Car, si quelqu’un se prend pour un personnage, lui qui n’est rien, il est sa propre dupe. Mais que chacun examine son œuvre à lui ; alors, s’il y trouve un motif de fierté, ce sera par rapport à lui-même et non par comparaison à un autre. Galates 6, 3-4
L’abondance de thèmes susceptibles d’être approfondis dans la liste des lectures dominicales pose un défi certain à toute méditation des Écritures qui doit nécessairement être courte. Pour n’en mentionner que deux dans l’évangile de Luc, d’abord l’envoi des 72 disciples qui suggère déjà l’ouverture universelle du message évangélique bien qu’au moment décrit dans le texte Jésus s’adresse uniquement aux juifs. Un second serait la proximité identitaire du messager avec celui qui l’envoie et dont il porte le message : cela donnerait beaucoup à réfléchir sur la question de l’autorité des porte-paroles et des possibilités de dérapage totalitaire sinon fanatique qui n’ont pas manqué de survenir au fil des siècles. Et ainsi de suite.
Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits. |
Première constatation : le culte dominical n’épuise jamais au grand jamais le contenu des passages bibliques proposés. Idéalement en petits groupes ou au moins personnellement, les disciples que nous souhaitons être ont tout à gagner à revenir sur les textes après la célébration. Les relire plusieurs fois, avec un crayon et un carnet de notes, identifier les mots ou les idées qui ressortent, ce qui dans le texte les encourage, les inquiètes, une trouvaille, une question personnelle qui trouve une réponse ou une nouvelle question qui s’élève. Et après cette démarche d’exploration qui n’est jamais terminée et qui pourra faire l’objet de conversation avec votre pasteure ou votre groupe de partage, surtout ne pas escamoter l’étape ultime vers laquelle tend tout ce qui précède : se mettre en présence de Dieu dans le silence et amorcer un dialogue où la tête se met au service du cœur. Puis agir humblement dans la direction indiquée.
C’est la raison d’être du culte et de toute vie spirituelle : que les Écritures deviennent Parole vivante, et que par delà tous les enseignements ce soit l’Évangile de grâce et d’espérance dont on s’imprègne le cœur et l’esprit. Un moine allemand du Moyen-Âge déclarait dans son livre L’imitation de Jésus-Christ (le plus imprimé après la Bible semble-t-il) déclarait : Que vous sert de raisonner profondément sur la Trinité, si vous n’êtes pas humble, et que par-là vous déplaisez à la Trinité? Certes, les discours sublimes ne font pas l’homme juste et saint, mais une vie pure rend cher à Dieu. J’aime mieux sentir la componction que d’en savoir la définition. Quand vous sauriez toute la Bible par cœur et toutes les sentences des philosophes, que vous servirait tout cela sans la grâce et la charité?
La lettre aux Galates, une des préférées de Luther (Commentaire 1 et Commentaire 2), nous fournit aussi abondance de réflexions. Celle que je retiens aujourd’hui est la perception que nous avons de nous-mêmes, et la tentation pour ainsi dire permanente de nous comparer à autrui pour trouver notre valorisation ou justifier notre dépréciation de nous-même. Est ‘spirituel’ qui ne joue pas de jeu et ne prend pas de pause affectée tel le pharisien de l’histoire qui se pétait les bretelles et trouvait sa justice en se comparant aux autres. Quant à celui qui déprime profondément de voir sa fragilité, il se désole de « sa » performance plutôt que de trouver l’apaisement dans la grâce imméritée et l’amour infini de l’Éternel à son égard.
Tout comme dans les Écritures entendues ce matin que nous continuerons à méditer, en prenant part à la communion dans quelques instants, nous recevrons à nouveau le pardon de nos fautes, et de toutes nos trahisons de l’Évangile et nos incapacités. Mais peut-être encore davantage recevrons-nous aussi le renouvellement de notre appel à être des ouvriers de la moisson, l’énergie spirituelle pour continuer à espérer, à oser, à risquer partager la Bonne Nouvelle, tenter au mieux de vivre dès maintenant selon un ordre des choses autre, celui du règne de Dieu. À notre échelle, selon l’histoire propre de nos vies, nous sommes conviés à y trouver notre joie, notre paix et notre audace, et à constater que le mal peut être vaincu malgré les apparences. Semons dans l’Esprit, en solidarité avec tous ceux et celles qui n’attendent qu’une raison d’espérer et de croire. Faisons le bien sans défaillance ; car, au temps voulu, nous récolterons si nous ne nous relâchons pas. Donc, tant que nous disposons de temps, travaillons pour le bien de tous, surtout celui de nos proches dans la foi. Amen.
Par Denis Fortin, pasteur
Église Unie Saint-Pierre – 7e dimanche de Pentecôte – 3 juillet 2016
LECTURES BIBLIQUES
Psaume 30
Galates 6, 1-10
Luc 10, 1-11 & 16-20
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