Ça y est ! On a la preuve. L’Église Unie…c’est l’Église du Christ…parce que…de Vancouver à Halifax…en passant par Québec et St-Damas-de-L’Islet…nous sommes les champions de la multiplication des pains. Vous en avez sûrement fait l’expérience une fois ou deux depuis le temps que vous fréquentez notre charge pastorale.
Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Afin de l’apprécier pleinement, il est préférable de lire, au préalable, les textes bibliques dans la version TOB, accessibles via le site http://lire.la-bible.net/. |
Nous ne vivons pas seulement de pain mais lorsque, au pain apporté par quelqu’un, on ajoute du fromage apporté par quelqu’un d’autre et du pâté apporté par un autre… un simple pain se transforme en festin! Et oui, la qualité du repas est importante…le mélange des saveurs, des textures, des épices…mais je pense que ce qui rend ces repas entre amis – que ce soit à l’église ou ailleurs – si glorieux, ce n’est pas uniquement le repas lui-même mais aussi…et surtout… la communion qui s’y vit.
Il en va de même pour le repas dans l’extrait de l’Évangile de cet après-midi. D’après moi, si on ne regarde pas plus loin que le repas en tant que tel – aussi miraculeux soit-il – on passe à côté du message central. Pensez-y un instant. De tous les signes de Jésus…la multiplication des pains est le seul qui est rapporté dans les quatre évangiles…et non pas quatre fois…mais six fois. De toute évidence les évangélistes ne voulaient pas que cette histoire passe inaperçue ! Si l’épisode de la multiplication des pains a frappé l’imagination de tous ceux qui ont essayé de mettre sur papier l’essentiel de la vie, du ministère, de la mort et de la résurrection de Jésus —sans doute est-ce parce que ce récit a quelque chose d’important à dire…non seulement sur ce que Jésus a fait de son vivant…mais aussi sur ce que nous pouvons vivre comme communauté chrétienne. Comme tout bon repas communautaire, cette histoire est très riche…et pour ne pas vous faire faire une indigestion…je vais me limiter à quelques éléments…
Premièrement, dans l’extrait de l’Évangile que nous venons d’entendre – et à quelques heures d’une semaine « à l’écart » pour me reposer, pour prier, pour dormir – je suis frappée par l’image de Jésus qui, « pris de compassion » ou « pris aux entrailles » – interrompt ses vacances, avant même qu’elles commencent, pour enseigner et nourrir la foule. Les disciples reviennent de leur première mission, ils ont passé de village en village à proclamer à qui voulait l’entendre qu’il fallait changer de comportement. Ils ont chassé des démons et guéri des malades. Jésus, lui, a été rejeté par les gens de son village et on vient d’apprendre la mort de son cousin, Jean-Baptiste. On peut comprendre qu’ils veulent « la Paix ! » Mais ce sera pour un autre tantôt.
Se retirer, c’est bien. C’est essentiel même. Et à d’autres moments nous voyons Jésus se retirer avec ses disciples… mais jamais pour longtemps. Le repos, le sabbat, la prière même, n’est jamais une fin en soit. On se tient à l’écart, on prie ensemble, pour pouvoir continuer à participer activement à l’œuvre du Christ. Non, je ne crois pas qu’il faut en conclure qu’il faut toujours être prêts – comme des scouts – qu’il faut toujours donner…jusqu’à se brûler complètement. Mais l’extrait de l’Évangile de cet après midi me rappelle que, comme Église, nous ne pouvons pas nous contenter de nous tenir à l’écart pour prier. Notre mission est celle du Christ qui, pris de compassion, a enseigné et donné à manger aux gens qui se sont approchés de lui. Même s’il avait déjà donné beaucoup.
Impossible de lire ce récit de la multiplication des pains dans un lieu désert et de ne pas entendre l’écho du récit de la manne dans le désert. Jean, essaie-t-il de dire à ses lecteurs et lectrices que Jésus est le messie tant attendu, le nouveau Moïse qui guidera son peuple vers une nouvelle libération ? Ou Dieu venu lui-même nourrir son peuple ? Le voici, dans un lieu désert en train de nourrir la multitude affamée. Sauf ce n’est pas de la manne que Jésus leur donne – une nourriture qui ne dure qu’un soir. En bout de piste, Jésus se donne lui-même et ce repas nourrira des foules pour des siècles et des siècles.
Les gestes rapportés par Jean renvoient à la Cène. Jésus lève les yeux au ciel, prononce la bénédiction sur le pain, le partage et le donne. Le pain et les poissons annoncent cet autre repas, symbole de l’amour extrême qui liera à tout jamais Jésus aux siens.
Alors, dans le fond, le texte nous mène à réfléchir sur le sens de la communion, de la communauté chrétienne et sur notre mission en tant que disciples de Jésus. Et là ces paroles de Jésus résonnent à mes oreilles comme un énoncé de mission : « Donnez-leur vous même à manger ».
« Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Comment entendez-vous cette phrase de Jésus? Il y a deux ans, presque jour pour jour, lors d’une étude biblique et un pique-nique au parc du Bois-de-Coulonge à Québec, cette question a suscité plus de points d’interrogations que de réponses. Jésus, a-t-il répondu sur un ton exaspéré, frustré parce que les disciples s’attendaient à ce qu’il fasse tout sans qu’eux aient à lever le petit doigt ? Jésus a-t-il vraiment « multiplié » les pains ou son élan de compassion a-t-il simplement suscité la générosité de la foule qui a fini par sortir et partager les provisions qu’ils avaient apportées avec eux ?
Quoiqu’il en soit, voici ce qui est clair pour moi : la spiritualité de Jésus est une spiritualité incarnée…et engagée. Nous ne vivons pas de pain seulement. Mais nous et nos frères et sœurs vivons de pain aussi. « Donnez-leur vous-mêmes à manger », c’est un appel à s’engager, à s’investir dans le partage des ressources qui sont nôtres, par la grâce de Dieu.
Jésus ne demande pas à ses disciples de faire des miracles – c’est un honneur qui lui est réservée. Ce jour-là, dans un lieu désert, Jésus dit à ses disciples de lui apporter le pain et les poissons qu’ils avaient. Jésus les prit, leva les yeux vers le ciel et remercia Dieu. Ainsi, Jésus ne nous demande que de lui offrir ce que nous avons déjà reçu comme dons de Dieu. Ensuite, nous n’avons qu’à répandre autour de nous les bienfaits que Dieu nous accorde à travers Jésus.
Dans le fond, c’est ça notre mission chrétienne : de vivre cette communion non seulement le dimanche matin – mais tous les jours de notre vie. Notre mission première n’est pas de faire vivre notre charge pastorale. Notre mission est de nourrir les foules autour de nous. Jésus nous le rappelle cet après-midi : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Ils n’avaient que cinq pains et deux poissons, les premiers disciples ! Nous en avons sûrement autant. Aux talents de l’un s’ajoutera les ressources d’un autre et l’imagination de quelqu’un d’autre. Dans les mains de Jésus, il y aura de quoi là nourrir toute une foule. Rendons grâces à Dieu par Jésus le Christ. Amen.
Par Darla Sloan
Le 19 juillet 2015 – 8 Pentecôte B15 – Visite estivale de St-Pierre à Pinguet
Lectures bibliques :
Exode 16, 1-8 & 13-15 / Matthieu 14, 13-21
2 commentaires
Je suis nourrie par ce commentaire du texte sur la multiplication des pains. Comme chrétienne, je me sens invitée à offrir au Christ tout ce que je suis pour que par Jésus, les autres bénéificient des grâces abondantes.
Je vous remercie pour vos commentaires si riches.
Merci de nous lire et de nous encourager à continuer à partager la Parole. Heureuse de savourer la bonne nouvelle avec vous. Tout de bon.