Au Dieu inconnu…

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Il y a maintenant des décennies de cela j’ai entendu (ou lu, je ne me souviens plus trop), pour la toute première fois l’allocution de Paul aux notables d’Athènes. C’était à la fin de mon adolescence. Mon expérience religieuse, forgée depuis l’enfance aux enseignements d’un catholicisme omniprésent dans les institutions, était passablement superficielle ; la religion telle que je la comprenais me paraissait sans utilité réelle pour sonder les questions existentielles que cette période de la vie soulève. Formaté de culture gréco-romaine par mes études classiques ma manière d’aborder le monde était probablement assez semblable à celle des philosophes grecs, de tous les habitants d’Athènes et tous les étrangers en résidence [qui] passaient le meilleur de leur temps à raconter ou à écouter les dernières nouveautés[1] au dire du rédacteur des Actes.

En relisant le discours de Paul il me semble retrouver un peu cette étincelle de lucidité qui a entamé mes préjugés à l’égard du christianisme et m’a conduit sans trop que je m’en rende compte à une humilité d’attitude. Me reviennent ces mots dits par Jean Gabin dont plusieurs ici se souviendront : La vie, l’amour, l’argent, les amis et les roses ; on ne sait jamais le bruit ni la couleur des choses. C’est tout ce que je sais ! Mais ça, je le sais.[2]

Saul, jeune pharisien zélé et persécuteur des disciples du Christ[3] comme nous l’avons vu la semaine dernière lors de la lapidation d’Étienne[4], deviendra par la suite Paul, un jet-setter pour l’époque, un vadrouilleur érudit qui n’a pas la langue dans sa poche mais du front tout le tour de la tête pour déclarer que tous et partout ont à se convertir… que Dieu va juger le monde avec justice par [Jésus] l’homme qu’il a désigné, comme il en a donné la garantie à tous en le ressuscitant.[5] L’impact de sa rencontre du Christ a renversé la vie de Paul, tant physiquement qu’intellectuellement, qui constate son aveuglement en découvrant que malgré toutes ses connaissances, il ne sait pas.[6]

Les propos de Paul à l’Aréopage me semblent toujours très ajustés pour témoigner, selon la recommandation de la lettre de Pierre : Sanctifiez dans vos cœurs le Christ qui est Seigneur. Soyez toujours prêts à justifier votre espérance devant ceux qui vous en demandent compte. Mais que ce soit avec douceur et respect…[7] Une prise de parole avec cœur et intelligence, toute au service de l’Esprit. Ce que vous vénérez sans le connaître, je viens vous l’annoncer… Dieu qui a créé l’univers et tout ce qui s’y trouve, donne à tous la vie et le souffle, et tout le reste…  Il a créé tous les peuples pour qu’ils le cherchent, pour le découvrir en tâtonnant, lui qui, en réalité, n’est pas loin de chacun de nous. Car c’est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être, comme l’ont dit certains de vos poètes : “Car nous sommes de sa race.”[8]

Ces considérations demeurent toujours immédiatement compréhensibles et universelles. Elles ne contraignent aucunement l’entendement ni l’adhésion par le dénigrement, la menace, la condamnation. Elles honorent la sincérité des démarches et la valeur des approches diverses en cherchant la convergence des pensées et des orientations, le dénominateur commun. Ce Dieu inconnu ou inconnaissable[9] ne s’impose pas par le raisonnement mais se dévoile subtilement dans la relation, dans la douceur et l’intimité d’une rencontre personnelle. Si vous m’aimez, vous vous appliquerez à observer mes commandements ; le Père vous donnera un autre Paraclet qui restera avec vous pour toujours, l’Esprit de vérité, qui demeure auprès de vous et qui est en vous. Vous connaîtrez que je suis en mon Père et que vous êtes en moi et moi en vous.[10]

Une proposition, jamais une imposition. À la manière de Jésus, selon ses commandements, dans une relation personnelle à Dieu, un climat de proximité affectueuse familiale intériorisée. On ne pourrait mieux souligner la fête des mères qui traditionnellement ont été et demeurent porteuses d’un climat de tendresse et de soins vivificateurs. Dieu le père nous aime comme une mère. C’est ce dont témoigne Jésus et à quoi il nous fait participer par l’Esprit. Nous en reparlerons bientôt à Pentecôte. Amen.

Photo : Wikimédia  Sur la colline de l’Aréopage à Athènes, plaque en bronze portant le texte en grec du discours de Paul « au Dieu inconnu » tel que relaté dans les Actes des Apôtres (17,22-31).

LECTURES BIBLIQUES

Actes 17,22-31

Jean 14,15-21

[1] Actes 17,21

[2] https://lyricstranslate.com/fr/Jean-Gabin-Je-sais-lyrics.html

[3] Actes 9,1-2

[4] Actes 7,60 ;8,1

[5] Actes 17,30b-31

[6] Actes 9,4-5.8

[7] 1Pierre 3,15-16a

[8] Extraits d’Actes 17,23-28

[9] Actes 17,23

[10] Extraits de Jean 14,15-17.20

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