Pendant quarante jours le Christ ressuscité se présente à ses disciples et leur parle du règne de Dieu, il leur parle de la vie abondante qui surgit là où Dieu règne, là où sa volonté est faite sur la terre comme au ciel. Jésus leur parle du règne de Dieu et eux de demander : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? » Quelle question percutante ! Elle fait l’effet d’une bombe à la lumière des affrontements qui perdurent à Jérusalem depuis… depuis des générations. Quoi faire aujourd’hui ? Dans un appel à l’action l’Église Unie nous exhorte à continuer à prier, à militer pour la paix pour toutes et tous. Dans le fond, qu’il s’agisse des affrontements à Jérusalem, de la crise écologique ou des défis auxquels nous faisons face dans nos vies de tous les jours, tout ce qui nous est demandé, c’est d’être témoins du Christ, là où nous avons les pieds.
C’est certain que nous avons parfois l’impression que nos efforts ne pèsent pas lourd dans la balance cosmique, mais avec l’aide de Dieu, nous verrons qu’ensemble, nous couvrons beaucoup de territoire et que, dans la puissance de l’Esprit saint, nous pourrons même transformer le monde. Comme l’extrait des Actes que nous venons d’entendre nous le démontre, un simple changement de regard peut faire toute la différence.
« Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? » Bon, nous n’attendons peut-être pas le rétablissement du royaume pour Israël. Mais, comme les premiers disciples, ne nous arrive-t-il pas de souhaiter le retour « du bon vieux temps » ? (Ce temps qui n’était peut-être pas aussi bon que ça au moment où on l’a vécu mais qui sera éternellement magique dans notre imaginaire). Nous n’avons qu’à penser à ce fameux « retour à la normale » tant attendu. Seigneur, maintenant que la campagne de vaccination bat son plein, est-ce le moment où nous pourrons enfin reprendre nos activités familiales et sociales, retourner au temple, recommencer à voyager, à aller au resto, à circuler librement au centre d’achats ? Le rêve, quoi !
Mais le règne de Dieu dont parle Jésus n’est pas le retour à notre vie d’avant. C’est l’avènement d’un temps radicalement nouveau pour la terre entière. C’est ça, le rêve. C’est ça qu’il ne faut pas perdre de vue. C’est à ça que nous aspirons vraiment, n’est-ce pas ? Depuis bien avant la pandémie, nous aspirons à vivre et à faire Église autrement.
C’est très humain, lorsqu’on a vécu longtemps sous l’oppression, dans le manque, la souffrance ou la peur, de se replier sur soi-même, de se recroqueviller en attendant une délivrance. Par compassion, le Christ vient se tenir au milieu de ses disciples… au cœur de leur souffrance et de leurs peurs. Il n’essaie ni d’invalider ni d’escamoter ce qu’ils vivent. Il cherche plutôt à les amener à le dépasser en levant les yeux… question d’élargir leurs horizons :
Jésus leur répondit : « Il ne vous appartient pas de savoir quand viendront les temps et les moments, car le Père les a fixés de sa seule autorité. Mais vous recevrez une force quand l’Esprit saint descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’au bout du monde. » Après ces mots, Jésus fut élevé vers le ciel pendant que tous le regardaient ; puis une nuée le cacha à leurs yeux. (v. 7-9).
Ainsi, aujourd’hui, comme hier, les disciples – ceux et celles qui ont le regard fixé sur le Christ – sont inévitablement amenés à lever les yeux. Le Christ nous entraine à nous tourner vers le ciel… à viser le règne de Dieu, les deux pieds sur terre mais le regard transformé à tout jamais. Rien ne sera plus comme avant !
« Gens de Galilée, de la grande région de Québec, des Laurentides, de la Montérégie, de Saint-Nazaire, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? » Lever les yeux vers le ciel, ne signifie pas pour autant détourner notre regard du monde que Dieu aime tant. Cela signifie s’ouvrir à puissance de l’Esprit qui descend sur nous et nous transforme, là où nous avons les pieds…. Mais si on s’ouvre à cette puissance, ce n’est pas pour faire du sur place. Par l’œuvre de l’Esprit, les disciples « les élèves » deviennent les apôtres « les envoyés » du Christ jusqu’aux extrémités de la terre.
Nous ne voyons pas le Christ de nos yeux, mais, par le don de l’Esprit, il est présent partout. Il est la puissance qui nous propulse dans le monde. Cette puissance nous donne un élan nouveau, pour aller à la rencontre des gens – au-delà des frontières, des barrières et des limites que la peur aurait érigées. Cette puissance fait de nous des témoins du Christ. Et à l’instar du Christ, cette puissance nous donne non seulement de parler du règne de Dieu mais de l’actualiser, de l’incarner dans notre manière de vivre avec respect dans la création, dans notre manière d’aimer et servir les autres, comme dans notre manière de rechercher la justice et de résister au mal. C’est ainsi que nous proclamons le mieux Jésus crucifié et ressuscité.
Chers théophiles, amis-es de Dieu, visons le ciel. Et que la volonté de Dieu soit faite ici où nous avons les pieds. Par la grâce de Dieu, que l’Esprit Saint agisse en nous avec puissance et fasse de nous de véritables témoins du Christ… non seulement par nos paroles…mais aussi par nos actes…
Comme les premiers apôtres, nous ne verrons probablement pas l’étendue de l’impact de nos actes sur le monde… mais du ciel tout est mis en perspective. C’est toujours le temps d’être témoins du Christ, d’œuvrer pour l’avènement d’un temps radicalement nouveau, le règne de Dieu qui est déjà là… partout où des hommes et des femmes, par la grâce de Dieu et dans la puissance de l’Esprit Saint, bâtissent un monde nouveau selon la volonté éternelle de Dieu. Amen.
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