Ayons du sel en nous…

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

« Maître, nous avons vu quelqu’un qui chassait les démons en ton nom et nous avons cherché à l’en empêcher parce qu’il ne nous suivait pas. » (Marc 9, 38)

Jésus vient tout juste de dire à ses disciples qu’il ne doit pas y avoir de compétition entre eux. Le premier doit être le dernier et le serviteur de tous les autres?  Vous souvenez-vous ? C’était dans l’extrait de l’Évangile d’il y a deux semaines (Marc 9,30-37). Les disciples ont encore de la misère à entrer dans le monde de la grâce. (petit clin d’œil à la prédication de Paul-André de la semaine dernière). Ils ont les deux pieds bien campés dans le monde de la loi, la loi protectionniste qui trace des limites, érige des murs. D’un côté il y a les objets, les aliments, les personnes, les comportements qui sont acceptables devant Dieu. De l’autre côté, ce qui est à bannir, à exclure, à proscrire, à fuir. D’un côté il y a « nous », « notre monde à nous autres ». De l’autre côté, « eux », ceux et celles qui menacent notre sécurité, notre identité, la cohésion de notre groupe.

Ce matin, Jésus met ses disciples en garde contre une conception trop restrictive de « notre monde à nous autres ».  « Maître, nous avons vu quelqu’un qui chassait les démons en ton nom et nous avons cherché à l’en empêcher parce qu’il ne nous suivait pas. » (Marc 9, 38) Comme si le nom de Jésus pouvait être une appellation contrôlée. Comme s’il fallait à tout prix pouvoir identifier « les vrais disciples » des imitations. L’essentiel n’est-il pas de chasser les démons, de venir à bout des forces du mal à l’œuvre dans le monde ? Ou, si vous préférez – et pour reprendre notre confession de foi – l’essentiel n’est-il pas de rechercher la justice et de résister au mal?

Il y a des gens qui se réclament de Jésus pour qui, je ne suis pas, nous ne sommes pas, des « vrais chrétiennes et chrétiens ». Et pour dire vrai, tout en professant ma foi en Jésus qui travaille en nous et parmi nous par son Esprit, il y a des gens que j’ai de la difficulté à reconnaitre comme des frères et sœurs en Christ. Il m’arrive de ressentir plus d’affinité certains athées qu’avec d’autres chrétiens. Et vous savez quoi? Assez souvent, c’est moi-même que j’ai de la difficulté à voir comme un vrai disciple de Jésus. Je me sens tellement petite à côté des « géants » de la communauté des disciples. Si souvent, je ne fais pas le bien que je veux faire mais le mal que je ne veux pas faire (Romains 7, 19). J’ai échoué là où d’autres ont réussi. À bien y penser, je comprends un peu la réaction de Jean ce matin. Lui et ses copains avaient essayé, en vain, de libérer un enfant d’un esprit qui l’empêchait de parler et qui mettait sa vie en danger (Voir Marc 9, 14-29) Et pas longtemps après, ils voient quelqu’un d’autre réussir ce que, eux, ne sont pas arrivés pas à faire. Ils se sentaient peut-être jaloux, humiliés, ou atteints dans leur amour propre. Ils voyaient grands… et… au bout du compte… ils n’étaient peut-être que les plus petits de tous. Peut-être… mais il n’y a pas de raison que cela devienne un scandale pour d’autres qui se réclament de Jésus.

Un scandale est littéralement une pierre sur le chemin, un obstacle qui fait chuter, qui empêchent d’avancer. N’est-ce pas vrai que ce sont souvent nos insécurités, génératrices de la jalousie et des rivalités qui nous habitent, qui érigent des murs entre « nous » et « les autres ». Un vrai scandale qui nous empêche d’accéder à la pleine communion avec nos frères et sœurs (c’est-à-dire d’être fortifiés, plus forts, ensemble). Ce genre de division entre nous, c’est le premier des scandales dans l’Église, c’est la pierre qui est sur le chemin qui nous fait trébucher, qui nous empêche d’avancer sur les traces de Jésus. C’est la pierre à ôter afin que nous entrions toutes et tous ensemble dans la vie, dans le Royaume de Dieu.

C’est dans ce sens, me semble-t-il, qu’il faut comprendre les mises-en-garde choque à la fin de l’extrait de l’évangile d’aujourd’hui. Ne soyons pas littéralistes dans notre interprétation. Jésus se sert souvent d’hyperboles pour nous saisir, pour nous faire réfléchir, nous positionner. Je ne pense pas que Jésus s’attend à ce qu’on le prenne au pied de la lettre. Peut-être que la main et le pied qu’il vaut mieux couper, ce sont les gestes et les comportements, les choix de parcours qui deviennent des obstacles qui m’empêchent, moi, et qui empêchent les autres à entrer dans le Royaume, à accéder à la vie en abondance. Et si l’œil à arracher, c’était une vision du monde qui nous donne l’impression que certains sont insignifiants, indécents (donc à cacher), inacceptables ou sans importance. Voilà ce qui mérite d’être laissé à la géhenne (mot qui, avant de référer à l’enfer, un lieu de souffrances éternelles, désignait le dépotoir, un endroit pour ce qui ne sert pas… ou ne sert plus;  ce qui est vraiment inutile).

Parfois, si on laisse aller les choses, il faut prendre des grands moyens pour stopper une infection dangereuse qui menace notre vie ou celle des autres. Pourtant, si on s’y prend assez tôt, un peu de sel peut suffire pour tout nettoyer, désinfecter…  « Ayez du sel en vous-mêmes et soyez en paix les uns avec les autres. » (v. 50).

Frères et sœurs, par la grâce de Dieu, ayons du sel en nous pour nous purifier de tout ce qui en nous qui pourrait virer en gros scandale. Nous formons un seul corps… et tous les mêmes sont essentiels… même ceux qu’on a tendance à voir comme petits, faibles, sans réelle importance. Ayons un commun souci les uns, les unes des autres. Ensemble, avec les autres personnes de bonne volonté qui cherchent la justice et résistent au mal, nous entrerons toutes et tous avec plus d’aisance dans la vie, dans le Royaume de Dieu qui vient… et qui est déjà-là à notre portée. Amen.

 

LECTURES BIBLIQUES

1 Corinthiens 12, 20-27

Marc 9, 38-50

 

Un commentaire

Ajouter un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *