Chemin, Vérité, Vie

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

Des disciples désemparés… des questions plein la tête. La plupart sans réponse. Angoissés devant l’inconnu. Accablés par des chagrins petits et grands. Tous leurs rêves semblent s’écrouler ; leur espérance, s’envoler en éclats.

Nous connaissons ces disciples désemparés, non ? Car qui n’a jamais été profondément troublé, pris au dépourvu ? Nous savons ce que c’est d’être affligés, anxieux, craintifs, complètement déboussolés, n’est-ce pas ? Comme Thomas. Comme Philippe… et tant d’autres.

Jésus était à table avec ses amis les plus proches. C’était supposé être un soir de fête. Mais l’ambiance est lourde. Jésus se lève. Il leur lave les pieds. Personne ne s’attendait à ça. Ils sont abasourdis. Puis Jésus annonce une trahison et le reniment de Pierre. Ça a dû avoir l’effet d’une bombe. Comme lorsque tombe un diagnostic ou l’annonce d’une rupture, d’un décès, de la perte d’un emploi, de l’effondrement d’un projet pour lequel on s’est donné corps et âme. Ce n’est pas parce que nous avons raison que d’autres vont écouter ou comprendre. La vérité nous rend libres (Jean 8, 32), mais, comme l’a découvert, Étienne, parfois, c’est à coup de pierres. Ce n’est pas parce qu’on a Jésus pour berger que tout va toujours pour le mieux dans le meilleur des mondes. Lui, non plus, son chemin n’a pas été un long fleuve tranquille.

Quand ça va mal, quand la vie prend un tournant totalement inattendu, quand on est complètement désemparés, déboussolés, qui n’a jamais paniqué se croyant abandonné à son sort ? Et c’est quand on panique qu’on sombre… qu’on cale.

Jésus sait ce qui attend ses disciples. Pour les préparer au pire il leur dit : « Que votre cœur ne se trouble pas : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a beaucoup de demeures : sinon vous aurais-je dit que j’allais vous préparer le lieu où vous serez ?  Quant au lieu où je vais, vous en savez le chemin. » (Jean 14, 1-2.4). Thomas, qui veut toujours tirer les choses au clair, réplique « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Il faut que tu nous donnes des indications claires… Si tu ne nous montre pas sur Google Maps… ou quelque chose de ce genre… nous nous perdrons certainement en chemin. »  Et Philippe, Monsieur « Rien qu’à voir, on voit ben » (Jean 1, 43-46), insiste : « Seigneur, montre-nous le Père et cela nous suffit. » (Jean 18, 8). Tsé. Un signe clair, indéniable, c’est tout ce qu’on demande !

C’est ce que nous cherchons quand nous sommes désemparés, déboussolés, n’est-ce pas ? Un plan pour nous orienter. De préférence avec une application et une navigation audible, s’il vous plaît. Les deux mains sur le volant. Des repères clairs. Ainsi, on évitera toutes les embuches.

Mais tôt ou tard tous les disciples finiront par comprendre : le chemin de Jésus n’est pas une voie de contournement. C’est un passage, une façon de traverser la vie dans la joie des jours de fêtes comme dans l’épreuve. Jésus nous dit, « Dans la maison de mon Père, il y a plusieurs demeures. » Il y a plusieurs façons d’être chez soi, chez Dieu. Il y a plusieurs façons d’habiter sa foi, de vivre avec Dieu, en Dieu. Il y a plusieurs façons d’être habité par Dieu. Ce qu’il faut chercher à tout moment, c’est de demeurer en Dieu, comme Jésus demeure en Dieu.

Son chemin à travers les pires épreuves est aussi le nôtre. Jésus est le seul repère dont nous avons besoin. Il est notre chemin vers Dieu.

« Je suis le chemin et la vérité et la vie. Personne ne va au Père si ce n’est par moi. » (Jean 14, 6). Jésus nous ouvre le chemin vers Dieu qui est Père… mot employé, me semble-t-il, non pas pour évoquer l’identité de genre de Dieu mais plutôt sa nature relationnelle. D’abord et avant tout, Dieu (Père, Fils et Saint-Esprit) est relation, intime et indissociable.

Combien de fois, depuis des siècles et des siècles, des chrétiens ont-ils lancé ce verset à d’autres croyants comme à des non-croyants. Même quand on veut faire le bien, nos paroles et nos gestes peuvent faire violence… et même tuer… comme des pierres qu’on lance à quelqu’un qu’on refuse d’entendre ou de comprendre.

L’histoire nous le démontre de multiples façons, affirmer que Jésus est le seul chemin vers le divin, la seule vérité acceptable et la seule vie possible… ça peut faire violence à d’autres. Comment comprendre ce verset ? Comment le dire aujourd’hui ?

D’abord il faut noter qu’en grec l’article défini, est moins défini que dans d’autres langues. Dire « L’arbre » ne signifie pas toujours « Le seul arbre qui existe. » Ensuite, comme le signale Antoine Nouis dans un commentaire sur l’Évangile d’aujourd’hui, chemin, vérité et vie forment une trinité. Les trois termes sont inséparables. La vérité du Christ ne peut pas se comprendre en dehors d’un chemin et d’une vie. Une vérité qui n’est pas un chemin, un déplacement, n’est pas une vérité du Christ. Une vérité qui ne conduit pas à la vie pour tous les êtres n’est pas une vérité du Christ.

Même les disciples les plus proches de Jésus sont lents à comprendre parfois. Combien de fois sommes-nous arrivés avec notre vérité… immuables… comme si nous n’avions plus de chemin à faire ? Combien de fois notre vérité s’est-elle avérée mortifère plutôt que vivifiante pour nous et pour les autres ? Depuis la nuit des temps… tant de mal est fait par des gens qui pensent faire ce qui est bien.

Saul en est un exemple éclatant. Pharisien, il approuvait le meurtre d’Étienne pour blasphème. Saul a sa vérité… coulée dans le béton… ou gravée sur la pierre. Ses oreilles et son cœur sont fermés à la vérité qu’annonce Étienne. Les paroles d’Étienne ne provoquent aucun déplacement en Saul. Mais son cœur ne résistera pas à jamais à la vérité du Christ vivant. Saul deviendra Paul. Son cœur fermé s’ouvrira tout grand… et ses lèvres suivront, elles aussi. À son tour Paul annoncera la vérité du Christ. Il embarquera sur le chemin. Il traversera toutes sortes d’épreuves pour que d’autres aient la vie. C’est merveilleux. La Bonne nouvelle est parvenue jusqu’à nous, et c’est en partie à cause de lui…

Frères et sœurs, courage ! Nous ne sommes pas condamnés à faire du sur place. Là où nous sommes aujourd’hui n’est pas là où nous serons demain. Que notre cœur ne se trouble pas. Dans la joie, comme dans l’épreuve, Jésus Christ est chemin, vérité et vie pour la gloire de Dieu et la transformation du monde. Amen.

 

LECTURES BIBLIQUES

Actes 7, 51-8, 1

Jean 14, 1-12

 

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