Ces paroles que je te donne aujourd’hui seront présentes à ton cœur… et tu les répèteras à tes enfants1.
Un des enjeux les plus importants est celui de la transmission, du savoir, du savoir-faire autant que du savoir-être… Dès l’enfance, à l’école, comme à la maison, on nous parle des évènements de l’histoire et des personnes ‘illustres’ qui en ont été les acteurs et auxquelles on attribue pour une bonne part la responsabilité les situations actuelles. Pour le meilleur comme pour le pire. Savoir d’où l’on vient permet de mieux comprendre où l’on est et de choisir de façon éclairée et responsable où l’on va. Dans la société comme dans les Églises, on a besoin de références, de modèles, de héros. Les poètes et les artistes font souvent fonction de prophètes, pointant du doigt ce qui ne tourne pas rond et inspirant un désir vers un idéal souhaitable pour les individus et les collectivités. À 90 ans, Gilles Vigneault partageait certaines réflexions dans le Soleil de samedi dernier, 27 octobre. Par exemple, il aime imaginer une petite fille qui aurait 10 ans aujourd’hui, qui apprendrait une de ses comptines, et qui un jour, lorsqu’elle serait vieille, la chanterait à son tour à sa petite-fille. « Mais c’est ça, l’immortalité!… Je dis souvent que tant qu’on n’a pas parlé de la mort, on n’a rien dit. Tant qu’on n’a pas osé dire notre inquiétude et notre solitude face à la mort, on n’a pas osé dire qui on est. Ce n’est pas d’en parler qui la fait venir, c’est de se taire et de la cacher… »
Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits. |
Depuis des millénaires, les croyants osent parler de la mort : parfois mal, en utilisant la crainte de l’inconnu comme un outil de peur et de contrôle bien loin du dessein cosmique divin, mais aussi souvent bien, pour affirmer en Jésus-Christ ressuscité la bienveillance infinie d’un Dieu amour qui sauve, justifie, pardonne, l’existence d’un Dieu saint qui rend saints ceux et celles qui s’approchent. Car Dieu seul est saint, absolument, véritablement. Les hommes et les femmes qui nous frappent comme particulièrement ouverts aux mouvements de l’Esprit, celles et ceux qu’on honore nommément, les martyrs, les enseignants, les compatissants, les saints, qu’ils soient d’autrefois ou nos contemporains, ont cette particularité qu’on leur reconnaît sans parfois la nommer explicitement : celle d’être transparents de la lumière divine. Chacune, chacun, tel un vitrail, a sa forme et son thème propre mais on n’en perçoit la beauté et l’éclat que grâce à la lumière qui le traverse. C’est la proximité et le mouvement de l’Esprit divin qui rend saint. Ce que Dieu accomplit à travers nous seul importe et n’est jamais notre possession.
Et nous, vous et moi, laissons-nous place au rayonnement de la lumière divine dans le contexte particulier de notre existence? Essayons-nous de vivre avec grandeur les choses les plus humbles voire insignifiantes de notre quotidien? Cette commémoration de la Toussaint est l’occasion de nous rappeler quelle transmission nous souhaitons faire : s’efforcer de vivre les moments de notre existence en aimant Dieu de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute sa force, et en aimant son prochain comme soi-même2 Voilà l’objectif permanent qui n’est jamais pleinement réalisé : vivre la vie de façon renouvelée, dans le mouvement de la Résurrection, faisons connaître par notre rayonnement ce cadeau immérité, gratuit, du salut qui change radicalement notre rapport à Dieu et aux autres. Orientés par cette sagesse passionnée, nous pourrons entendre pour nous-mêmes ces paroles de Jésus, Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu.3 Ainsi associés aux saintes et aux saints qui nous ont précédés tout autant qu’à celles et ceux qui ne sont pas encore nés, car Dieu est l’Éternel maintenant, persévérons dans la fréquentation de l’Écriture, la participation au sacrement, dans la vie communautaire et les gestes engagés de compassion et de solidarité; la lumière divine nous traversera selon son bon vouloir pour que nous donnions forme à cette Bonne Nouvelle que nous voulons partager à nos enfants, et aux enfants de nos enfants, et à tous nos contemporains. Qu’un autre monde est possible en choisissant de mettre Dieu et notre prochain au centre de tout. Oui, le Royaume se rapproche ou peut-être davantage nous nous en rapprochons, sans qu’on le sache le plus souvent. Et c’est tant mieux puisque ce n’est pas d’abord notre œuvre mais le fruit de la grâce. Amen.
Église Unie Saint-Pierre / 31e dimanche ordinaire « B» / 4 novembre 2018 / Toussaint
1 Deutéronome 6, 6 -7
2 Marc 12, 33
3 Marc 12, 34
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