Au-delà des idées et des paroles, un engagement

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Pierre

« Qui suis-je ? » Une question qui étonne puisque Jésus s’adresse à ses disciples qui, ce serait dans l’ordre des choses, devaient savoir qui il était. Non seulement il pose la question, mais la réponse n’est même pas une réponse unifiée… chaque disciple ayant son opinion de ce que les gens pensent de lui. Peut-être que cette diversité de réponses tient au fait que la question est finalement de savoir Qui est le Messie de Dieu, voire quelle est l’identité de Dieu même.

Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Afin de l’apprécier pleinement, il est préférable de lire, au préalable, les textes bibliques dans la version TOB, accessibles via le site http://lire.la-bible.net/.

Il ne devait pas être facile de se faire une idée précise de l’identité de Jésus, en effet, alors que la grande majorité des gens, après l’avoir adulé, l’ont déjà quitté car il enfreint les règles claires du judaïsme et condamne les croyances des chefs religieux et politiques.

Pierre, toujours aussi impulsif, donne tout de même une réponse percutante à la question, une réponse qui semble tellement la meilleure : « Tu es le Messie ». Mais Pierre est tributaire de son époque, de cette génération de croyants qui perçoit Dieu comme le Maître du monde et de l’histoire, comme Celui qui récompense les bons et punit les méchants, comme Celui qui attend les hommages de son peuple. Mais le Dieu au-dessus de tout serait comme les grands de ce monde : il ne poserait pas la question de son identité, il imposerait son identité. Aujourd’hui, par le biais de l’Évangile de Marc, c’est plutôt une humble voix qui nous pose la question comme aux apôtres de jadis : « Pour toi, qui suis-je ? Qu’est-ce que je représente pour toi ? Comment parles-tu de moi ? »

À partir du moment où Jésus pose la question : «Qui suis-je ? », la réponse peut s’avérer une vérité défigurée puisque c’est toujours le risque que l’on court quand on se risque à la réciprocité. C’est d’ailleurs ce qui est arrivé avec Pierre quand il refuse l’enseignement de Jésus : « Il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les chefs des prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite ». C’est aussi ce qui est arrivé dans l’histoire de l’Église qui a élaboré des approximations et même commis des erreurs avant de préciser l’identité de Jésus à travers les confessions de foi entérinées par des conciles comme, par exemple, le Symbole de Nicée-Constantinople ratifié au Ve siècle et actuellement reconnu par toutes les Églises.

Nous réalisons aujourd’hui que Pierre n’a compris que progressivement jusqu’à quel point Dieu nous aime. C’est à travers les actes et les signes de Jésus que Pierre a découvert son identité réelle. Pierre a été à même de découvrir un Christ solidaire des pires situations humaines : moquerie, humiliation, cruauté, condamnation à une mort atroce. La mort atroce de Jésus sur la croix est le symbole même de la haine des autorités qui l’y ont condamné, mais en Jésus-Christ la croix est devenu un symbole du triomphe de l’amour. Il y a maintenant un changement de perspective dans l’idée que nous avons de Dieu. Par son enracinement dans notre condition humaine jusqu’à la mort sur la croix, Jésus est venu dévoiler son identité : par sa capacité d’aimer, de servir et d`être solidaire, il est venu nous redonner la vie et il nous invite à marcher à sa suite et à entrer dans sa victoire qui sauve l’humanité.

L’expérience de l’apôtre Pierre est concluante. Notre réponse à la question de Jésus « Qui suis-je ? » ne peut pas être limitée à des mots ni à des idées, c’est l’approche progressive de toute une vie qui nous fera connaître Jésus en profondeur, entrer en relation avec lui, témoigner de lui autour de nous, le suivre dans le chemin qu’il nous a tracé. La réponse à la question de Jésus sur son identité va donc bien au-delà des idées et des paroles, c’est plus qu’une simple réponse, c’est un engagement à le suivre tel qu’Il se présente : «Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir ». Amen !

Par Pierre Nadeau

Prédication du dimanche 13 septembre 2015

(Église Unie Saint-Pierre, Québec)

le 24e dimanche du temps ordinaire (B)

LECTURES BIBLIQUES

Jacques 3, 1-12 Proverbes 1, 20-33 Marc 8, 27-38

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