Ceux et celles qui ont eu le temps d’ouvrir l’infolettre cette semaine ont été invités à effectuer un exercice aujourd’hui fort pertinent. Leur ayant proposé de s’aventurer sur Pixabay, une banque d’images en ligne, certains d’entre nous tapèrent le nom de Jésus dans le moteur de recherche.
Force est d’admettre qu’on y trouve nombre de représentations de Jésus parfois… plutôt incongrues. Ces images, générées par l’intelligence artificielle, représentent habituellement le Christ au milieu de couleurs enflammées et aveuglantes, au sommet d’un règne inspirant en quelque sorte la crainte d’un châtiment divin.
De telles images, générées comme vous le savez à partir de nos productions écrites, nos films et nos peintures, ont bien sûr de quoi nous faire sourciller. Ces représentations ne sont pas, d’ailleurs, sans nous rappeler tout l’imaginaire collectif entourant l’idée d’un règne du Christ. Un règne dont la finalité serait, pour certains, la soumission de tous les prétendus ennemis de l’Église. Ces images et représentations toutes caricaturales d’un Christ tout-puissant sont encore bien souvent, hélas, celles de l’Église et de ses discours.
Pourtant, autant l’Évangile que le reste des Écritures nous présentent une vision bien différente de Jésus et du « règne » à venir. Arrêté par les siens et jeté aux pieds du pouvoir établi pour être ainsi jugé comme traître à la nation, Jésus n’hésite pas à brouiller nos propres attentes. Notre maître, comme à son habitude, ne répond pas à la question principale qui est de savoir s’il est roi. Il se limite à affirmer que sa « royauté » n’est pas de ce monde et qu’il est simplement venu pour témoigner d’une Vérité dépassant toutes les préconceptions. Décidément, Pilate à dû être bien déçu de cette réponse-là. En tant que messager et témoin, Jésus n’a pas revendiqué de territoires ni défendu quelconque couronne, mais il a simplement pris la parole pour annoncer un royaume tout-autre.
Bien sûr, ce refus de Jésus d’entrer dans le jeu des intrigues politiques n’a pas empêché certains de monter la montagne avec des attentes vis-à-vis de Dieu. Comme Élie cherchant Dieu dans des démonstrations de force, trop de fois nous avons considéré Jésus comme un roi vainqueur des ennemis d’une Église cantonnée ici et là sur le globe terrestre.
Mais… plutôt que de céder à la tentation de couronner Jésus ou le revêtir de drapeaux patriotiques, l’Esprit saint ose nous encourager aujourd’hui à prendre le temps. Prendre le temps qu’il faut pour savourer ce qu’il y a de plus beau chez Jésus : son ambiguïté. Cette ambiguë de Jésus quant à son identité et sa provenance nous incite à nous mettre à l’écoute et à ne pas nous enfermer dans nos préconceptions.
Pour être complètement honnête envers vous, je ne crois pas qu’il y ait de réponses définitives à nos questions concernant le « règne » dont Jésus parle. Plutôt que d’accumuler les mots, je nous lance une invitation. Une invitation à faire silence au sommet de la montagne.
Prenons quelques minutes. Ouvrons nos oreilles, mais sans pour autant essayer de meubler notre inconfort avec des réponses.
(L’assemblée des croyants fait silence pendant 2 minutes )
« Il y eut devant le SEIGNEUR un vent fort et puissant qui érodait les montagnes et fracassait les rochers ; le SEIGNEUR n’était pas dans le vent. Après le vent, il y eut un tremblement de terre ; le SEIGNEUR n’était pas dans le tremblement de terre.. Après le tremblement de terre, il y eut un feu ; le SEIGNEUR n’était pas dans le feu. Et après le feu une voix de fin silence. »
Le « règne » du Seigneur n’a pas besoin d’être défendu. Il n’exige pas de sacrifices ni d’ovations pour advenir. Les tremblements de terre causés par nos processions indiffèrent Dieu, nos couronnes rouge feu lui sont sans valeurs. Son « règne », échappant à nos conceptions trop humaines, se manifeste selon d’autres modalités…
Frères et sœurs, soyons comme ces enfants qui, en toute quiétude et simplicité, écoutent le bruissement… et suivent de la voix du Seigneur.
Amen
LECTURES BIBLIQUES
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