Depuis la mort de Jésus, les disciples avaient été bien déroutés, ils ne savaient plus en qui mettre leur confiance. Ils ne savaient même plus s’ils pouvaient encore faire confiance. Ils étaient complètement désillusionnés, totalement anéantis. Ils avaient tout misé sur cet Homme charismatique qui soulevait les foules, qui confirmait par ses paroles et ses actes ce qu’il annonçait du Règne de Dieu, qui les avait convaincus que le Messie n’était pas le guerrier attendu pour les libérer de la domination des Romains mais le porte-parole d’un Dieu d’amour, de miséricorde et de paix. Ils avaient bien besoin de signes pour les convaincre de continuer à faire confiance; ils avaient un besoin pressant d’être rassurés: tout venait de s’écrouler devant eux avec la crucifixion et la mort de Jésus.
Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits. |
Mais les apparitions de Jésus ressuscité à Marie de Magdala, à Jean, à Thomas, aux disciples d’Emmaüs, aux apôtres enfermés dans une maison par peur des autorités ou par honte d’eux-mêmes après leur désertion, aux apôtres aussi partis à la pêche pour reprendre sur d’autres bases leur vie et recommencer là où ils l’avaient laissée avant de se mettre à l’écoute de Jésus leur prouvent à tous qu’Il n’est pas un fantôme, qu’Il est bien, de nouveau, vivant… Tous ces signes tangibles les ouvrent à « l’intelligence des Écritures » (Lc 24, 31). Oui, « Le Seigneur est vraiment ressuscité! » (Lc 24, 34) Voilà la confession de foi qui s’exprime dorénavant dans la bouche des disciples et de toute l’Église. C’est le premier témoignage de l’Église naissante qui résonne encore aujourd’hui par la voix de tous les chrétiens. Oui, en Jésus ressuscité, la mort a été avalée par la Vie, nous dira l’auteur contemporain Christian Bobin.
Et toutes ces apparitions de Jésus visent à rejoindre les cœurs. C’est la foi personnelle qui est en cause ici. Par sa présence auprès d’eux, Jésus réchauffe le cœur des disciples. Parce que la foi rejoint tout l’être, le cœur et la raison, le croyant s’engage d’abord et avant tout dans une relation personnelle et intime avec le Christ. Par son insistance auprès de Pierre, le triple Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ?, le disciple comprend que Jésus est bien là, à ses côtés et qu’il peut continuer à Le suivre, à L’aimer, à croire malgré et contre tout.
C’est comme le repas que Jésus partage avec ses disciples réunis (Lc 24, 33) à Jérusalem ainsi que nous le relate saint Luc; c’est comme ce repas de poisson grillé sur le rivage dont nous venons d’entendre le récit dans l’Évangile de Jean. Ces moments tiennent une place importante dans la pensée de la communauté ecclésiale primitive. Non seulement, Jésus démontre qu’Il est bien vivant, mais le fait que Jésus ressuscité mange avec ses disciples qui l’avaient abandonné indique qu’il a les a admis de nouveau en tant qu’amis à sa table: c’est un signe manifeste de pardon, nous précise le théologien Édouard Kilmartin.
Les derniers chapitres des quatre évangiles sont chargés du message qui fonde la foi chrétienne depuis deux millénaires: Le Seigneur est vraiment ressuscité! (Lc 24, 34) Et ce Seigneur ressuscité nous rejoint au plus intime de nos vies, Il nous accueille sans restriction aucune, malgré et à travers nos limites, nos erreurs, nos reniements, nos trahisons… Il est fidèle et nous accompagne sur le chemin de nos vies, Il réchauffe les cœurs. Oui, comme le dit encore Jésus dans l’Évangile de Jean, votre cœur se réjouira, et personne ne pourra vous enlever votre joie (…) et ainsi votre joie sera complète (Jn 16, 22 et 24). Oui, Jésus garde vivante son alliance avec nous tous, chacun de nous, comme il l’a fait avec Pierre qui lui a confessé non seulement sa foi profonde, mais aussi son amour indéfectible au-delà des reniements et des trahisons momentanés : Oui, Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime!
C’est à cette joie pascale et à cet amour sans réserve que l’on devrait reconnaître les vrais disciples de Jésus. Nul besoin d’être des héros. Seulement des êtres de confiance, des êtres d’espérance, des êtres qui croient que l’amour, la vie, la joie auront toujours le dernier mot malgré toutes les apparences d’échec, et même malgré la mort. Votre joie sera complète et personne ne pourra vous l’enlever.
Par Pierre Nadeau
3e dimanche de Pâques – 10 avril 2016 – Église Unie Saint-Pierre
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