Décaper les Écritures pour entendre la Parole

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

Heureux qui trouve chez toi sa force, qui compte sur toi (Psaume 84)

L’utilisation continue de textes antiques comme référence pour notre vie de foi est plus que jamais problématique lorsqu’on essaie de rendre compte du caractère contemporain de l’Évangile de Jésus, de témoigner que l’expérience spirituelle chrétienne est toujours des plus pertinentes. De moins en moins de gens sont familiers avec les récits bibliques, l’histoire et les pratiques religieuses des Hébreux d’autrefois. En fait les religions dites du Livre (judaïsme, christianisme et islam) n’ont plus la cote auprès du public, la plupart du temps peu ou mal informé de leurs déclarations essentielles comme de leurs orientations spirituelles profondes. Pourtant, au cœur sensible, ces ‘antiquités’ demeurent d’une valeur sinon d’une beauté réelle : par leur fréquentation régulière et l’aide précieuse d’amiEs fidèles qui partagent une semblable disposition, on parvient à en enlever la poussière, à mettre de côté les aspects vétustes, les dimensions périmées pour procéder au fil des jours puis des ans à un lent décapage qui, ô merveille, permet d’en faire ressortir la signification profonde. La tâche n’est jamais achevée car l’Écriture devient ainsi Parole, une voix qui oriente et qui n’a jamais dit son dernier mot à nous qui avançons dans le temps.

Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits.

Prenons l’allocution du roi Salomon lors de l’inauguration du temple de Jérusalem, que les études historiques font remonter plus au moins à 1 000 avant l’ère actuelle et dont on parle encore souvent pour le pire malheureusement. Son propos prend la forme d’une prière toute personnelle à Dieu, et illustre qu’une telle relation avec le sacré est disponible à toute personne qui est en quête de sens, de guérison, de miséricorde, qui recherche la bénédiction. C’est avec sa sagesse renommée qu’il affirme pendant la cérémonie d’ouverture de cet édifice : Est-ce que vraiment Dieu pourrait habiter sur la terre ? Les cieux eux-mêmes et les cieux des cieux ne peuvent te contenir ! Combien moins cette Maison que j’ai bâtie !1 Aucune construction humaine, et par extension aucune conception, théorie, système ni institution ne peut contenir le divin. Utiles et parfois prestigieux, les bâtiments jadis construits par nos ancêtres pour permettre nos rassemblements en sont malheureusement venus à usurper dans la compréhension du plus grand nombre, le nom même de la communauté qui s’y rassemblait. L’église c’est le monde, les hommes et les femmes bien vivants, tournés vers Dieu de tout leur cœur, et non un quelconque édifice ou lieu, non plus qu’un type particulier d’organisation ni de structure administrative. Sois attentif à la prière et à la supplication de ton serviteur, ô SEIGNEUR, mon Dieu ! Écoute le cri et la prière que ton serviteur t’adresse aujourd’hui ! […]Toi, écoute au lieu où tu habites, au ciel ; écoute et pardonne.2

Le Temple était une convention, un point focal géographique qui servait à garantir en quelque sorte que le Dieu infini écoutait bel et bien ce peuple qu’il avait libéré de l’esclavage et avec lequel il avait conclu une alliance : Que tes yeux soient ouverts sur cette Maison jour et nuit, sur le lieu dont tu as dit : “Ici sera mon nom.” Écoute la prière que ton serviteur adresse vers ce lieu !3 Et ce Temple n’est pas uniquement au bénéfice d’un groupe particulier : Même l’étranger, lui qui n’appartient pas à Israël, ton peuple […] toi, écoute depuis le ciel, la demeure où tu habites, agis selon tout ce que t’aura demandé l’étranger, afin que tous les peuples de la terre connaissent ton nom. 4

L’Éternel, qui est infini, n’habite pas un endroit précis et n’est la propriété de personne. C’est ce que Jésus de Nazareth, mille ans plus tard, fera comprendre de manière radicale dans les gestes percutants qu’il a posés et les paroles souvent intrigantes qu’il a prononcées. Et comme le Père qui est vivant m’a envoyé et que je vis par le Père, ainsi celui qui me mangera vivra par moi. Tel est le pain qui est descendu du ciel…5 Ces mots énigmatiques à l’époque le demeurent encore en bonne partie aujourd’hui : l’interprétation classique d’associer ces propos à la Ste-Cène n’en épuise pas le sens. C’est l’Esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie.6 Vivre de Jésus c’est intégrer comme une nourriture la réalité de son expérience de Dieu : la distance avec l’Éternel infini est abolie dans une intimité mystérieuse offerte par le pain du ciel, qui d’ores et déjà fait de l’existence de chacune et chacun un Temple, un lieu sacré où le salut est accueilli, célébré, partagé.

L’affirmation est on ne peut plus troublante : dès lors beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de faire route avec lui.7 Ces paroles deux fois millénaires sont toujours difficiles à entendre à un niveau purement rationnel. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie […] Personne ne peut venir à moi si cela ne lui est donné par le Père.8 Ensemble, amiEs en communauté, en Église, poursuivons le décapage des textes autant que celui de nos cœurs. La fidélité de Dieu continue de nous accompagner et de nous dévoiler ses merveilles. Car comme les douze l’avaient compris au plus intime :

Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as des paroles de vie éternelle. Et nous, nous avons cru et nous avons connu que tu es le Saint de Dieu.9

Saint-Pierre 21e dimanche ordinaire « B » – 26 août 2018

LECTURES BIBLIQUES

Psaume 84

Éphésiens 6, 10-201

Rois 8, 22-30.41-43

Jean 6, 56-69

1 1 Rois, 8, 27

2 1 Rois 8, 28.30b

3 1 Rois 8, 29

4 1 Rois 8, 40.43

5 Jean 6, 57.58a

6 Jean 6, 63

7 Jean 6, 66

8 Jean 6, 63b.65

9 Jean 6, 68.69

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