Pierres vivantes… solides comme le roc

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

Depuis des semaines nous parlons de pierres… et nous avons déposé autour de la croix sur la table de communion des pierres aussi variées que nous le sommes. Il y en a qui ont l’air bien ordinaires mais qui sont tout de même précieuses. Une pierre, ça peut être utile… et ça peut aussi faire ben mal. Une pierre peut nous donner un point d’appui comme ça peut être une occasion de chute. Et la plupart des pierres sont tout ça à la fois.

Simon Pierre en est un bon exemple. Il croit dur comme fer que Jésus a le pouvoir de le faire marcher sur les eaux… mais quand le vent se lève, Pierre cale comme une roche. (Matthieu 14, 22-33). Pierre reconnait que Jésus est le Christ de Dieu (Luc 9, 20) mais réprimande Jésus quand celui-ci annonce que le messie doit souffrir, être mis à mort et ressusciter le troisième jour. Soudain, Pierre, le roc sur lequel Jésus veut bâtir son Église, devient une pierre d’achoppement (Mathieu 16, 13-23). Lors du dernier repas que Jésus partage avec ses disciples, Pierre jure qu’il est prêt à aller n’importe où avec Jésus, même en prison, même à la mort (Luc 22, 33). Et peu de temps après, comme Jésus l’avait dit, quand Pierre commence à sentir la soupe chaude, par trois fois, il nie connaitre Jésus (Luc 22, 54-62). Pierre n’a pas lapidé Jésus… mais c’était tout comme. Même si Jésus le voyait venir, ce reniment a dû faire mal quand même.

Et ce matin, Pierre entend le témoignage des femmes et part comme une balle… ou… comme un caillou lancé par une fronde. Arrivé au tombeau, il voit les bandelettes… et, tout étonné qu’il était, il s’en va (certaines traductions disent qu’il s’en retourne chez lui).

On peut être tentés de le pointer du doigt. Faire de Pierre l’exemple à ne pas suivre. Par le passé, je lui ai déjà jeté quelques roches : Simon Pierre, toi qui es normalement si vite à passer à l’action, fais donc quelque chose ! Généralement tu n’as pas la langue dans ta poche. Là, tu ne dis plus rien ? Le tombeau est vide! Ok, c’est impressionnant. Mais tu pourrais au moins aller dire à tes chums que ce que raconte les femmes, ce n’est pas une niaiserie. Qu’est-ce qui t’arrive ? On ne te reconnait plus.

Mais ce matin, je vois une autre facette de Pierre. Moins d’impulsivité… plus d’intériorité. Plutôt que de sauter aux conclusions et de passer tout de suite à l’action, il retourne chez lui dans l’émerveillement, l’admiration. Ma foi ! La lumière de Pâques fait ressortir le côté contemplatif de Pierre. J’aimerais donc être davantage comme Pierre. Combien de fois j’ai trébuché parce que je me suis lancée trop vite. Combien de fois mes réactions spontanées ont blessé quelqu’un ! Moins d’impulsivité… plus d’intériorité… ça pourrait transformer le monde.

Le monde d’aujourd’hui a grandement besoin de ce genre de pierre. Les nouvelles (les bonnes comme les mauvaises, les vraies comme fakes) font le tour du monde à la vitesse de l’éclair sur les réseaux sociaux. On veut des messages instantanés et des réactions à chaud. Réactivité et impulsivité laissent peu de place à la réflexion et à l’intériorité.

Pierre retourne chez lui… dans l’émerveillement et l’admiration. Et dans l’intimité de sa demeure quelque chose se passe. Il vit une transformation radicale. Sans savoir exactement comment cela s’est passé, on le voit bien la transformation de Pierre entre la première et la deuxième lecture d’aujourd’hui.

Pierre, qui un jour a renie Jésus trois fois et qui a gardé le silence devant le tombeau vide, fait un témoignage passionné chez Corneille. En très peu de temps en fait, celui qui ne pouvait pas concevoir que le Christ de Dieu souffre et meurt annonce que c’est par Jésus, crucifié et ressuscité, que nos péchés sont pardonnés. Plus rien ne peut nous séparer de Dieu. Dans la vie, dans la mort, dans la vie au-delà de la mort, Dieu est avec nous.

Qui l’eut cru ? Simon Pierre, le roc qui avait calé, est devenue une pierre vivante. Nous le verrons à différents moments au cours des prochaines semaines : Pierre témoigne de sa foi en paroles et en actes. Non seulement il est un grand prédicateur, à l’instar de Jésus, il guérit des malades et ramène des morts à la vie (voir Actes 3, Actes 5 et Actes 9).

Non, cela n’a pas signifié qu’à partir de ce moment-là la vie a été un long fleuve tranquille pour Pierre, ni pour ses compagnons d’ailleurs. Mais Jésus qui connait les cœurs a vu juste. Sur cette pierre, le Christ a bâti son Église… une Église qui s’est étendue jusqu’à dans le Vieux-Québec deux mille ans plus tard. Rien n’est impossible à Dieu (Luc 1, 37). Et j’ai la conviction qu’on n’a rien vu encore.

On ne saura jamais comment ça s’est passé pour Pierre, ce qu’il a vécu une fois qu’il est retourné chez lui. Mais de toute évidence, l’Esprit saint a fait son œuvre et avec puissance ! Si cela peut arriver à Pierre, cela peut nous arriver à nous aussi. On a beau être impulsifs, rater la cible, être paralysés de peur par moments, trahir, décevoir, blesser des gens… même ceux qu’on aime ou qu’on admire le plus au monde… Jésus qui connait les cœurs sait de quoi nous sommes faits et ce que nous pouvons devenir par la grâce de Dieu et la puissance de l’Esprit saint.

Frères et sœurs, aujourd’hui, que la lumière de Pâque fasse ressortir notre côté contemplatif. Dans l’émerveillement et l’admiration laissons derrière nous le tombeau vide, retournons chez nous et prions qu’au jour le jour, l’Esprit saint fasse de nous, pierres vivantes de notre temps, l’Église du Christ pour aujourd’hui… et pour demain. Solide comme le roc. Amen.

 

LECTURES BIBLIQUES

Luc 24, 1-12

Actes 10, 34-43

Un commentaire

Ajouter un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *