les tempêtes personnelles de tout un chacun. Tout le monde qui s’approche, le touche… même du bout des doigts… est sauvé ! Tout le monde ! Ici, le salut qu’apporte Jésus n’est pas conditionnel à une confession de foi préalable. Et le ministère de Jésus a un impact non seulement sur la destinée des gens (dans un avenir plus ou moins lointain), mais aussi sur la vie actuelle… là où ils ont les pieds et vont leur chemin au quotidien. Quiconque s’approche de lui dans l’intimité est soulagé, délivré par la seule compassion du Fils et la grâce de Dieu.

Tous furent sauvés – diasozo en grec. Dia signifie « à travers », sozo veut dire « sauvé de péril, de danger, de souffrances ; délivrer de peines, d’ennuis. » Ceci m’amène à voir que le Fils de Dieu ne prévient pas tous les dangers, mais il est la puissance créatrice de Dieu qui nous conduit à la vie toujours nouvelle et éternelle à travers nos peurs, nos doutes et tous les dangers qui nous guettent individuellement et collectivement. C’est pour cela qu’il est venu. Et c’est ce à quoi il nous appelle… pas grave si on commence à couler en essayant de marcher sur les eaux ! L’histoire ne finit pas là !

Disciples de Jésus, par la grâce de Dieu, nous avons en nous le pouvoir de faire les œuvres que le Christ a faites. Nous pouvons marcher dans ses pas. Allons à la rencontre des gens dans le besoin. Tendons-leur la main pour les aider à traverser leurs peurs, leurs doutes et leurs souffrances. Que toutes et tous soient sauvés, par la grâce de Dieu. Courage, n’ayons pas peur. C’est Jésus qui nous précède sur tous nos chemins. Amen.

LECTURE BIBLIQUE

Matthieu 14, 22-36

Un commentaire

Ajouter un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *