Choisir, notre liberté et notre force

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau. Le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira. 7La vache et l’ourse auront même pâture, leurs petits, même gîte. Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage. Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra. Sur le trou de la vipère, le jeune enfant étendra la main. Il ne se fera ni mal, ni destruction sur toute ma montagne sainte, car le pays sera rempli de la connaissance du SEIGNEUR, comme la mer que comblent les eaux. (Ésaïe 11, 6-9)

Que c’est beau, n’est-ce pas ? Ces versets du livre d’Ésaïe – qui dateraient du 8e siècle avec notre ère – ont inspiré des générations et des générations de nos ancêtres dans la foi en temps d’incertitude ; périodes successives d’exil, de persécution, de guerre et j’en passe. La première communauté chrétienne a vu en Jésus cet enfant destiné à nous conduire au pays rempli de la connaissance du Seigneur, monde de paix et de vie en abondance pour la création tout entière. Ce serait donc beau si on ne se faisait plus aucun mal… plus de « ismes » (racisme, âgisme, sexisme etc.), plus d’intimidation, plus de chicanes, plus d’incompréhension intergénérationnelle, plus de tension interreligieuse, plus d’engueulades wokistes, complotistes, gauchistes, extrémistes. Finie, la destruction de notre maison commune. Finie, la guerre en Ukraine et partout sur la Terre. Ce serait beau, n’est-ce pas ?

Mais comment y croire encore… plus de deux mille ans après la naissance de cet enfant ? La réalité actuelle semble si loin de ce monde de paix qu’annonce le prophète Ésaïe. Comment continuer à y croire ?

Et comme pour nous répondre, Jean Baptiste apparait dans le désert proclamant : « Convertissez-vous ! Le Règne des cieux s’est approché ! » (Matthieu 3, 2). Il n’est pas encore arrivé… mais il s’est approché. Convertissez-vous.

Le mot grec traduit le verbe se convertir en français signifie changer son esprit, son cœur…se repentir. Un mot qui signifie aussi un retour à Dieu et à sa volonté pour nos vies et pour le monde. Changer son esprit, son cœur pour changer le monde. Se convertir, c’est un changement qui s’opère de prime abord au niveau du cœur, le siège de nos décisions, de nos choix selon l’univers biblique.

Comme Paul-André le disait dans sa prédication dimanche dernier, Dieu a fait de nous des êtres du désir. « Des êtres qui aspirent à ce qu’il y a de meilleur pour eux, mais aussi pour l’ensemble de l’humanité ». En d’autres mots, nous sommes faits pour désirer un monde au-delà de ce que nous pouvons demander ou même imaginer (Éphésiens 3, 20). Nous sommes faits pour désirer rien de moins que le règne des cieux… là où la volonté de Dieu est faite sur la Terre comme au ciel. Et par la grâce seule, Dieu nous a dotés de la liberté de choisir ce qui nous en rapprochent… comme ce qui nous en éloignent… mais toujours avec la possibilité de nous repentir, de nous retourner à Dieu quand nous nous trompons en chemin. Un autre monde est à notre portée, un monde de paix, un monde de vie abondante, un monde où on ne se fait plus mal, un monde où les plus vulnérables n’ont pas à avoir peur. Nous pouvons le choisir. Il y en a, comme certains Pharisiens et Sadducéens du temps de Jean le Baptiste qui choisissent de chercher leur sécurité dans le pouvoir et les privilèges de leur statut et de tout faire pour se mettre au-dessus des autres. Jean nous prévient : c’est une quête stérile. Mais, par la grâce de Dieu, un autre s’offre à nous : préparer son cœur et produire du fruit pour nourrir la communion fraternelle, les fruits de l’Esprit (Galates 5, 22)

L’un de mes mentors, pour que le loup et l’agneau, le veau et le lionceau et la vache et l’ourse habitent ensemble, il faut que les prédateurs carnivores choisissent d’être végétariens[1].

Quelques remarques s’imposent ici. Premièrement, non, ce n’est pas évident. Jusqu’à un certain point, ça va à l’encontre de certains de nos instincts. N’entendons-nous pas souvent que, pour freiner le dérèglement climatique, pour bâtir une société plus juste, pour protéger nos enfants et nos aînés, des choix difficiles s’imposent ?

Ceci m’amène à une autre remarque : c’est aux plus puissants de faire des choix qui protègent les plus vulnérables. C’est aux prédateurs de choisir un autre style de vie afin que d’autres puissent vivre sans crainte de se faire dévorer.

De manière générale, comparativement à bien d’autres peuples dans le monde, nous sommes des puissants. À bien niveaux, nous avons des choix qui font l’envie de bien du monde sur la Terre. À nous de choisir ce qui nous rapprochent du règne des cieux.

Oui, il y a des situations où on a l’impression d’être plutôt… sinon totalement… impuissants : face à la maladie, le vieillissement, les choix que font les autres qui ont un impact négatif sur nous. Mais même dans de telles situations, il y a souvent certains choix que nous pouvons faire pour mieux traverser les épreuves et surmonter les obstacles de la vie. Là où c’est possible, choisir nous affranchit de l’impuissance et peut nous donner la force pour faire un pas de plus vers le monde qui vient.

Et en parlant de force, n’oublions pas la force du nombre… même d’un tout petit nombre. Erica Chenoweth, professeure de sciences politiques à l’Université Harvard a analysé des centaines manifestations non-violentes à travers le monde. Ses recherches « démontrent que les campagnes de résistance non violente ont été deux fois plus efficaces que les campagnes violentes… [et] que toutes les campagnes ayant obtenu la participation active et soutenue de 3, 5 % de la population ont réussi à provoquer des changements, souvent de nature systémique. » Seulement 3,5 % !

Quand on est deux ou plusieurs à faire face à l’adversité, certains choix sont plus faciles à faire, n’est-ce pas ? Choisir de ne pas se laisser abattre. Refuser de croire qu’on n’a pas de choix, que tout est perdu d’avance, que tous nos efforts seront vains. Refuser de croire que Dieu nous a abandonnés.

Nous ne sommes pas seuls. Dieu nous accompagne. Voilà le mystère de Noël. Cet enfant qui nous guidera jusqu’au royaume des cieux, c’est Emmanuel, Dieu avec nous, pas à pas, partout où la route nous mène. Et, par la grâce de Dieu, il nous a baptisés d’Esprit Saint. L’Esprit qui reposa sur lui, travaille en nous et parmi nous. Continuons à y croire. Par la grâce de Dieu, convertissons-nous. Puisse Dieu changer nos esprits et nos cœurs. Choisissons ce qui nous rapproche de Dieu et de sa volonté pour notre vie et pour le monde. Choisir, c’est notre liberté et notre force. Amen.

[1] Voir The Wolf Shall Lie Down with the Lamb, E. Law, Chalice Press, 1993

 

LECTURES BIBLIQUES

Ésaïe 11, 1-9

Matthieu 3, 1-11

 

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