A supposer que vous vous fussiez déjà trouvés dans la présence de Dieu, quand était-ce la dernière fois et qu’en retenez-vous ? Cela a-t-il eu et continue-t-il à avoir une incidence dans la manière dont vous conduisez votre vie, maintenant ?
Il y a toutes sortes d’histoires sur des rencontres de divers types avec le divin, d’autre diraient plus prosaïquement le surnaturel ; nos deux récits (I Rois 19.9-13 et Matthieu 14.23-32) nous en offrent chacun une.
D’abord, I Rois19. 9-13 met en scène le prophète Elie. Notre séquence commence et se termine par la même question à laquelle Elie donne la même réponse.
C’est ce qui se passe dans l’intervalle qui va retenir notre attention aujourd’hui. Le Seigneur lui demande de sortir et de se tenir sur la montagne car il va passer.
Trois phénomènes naturels plus spectaculaires les uns les autres se succèdent : pour commencer un ouragan si violent que les rochers en sont fracassés, ensuite un tremblement de terre, et enfin un feu. Le SEIGNEUR n’était ni dans le vent, ni dans le tremblement de terre, ni dans le feu.
A la suite de tout ce déferlement de puissance dévastatrice et prodigieuse, survint « une voix de fin silence », « le son d’un bruissement ténu ». Elie se couvre alors la face car il en a l’intuition : c’est là qu’est Dieu.
Faut-il donc que nous nous apprêtions à ne pas trouver Dieu, à prime abord, dans le majestueux et le puissant, l’imposant, le spectaculaire et le bruyant ? Et pour ce faire, comment arriver à faire taire en nous le tintamarre assourdissant ? Comment nous imposer la douce violence de nous mettre à l’écoute de l’indicible et du fragile, de l’inaudible et du presque invisible pour être en mesure de percevoir Dieu, pour découvrir Dieu ?
Ensuite, notre deuxième récit nous met en présence d’un Jésus qui vient à la rencontre de ses disciples, au petit matin, après avoir renvoyé la foule et passé du temps en prière.
Oh, un détail : les disciples sont au milieu de l’eau, dans la barque où Jésus les avait obligés à remonter pour aller de « l’autre côté » du lac, un lac de douze kilomètres de large. Les vents étaient contraires et JESUS MARCHAIT SUR L’EAU !
Les disciples sont pris d’une peur panique épouvantable et Pierre, Pierre qui dégaine plus vite que son ombre, je veux dire qui parle plus vite qu’il ne pense, fait une demande … qui lui est accordée.
Tout marche bien jusqu’à ce que « voyant le vent, il eut peur ». A-t-il rationalisé et se rend-il compte qu’il est en train d’accomplir quelque chose d’impossible, quelque chose qui défie les lois de la gravité sur la planète des vaches ?
Le charme hypnotique est rompu, la magie cesse de faire son effet et les choses redeviennent normales, normales par rapport à la logique des règles prévalant sur terre. Il ne s’agit peut-être ni de magie, ni d’hypnose ; ce n’est d’ailleurs pas là le plus important. Le plus important, c’est que Pierre crie au secours et alors « aussitôt » Jésus lui tend la main et le saisit. Ils montent dans la barque et le vent tombe.
Dans le récit de l’évangile tout comme dans celui de l’Ancien Testament, nous attacher aux détails spectaculaires et surnaturels du miraculeux risque de nous aveugler et nous empêcher de découvrir Dieu. Au demeurant, en regardant d’un peu plus près l’évangile nous remarquerons une curieuse construction de la séquence.
Elle semble s’axer autour du mot « aussitôt » associé à Jésus, trois fois :
- verset 22 : 22Aussitôt Jésus obligea les disciples à remonter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules. L’œuvre de Dieu ne s’arrête pas. Il s’accomplit avec urgence, dans des rapports de courtoisie et de bienveillance, dans la discipline spirituelle, le recueillement et la prière.
- verset 27 : de peur, ils poussèrent des cris. 27Mais aussitôt, Jésus leur parla : « Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur ! Dieu connaît nos angoisses et nos tourments ; nos conditions de vie l’interpellent, même sans que nous nous adressions à lui explicitement. Nous pouvons avoir confiance et ne pas avoir peur, simplement parce c’est lui : Celui qui était, qui est et qui sera.
- verset 31 : il s’écria : « Seigneur, sauve-moi ! » 31Aussitôt, Jésus, tendant la main, le saisit. Emmanuel se tient toujours à portée de main ; nous ne sommes jamais trop loin de son bras tutélaire, si nous ne sommes, toutefois, pas trop fiers pour crier au secours.
Peut-être pourrions-nous en apprendre quelque chose qui montre qu’en fait, ce n’est pas par notre « découverte » de Dieu que nous l’amenons à l’existence. Les terres et continents tels que, par exemple, l’Afrique, la Nouvelle-France, l’Australie, les Amériques et leurs peuples n’ont pas attendu leur prétendue « découverte » par des explorateurs occidentaux avant d’entrer en existence. Ils existaient au préalable et Dieu se découvrait à leurs consciences. Lorsque nous « découvrons » Dieu, nous prenons conscience de son existence, et nous décelons sa prévenante grâce. Cette grâce nous précède toujours, instaurant ainsi en nous la soif de Dieu et rendant possible la faculté de faire le bien.
Alors quand était-ce la dernière fois que Dieu s’est découvert à votre conscience ?
Se pourrait-il qu’en ce moment-même, Dieu nous demande de le découvrir et de le faire découvrir dans les situations petites ou grandes, proches ou éloignées, dans lesquelles sa création ou n’importe lesquels de ses enfants yézidis, juifs, musulmans, chrétiens, athées, bouddhistes, traditionalistes (ou autres) vivent la peur, la solitude, l’angoisse, le dénuement, l’oppression et l’intolérance ? Oui, Dieu nous le demande sans aucun doute. Saurons-nous faire silence pour entendre le bruissement ténue de la voix qui nous appelle et nous interpelle ?
Les exemples se multiplient à l’infini que ce soit à Limoilou ou à Sillery, à l’île d’Orléans ou à Lévis, en Syrie ou en Iraq, dans le Kurdistan ou en Israël/Palestine, qui sait : ici-même dans le sanctuaire et tout à l’heure autour du babillard. Nous avons le pouvoir de faire quelque chose pour être partie prenante de la solution plutôt que du problème. Ce pouvoir nous acceptons de l’utiliser ou refusons de le faire car nous avons la liberté et les moyens de nous informer, et donc de nous solidariser ou non avec ceux et celles qui souffrent, de prier activement ou non pour la justice et l’équité, de donner ou de refuser notre argent (fût-ce la somme modique) à des commerces. Lorsque nous utilisons cette liberté et ces moyens à bon escient, nous devenons les pieds et les mains, la voix, les oreilles et les yeux qui découvrent Dieu et le font découvrir.
Qui a des oreilles pour entendre, écoute ! Amen.
Pasteur Samuel Vauvert Dansokho
Eglise Unie Saint-Pierre et Pinguet
Québec le 10 août 2014
ECRITURES
1 Rois 19.9-13 :
9Il arriva là, à la caverne, et y passa la nuit. – La parole du SEIGNEUR lui fut adressée : « Pourquoi es-tu ici, Elie ? » 10Il répondit : « Je suis rempli de zèle pour le SEIGNEUR, le Dieu de l’univers : les fils d’Israël ont abandonné ton alliance, ils ont démoli tes autels et tué tes prophètes par l’épée ; je suis resté moi seul, et l’on cherche à m’enlever la vie. » – 11Le SEIGNEUR dit : « Sors et tiens-toi sur la montagne, devant le SEIGNEUR ; voici, le SEIGNEUR va passer. » Il y eut devant le SEIGNEUR un vent fort et puissant qui érodait les montagnes et fracassait les rochers ; le SEIGNEUR n’était pas dans le vent. Après le vent, il y eut un tremblement de terre ; le SEIGNEUR n’était pas dans le tremblement de terre. 12Après le tremblement de terre, il y eut un feu ; le SEIGNEUR n’était pas dans le feu. Et après le feu une voix de fin silence. 13Alors, en l’entendant, Elie se voila le visage avec son manteau ; il sortit et se tint à l’entrée de la caverne. Une voix s’adressa à lui : « Pourquoi es-tu ici, Elie ? »
Matthieu 14.22-33 :
22Aussitôt Jésus obligea les disciples à remonter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules. 23Et, après avoir renvoyé les foules, il monta dans la montagne pour prier à l’écart. Le soir venu, il était là, seul. 24La barque se trouvait déjà à plusieurs centaines de mètres de la terre ; elle était battue par les vagues, le vent étant contraire. 25Vers la fin de la nuit, il vint vers eux en marchant sur la mer. 26En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent affolés : « C’est un fantôme », disaient-ils, et, de peur, ils poussèrent des cris. 27Mais aussitôt, Jésus leur parla : « Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur ! » 28S’adressant à lui, Pierre lui dit : « Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. » – 29« Viens », dit-il. Et Pierre, descendu de la barque, marcha sur les eaux et alla vers Jésus. 30Mais, en voyant le vent, il eut peur et, commençant à couler, il s’écria : « Seigneur, sauve-moi ! » 31Aussitôt, Jésus, tendant la main, le saisit en lui disant : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » 32Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba. 33Ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui et lui dirent : « Vraiment, tu es Fils de Dieu ! »
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