Nous avons vu son astre à l’Orient et nous sommes venus lui rendre hommage.
Matthieu 2,2
Intrigant récit que celui de ces Mages venus de l’Orient rendre hommage au roi des Juifs qui vient de naître. Quand nous l’entendons il est difficile de faire abstraction des représentations artistiques qui en ont été faites autant que des traditions et de légendes, souvent merveilleuses, qui s’y sont surimposées au fil du temps. Il y a comme une atmosphère fantastique qui entoure ces voyageurs, des chercheurs de cette époque : astrologues scrutant la mécanique céleste, magiciens canalisant l’énergie vitale, intellectuels en quête de compréhension; l’équivalent, pour ce temps, de nos astronomes et scientifiques contemporains, de nos sociologues, philosophes et mystiques.
Intrigant aussi que les Églises du Moyen-Orient offrent ce texte à notre méditation en cette Semaine de prière pour l’unité. Nous savons combien les populations de cette partie du monde sont affligées au niveau social et économique, les chrétiens y subissant de plus des persécutions parfois violentes en raison de leur foi. Leur choix de ce passage biblique n’est sûrement pas un hasard : ce texte est, en quelque sorte, l’étoile qui s’est levée, que les Églises d’Orient nous invitent à suivre pour découvrir, au pied de l’Enfant qui vient de naître, notre unité qui est toujours à renaître. Au cœur des douleurs et des vicissitudes de la vie, en profondeur, tel un puits enfoui sous les sables, il y a une source souterraine intarissable, le mystère de l’existence et, pour qui a reçu le don d’y être réceptif, le sacré, la Sainte Présence.
L’Église primitive a été grandement influencée par la vie et la spiritualité des chrétiens du Moyen-Orient et d’Afrique. Avec le passage et l’usure du temps, des conflits géopolitiques autant que théologiques, cet apport d’une immense richesse a été comme occulté, voilé par une conception plus centralisatrice et autoritaire du témoignage de l’Église, essentiellement occidentale. Le mouvement œcuménique du 20e siècle a ouvert une brèche qui nous permet de retrouver, après un voyage millénaire, une approche de l’unité qui valorise la pluralité du vécu et la diversité des expressions. Nous pouvons déceler dans le texte de Matthieu proposé par les Églises du Moyen-Orient diverses prémisses qui valident notre expérience spirituelle propre et affirment notre unité fondamentale. Ce texte devient d’une certaine façon un récit initiatique qui nous oriente, dont les éléments particuliers renvoient à des réalités universelles, d’une valeur permanente, qui ne sont rattachées ni à un lieu ni à une culture spécifique. En voici quelques-uns.
Les Mages sont des observateurs qui ne se contentent pas de vivre de façon superficielle : ils sont à l’écoute du monde et du cosmos, disponibles à l’inédit – l’apparition d’un astre – qui conduira leur recherche. Ils sont essentiellement guidés par leur quête du sacré, la Lumière de la vérité qui resplendit dans les ténèbres.
Les Mages tiennent leur unité d’un commun désir et d’une semblable rencontre de l’objet de leur quête, le divin. Chacun a son identité propre, est porteur d’un don particulier; dans l’hommage – l’adoration – le don devient un présent offert à l’enfant de Lumière. Chacun d’eux repartira à la fois délesté de son présent mais aussi enrichi hors de toute mesure par le contact lumineux avec le règne de Dieu. C’est là leur seule et véritable royauté, tout comme nous d’ailleurs.
Les Mages interagissent avec les autorités de ce monde avec circonspection; ils ne sont pas dupes de la soif du pouvoir ni de la démesure politique orgueilleuse et violente, dissimulées sous des discours mielleux. Ils discernent et, sans confrontation stérile, partent par un autre chemin, celui de l’agir du règne divin.
Il y a bien d’autres éléments que vous pouvez identifier aussi. Je ne saurais mieux conclure qu’en reprenant quelques extraits de l’Introduction au thème de l’année 2022 rédigé par le Conseil des Églises du Moyen-Orient »
L’Étoile est un don, un signe de la présence aimante de Dieu pour toute l’humanité…
Les Mages sont un symbole de la diversité des peuples connus et de l’universalité de l’appel divin qui se révèle dans la lumière de l’étoile brillant à l’Orient.
La quête ardente du roi nouveau-né, est le symbole de la faim de vérité, de bonté et de beauté de l’humanité qui aspire à rendre hommage au Créateur – mystère de l’incarnation pour le salut.
L’Unité de toutes les nations dans la diversité des cultures mais portées par la même faim de voir et connaître Dieu, le roi nouveau-né et de lui rendre hommage.
La foi des croyants est un signe comme l’étoile pour partager le Christ; c’est dans son humanité que Dieu réalise l’unité.
Poursuivons notre prière avec les mots et dans la sensibilité de nos sœurs et frères du Moyen-Orient, et célébrons l’unité qui est nôtre au pied de l’Enfant de lumière. Amen.
2 commentaires
Salut cher Dénis, ce fût un plaisir de lire ta prédication sur la journée de l’unité chrétienne. En Côte d’Ivoire, j’ai aussi délivré une prédication dans ma communauté religieuse ( église méthodiste unie de Korhogo sise au nord de la Côte d’Ivoire ) à la faveur de cette journée. L’ esprit de Dieu m’a conduit à méditer sur l’exemple d’unité des mages d’orient venus adorer le sauveur de l’humanité. L’une de mes notes pertinentes issues de cette méditation fut l’excellence d’ une unité dans l’action commune positive qui est basée sur la complémentarité des parties prenantes. Les mages l’ont matérialisé par l’absence d’uniformité de leurs présents significatifs et complémentaires offerts ( Or, Encens, Myrrhe).
Omer De Lasme
Bonjour Omer. Oui, un même Esprit qui suscite le foisonnement des dons et la diversité des expressions. Merci de nous rappeler l’universalité du Corps du Christ, à l’exemple des mages. Meilleures salutations à toute la famille de la part de vos frères et sœurs de St-Pierre et Pinguet.