Ce trésor, nous le portons dans des vases d’argile, car cette incomparable puissance est de Dieu et non de nous. 1
Dieu est lumière. Dieu seul est plénitude de lumière… Le symbole de la lumière est une image privilégiée pour évoquer l’expérience spirituelle. Une réalité globale qui nous enveloppe, qui se goûte et se ressent bien avant qu’elle ne s’analyse ou se décrive.
Dans le premier testament, c’est dans la lumière du buisson ardent que l’Éternel fait alliance avec le peuple hébreux par l’entremise de Moïse qui deviendra le messager éclatant de l’intégrité souhaitée par Dieu; la loi sur les tables représentera pour la suite des temps les balises d’une existence personnelle et sociale qui serviront de guide à l’avancée des humains sur cette terre créé par Dieu. C’est sous le mode de la nécessité, du commandement, de l’obligation que cette intention bienveillante est exprimée.
Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits. |
Dans le second testament, Jésus, descendant de Moïse, le législateur médiateur rayonnant de lumière divine, et aussi descendant d’Élie, le réformateur messager du retour aux sources de l’expérience fondatrice d’Israël, Jésus, à son tour, accède à cette zone limite de la nuée lumineuse, en compagnie des trois intimes disciples qui nous représentent tous et toutes. Mais ici une alliance nouvelle est scellée : ce ne sera désormais plus la loi qui sera l’instrument privilégié de la rencontre de Dieu mais bien la personne même de cet individu hors norme. De la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui qu’il m’a plu de choisir. Écoutez-le !2 » Jésus se dévoile au cœur disponible comme porteur de tout l’éclat de la profondeur de Dieu : il est Christ, l’être humain renouvelé pour qu’à travers lui l’humanité puisse revêtir le divin projet et passer ainsi de la lettre de la loi à son accomplissement dans l’Esprit.
À l’instar de Moïse et de Jésus, du fait de notre humanité, nous avons nous aussi accès à une telle rencontre qui transfigure notre existence. Dans les mots du théologien Raimon Pannikar, l’être humain n’est pleinement humain qu’à partir du moment où il fait l’expérience de son ultime fondement, de ce qu’il est réellement. L’expérience de Dieu est l’expérience du Mystère qui dirige nos vies de l’intérieur et de l’extérieur.
Expérience éminemment personnelle certes mais qui se valide et se déploie dans la communauté des sœurs et des frères, ouverts ensemble à la gratuité de l’amour de Dieu en y trouvant la paix, le pardon, la guérison et l’espérance d’une vie lumineuse dans les petits pas du quotidien. C’est Dieu même qui a brillé dans nos cœurs3. Mais demeurons vigilant car ce trésor, nous le portons dans des vases d’argile, car cette incomparable puissance est de Dieu et non de nous.4 Toutes et tous nous sommes redevables de la justice de Dieu impartie en Jésus le Christ : c’est un don toujours immérité. Il est important de bien se le rappeler en ces heures lourdes où la fragilité déroutante d’un vase d’argile qui apparaissait si lumineux nous est devenue tellement manifeste.
La tradition du Carême que nous entamons ce mercredi est l’occasion d’aller au désert, à la montagne, de façon intérieure, pour sortir de l’approche habituelle des choses et nous rendre réceptif à la présence du Sacré qui suinte de la matière et convie à la communion tous ceux et celles qui consentent à s’y exposer. Par cette expérience où Dieu même a brillé dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de sa gloire qui rayonne sur le visage du Christ5. Là nous trouverons l’élan, l’amour et la créativité de notre prière et de notre service du prochain pour transformer le monde sous l’éclairage fantastique du projet merveilleux de l’Évangile. Par pure grâce. Amen.
Église Unie Saint-Pierre / Dernier de l’Épiphanie A – Transfiguration / 23 février 2020
LECTURES BIBLIQUES
1 2 Corinthiens 4, 7
2 Matthieu 17, 5
3 2 Corinthiens 4, 6
4 2 Corinthiens 4, 7
5 2 Corinthiens 4, 6
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