Ce matin, je vous viens en direct de la Baie-des-Chaleurs. Nous sommes bien… très bien même dans notre maison à Québec mais, après des mois de confinement, quelle joie de nous retrouver dans un si bel endroit. Quelle bénédiction d’avoir non pas une… mais deux maisons plus que confortables… deux maisons qui seraient de véritables palaces pour la vaste majorité de la population mondiale. De plus, ici, comme à Québec, nous vivons en paix avec nos voisins et n’avons jamais connu la guerre ou la famine. Je suis tellement reconnaissante et je me demande ce que je peux offrir à Dieu pour lui rendre grâce pour tous ses bienfaits.
En lisant l’extrait du deuxième livre de Samuel pour aujourd’hui, je me suis dit que c’est sans doute ce que ressentait le roi David quand il a pu s’installer dans sa maison et trouver enfin la sainte paix. Il devait se sentir particulièrement béni. Il n’était qu’un simple berger, Dieu a fait de lui un roi d’une grande renommée. David sait – et le prophète Natan le confirme – que Dieu a été avec lui partout où il est allé. Et David veut faire quelque chose… quelque chose de grand… pour bénir Dieu qui est si grand. David a sa maison, ne serait-il pas juste et bon que le Seigneur ait sa maison, un temple à lui ?
Et la réponse… c’est non. Dieu qui a tout créé, Dieu qui est notre refuge de génération en génération n’a pas jamais demandé qu’on lui construise un temple.
Notre Dieu chemine avec nous. Le Seigneur est éternellement sur la route avec nous… au cœur de nos combats comme de nos temps de repos. L’Éternel ne sera pas confiné à nos structures. Dieu ne se laissera enfermer ni dans nos lieux de culte construits de briques ou de bois, ni dans nos Manuels, nos procédures et nos pratiques fabriqués de toutes pièces. Nous qui sommes habités par l’Esprit saint, nous formons toutes et tous ensemble, le seul temple dont Dieu a besoin : le peuple qui constitue l’Église et qui est appelé à célébrer la présence de Dieu, à aimer et à servir les autres, à rechercher la justice et à résister au mal.
Pourtant, même si Dieu n’a pas besoin d’un temple, nous, son peuple, nous en avons besoin, n’est-ce pas ? J’ai beau apprécier la technologie et tout ce que Zoom nous a permis de faire au cours des derniers mois, après plus de 16 mois de cultes sur Zoom, il était si bien de nous retrouver ensemble pour notre pique-nique au début du mois. La foi chrétienne est une foi incarnée. Nous avons besoin de lieux où nous retrouver en personne pour vivre notre foi avec tout notre corps. Une tente, ça suffisait peut-être dans le désert du Sinaï entre l’Égypte et Jérusalem mais c’est moins ça pour rassembler du monde au Québec n’est-ce pas ? Pour célébrer ensemble la présence de Dieu, nous avons besoin d’un abri chauffé et mieux isolé. Nous avons besoin d’un lieu accueillant pour les chercheurs et les chercheuses de Dieu. Oui, on peut louer Dieu n’importe où, mais quelqu’un qui « magasine » une communauté de foi trouverait sans doute un culte dans une maison privée un peu, pas mal intimidant comme premier contact. Et un culte dans un centre communautaire… ou un centre d’achat… pas tellement inspirant comme ambiance.
Notre Dieu est un Dieu de relations. Et c’est Dieu qui prend l’initiative de la rencontre, de la proximité. Aujourd’hui, Dieu affirme que c’est lui qui donnera une maison à David et non l’inverse. Et Dieu lui donnera plus qu’une maison, en fait. Dieu lui donnera une descendance, une famille. Pour Dieu, ce sont les liens qui nous unissent comme enfants d’une même famille, qui importent. Dieu va bâtir une maison non pas de bois ou de pierre mais une maison de chair! Ce que Dieu désire, c’est être un Père pour la descendance de David. Dieu donne à David et à sa descendance une place dans l’histoire du salut, l’histoire d’amour entre Dieu et son peuple.
C’est ce que Dieu nous offre de plus précieux, à chacun et à chacune de nous, une place parmi ses enfants. Une place dans l’histoire d’amour entre Dieu et son monde. Son monde, Dieu l’aime tant que Dieu n’en pouvait plus d’être séparé de nous. Dieu est venu « planter sa tente parmi nous » (Jean 1, 14). En Jésus Christ, Dieu est avec nous dans nos luttes comme dans nos temps de repos. Le Christ nous unit comme membres d’une seule et même famille humaine. C’est grâce au Christ que « les uns et les autres, dans un seul Esprit, nous avons l’accès auprès du Père. Ainsi, nous sommes de la famille de Dieu. Le Seigneur demeure en nous » (Éphésiens 2, 18-21). Dieu nous a donné une famille. Nous ne sommes pas seuls… même si nous sommes veuf / veuve ou célibataire, orphelin ou enfant unique.
Bien avant la pandémie, on parlait de la solitude et l’isolement comme un fléau dans nos sociétés occidentales. Alors que nous commençons à renouer avec nos proches, n’oublions pas ceux et celles autour de nous qui vont continuer à souffrir de solitude. Et n’oublions pas ce que Dieu nous appelle à vivre ensemble en réponse à sa générosité à notre égard. Notre famille, tissée de liens d’amour divin et de solidarité fraternelle, voilà ce que nous avons de plus précieux à offrir pour rendre grâce à Dieu qui a pris l’initiative, en Jésus Christ, d’être avec nous au cœur de nos luttes et de nos temps de paix. Nous qui sommes tellement bénis…mêmes dans nos moments les plus difficiles… rendons grâce à Dieu qui aime tellement son monde. Faisons tout notre possible pour offrir à Dieu ce que nous avons de plus précieux… et la seule chose que Dieu demande de nous : une seule famille universelle où chacun et chacune à sa place, une famille liée par les liens de l’amour fraternel, de la sollicitude solidaire, une famille tricotée serrée de sorte que personne ne soient exclue de la vie abondante qui est nôtre en Jésus Christ et par la grâce de Dieu. Amen.
LECTURES BIBLIQUES
2 Samuel 7, 1-14a
Éphésiens 2,11-22
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