Personne ne veut être oublié, mis à l’écart; tout le monde veut être reconnu et affirmé dans sa valeur et sa dignité. Les commémorations de ce mois de juin le soulignent de façon particulière : Mois national de l’histoire autochtone et aussi Mois de la fierté. Cela coïncide pour nous avec l’anniversaire de l’Église Unie dont la devise que tous soient un[1] reprend l’exhortation de Jésus à vivre selon le règne de Dieu. Et dans ce projet sacré, chacun chacune a sa place comme nous venons de le chanter. En termes contemporains, on devrait affirmer que l’inclusion radicale est le cœur de la spiritualité chrétienne. Alors il est d’autant plus consternant de voir que des institutions et des individus qui s’en revendiquent, hier comme aujourd’hui, érigent des murs de séparation et isolent les gens au nom de lois et de prescriptions religieuses supposément absolues et indispensables au salut. Pourquoi votre maître mange-t-il avec les collecteurs d’impôts et les pécheurs ?[2]
Paul issu de l’élite religieuse, les pharisiens, au sein d’un peuple qui se perçoit comme héritier d’une promesse divine, les Juifs, est conduit à réviser ce qu’il prenait pour acquis au niveau religieux et ethnique en fonction de l’expérience d’inclusion radicale qui lui a été révélée depuis sa rencontre spirituelle de Jésus ressuscité sur le chemin de Damas. Ce n’est pas en vertu de la loi, mais en vertu de la justice de la foi que la promesse de recevoir le monde en héritage fut faite à Abraham… Aussi est-ce par la foi qu’on devient héritier, afin que ce soit par grâce et que la promesse demeure valable pour toute la descendance… Voilà pourquoi cela lui fut compté comme justice. Or, ce n’est pas pour lui seul… mais pour nous aussi, nous à qui la foi sera comptée.[3]
La religion authentique n’est pas une affaire d’ordonnances et de sacrifice comme si Dieu avait besoin de nous. Vais-je manger la viande des taureaux et boire le sang des boucs? Si j’avais faim, je ne te le dirais pas, car le monde et ce qui le remplit est à moi. Offre à Dieu la louange comme sacrifice.[4] Notre identité véritable n’est jamais ennoblie en pratiquant l’exclusion et la discrimination à l’égard de ce qui est différent, non-familier, hors des frontières de notre expérience, de notre culture, de nos références. Ce n’est aucunement l’appartenance à un groupe identifiable avec ses règles propres, ses observances et ses lois, qui est garante de notre insertion dans le projet du règne de Dieu. Allez donc apprendre ce que signifie : C’est la miséricorde que je veux, non le sacrifice. Car je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs.[5] Confrontés aux souffrances, aux violences et aux exactions de toutes sortes subies et infligées par les humains, actes qui rejaillissent sur la nature même et empoisonnent littéralement la vie sur Terre, la conscience ressentie de notre unité est l’expérience sacrée aussi fondamentale qu’indispensable pour la vie et la survie de notre monde, le salut.
L’attitude du Jésus des évangiles est la clé d’accès à l’universalité de la présence du Christ. L’inclusion radicale de toutes et de tous, partout et en tout temps, non par les œuvres mais par la foi, voilà la Bonne Nouvelle, l’Évangile de grâce qui est l’étoffe de ce vêtement de bienveillance divine que Dieu souhaite que nous tissions ensemble, afin que tous soient un[6], un projet jamais complété, aux dimensions cosmiques, qui traverse les époques et les lieux. Nous en sommes les artisans et la diversité s’y manifeste comme l’instrument précieux qui rend possible la création d’une œuvre commune d’une beauté unique et d’une portée illimitée. Voilà la manière de suivre[7] Jésus et d’exprimer ensemble toutes les possibilités d’une humanité au service du monde et non à sa domination. Ce qu’il a promis, Dieu a aussi la puissance de l’accomplir.[8] Osons vivre l’inclusion selon le projet sacré. Amen.
LECTURES BIBLIQUES
[1] Jean 17,21
[2] Matthieu 9,11
[3] Extraits de Romains 4,13.16.22-24
[4] Psaume 50,13.12.14a
[5] Matthieu 9,13
[6] Jean 17,21
[7] Matthieu 9,9b
[8] Romains 4,21
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