Chacun des Évangélistes prend des mots et des images différents pour exprimer, avec leurs nuances propres, une vérité : en Jésus, les chrétiens font l’expérience d’un Dieu qui est, non pas assis sur un nuage au loin à nous observer ou à nous juger, mais plutôt d’un Dieu qui est avec nous en chair et en os. Luc et Matthieu nous l’annoncent dès avant la naissance de l’enfant Jésus par la bouche des anges, des bergers et de mages, des visiteurs que Marc et Jean ne mentionnent point. Le récit du baptême de Jésus qui ouvre le ministère public de Jésus est une évocation éclatante de cette divine humanité de Jésus.
L’Évangile de Marc nous dit que Jésus arrive de Galilée et se fait baptiser par Jean. Au moment où il remonte de l’eau, le ciel se déchire. L’Esprit-Saint, le souffle de Dieu qui planait à la surface des eaux au commencement de tout, descend sur Jésus. Pour qui a les yeux pour le voir : fini la séparation entre le royaume de Dieu et le monde des humains. Les deux communiquent. Et au cas où nous n’aurions toujours pas compris le symbolisme, Marc nous dit que Jésus entend une voix lui dire, « Tu es mon fils bien-aimé, il m’a plu de te choisir. »
Pour les chrétiens, Jésus est un fils de Dieu comme nul autre. Souvenez-vous, César s’était autoproclamé fils de Dieu pour ensuite utiliser son statut et son pouvoir pour opprimer et rabaisser les autres. Chez Jésus, c’est tout le contraire. Une voix du ciel le déclare fils de Dieu au moment où L’Esprit descend sur lui et lui donne le pouvoir de relever les autres. C’est ça, la gloire de Dieu en Jésus. La puissance créatrice qui nous relève et qui nous met en marche sur les sentiers d’une vie nouvelle.
Jean Baptiste proclamait un baptême de conversion en vue du pardon des péchés – c’est-à-dire en vue de franchir la distance qui nous sépare de Dieu. Mais rien ne séparait Jésus de Dieu. Jésus ne se fait pas baptiser parce qu’il en a besoin. Il se fait baptiser parce que NOUS en avons besoin. Nous ne pouvons pas franchir la distance entre nous et Dieu. Alors Dieu se fait proche en Jésus Christ. Jésus choisit de se mouiller. Jésus se jette à l’eau, là où des gens ben ordinaires, des gens comme vous et moi, se rassemblent pour confesser leurs péchés. Non, décidément, ce n’est pas un fils de Dieu comme les autres.
Jésus plonge… À l’instant même où il remonte de l’eau l’Esprit Saint descend sur lui comme une colombe. L’Esprit saint, le souffle de Dieu, est le même, au commencement, hier, aujourd’hui et demain. Le baptême est le signe visible extérieur de cette grâce intérieure invisible : il n’y a aucun chaos, aucun désordre, aucun vide qui peut nous engloutir à tout jamais. Ni même la mort. On en aura un autre signe à la fin du ministère public de Jésus.
L’Esprit Saint qui est descendu sur Jésus à son baptême est le même qui travaille en nous et parmi nous. L’Esprit qui a animé la vie de Jésus, agit en nous. La puissance créatrice qui a animé sa vie et la même que la nôtre.
Le baptême est une expérience de cette communion avec Jésus. En Jésus, Dieu plonge de tout son être dans les eaux de nos existences humaines : joies, réussites, acclamations honneurs …. Et il descend jusqu’au fond de l’abime : trahison, jugement, condamnation, dépouillement, humiliation, souffrances physiques incommensurables, mort atroce et ensevelissement avant d’être relevé à une vie nouvelle. Notre baptême est l’expression visible de notre désir d’être totalement assimilés à sa vie : « Par le baptême, en sa mort, nous avons donc été ensevelis avec lui, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous menions nous aussi une vie nouvelle. Car si nous avons été totalement unis, assimilés à sa mort, nous le serons aussi à sa résurrection. » (Romains 6, 4-5)
Ce lien entre le baptême, la mort et la résurrection est plus explicite dans les Église où on pratique le baptême par immersion. C’est aussi plus expérientielle, tangible, kinesthésique. Lors du baptême on est submergé, enseveli et on remonte de l’eau. Signes que nous sommes assimilés à la résurrection du Christ et investis d’une identité nouvelle : « Nous ne sommes pas des vivants condamnés à la mort, nous sommes des mortels voués à la vie.[1] » C’est ça la gloire de Dieu : la puissance créatrice qui nous relève et qui nous met en marche sur les sentiers d’une vie nouvelle. La gloire de Dieu est la puissance créatrice qui transforme les eaux de nos existences – qu’elles soient calmes ou chaotiques – en sources éternelles de vie et de lumière.
Si vous n’aviez eu que quelques gouttes sur le front lors de votre sur le la quantité d’eau ne change en rien la grâce intérieure invisible : la gloire de Dieu est sur nous. Par sa puissance, le chaos, le désordre, le vide ne pourra nous engloutir à jamais. Tu es mon enfant bien-aimé, il m’a plu de te choisir. Amen.
LECTURES BIBLIQUES
[1] Origine de la citation inconnue
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