Dieu ouvre votre cœur à sa lumière, pour que vous sachiez quelle espérance vous donne son appel, quelle est la richesse de sa gloire, de l’héritage qu’il vous fait partager avec les saints. Éphésiens 1,18
Ce que j’aime de Jésus, celui que les Écritures m’amènent à connaître, c’est son sens pratique, terre-à-terre. Son message spirituel et transcendant est modelé dans la glaise de la vie de tous les jours, son amour et sa compassion s’expriment dans des gestes concrets auprès des gens ordinaires, auxquels je peux m’identifier dans ma petite vie. Plus j’avance en âge, plus cette constatation me réconforte. Sur le chemin vers Dieu Jésus est, littéralement, en tête, et nous, son corps, marchons en sa compagnie dans le quotidien de notre existence. Voilà l’appel, l’invitation à vivre toujours davantage dans la lumière divine pour actualiser ce que l’Écriture nomme l’héritage, les pratiques et les valeurs inspirées par la conversion et le pardon des péchés pour nos frères et sœurs en humanité.
Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits. |
C’est probablement aussi pour ça que je ne me reconnais pas vraiment dans bon nombre des manifestations ‘religieuses’. Je partage bien des critiques du monde séculier à leur égard. Je suis, disons allergique, au faste et au décorum cérémoniels, aux titres honorifiques et aux qualifications ronflantes des ecclésiastiques, toutes confessions voir religions confondues. L’Évangile de libération et de guérison vécu et annoncé par le Nazaréen n’a rien d’un show de boucane ou d’un tapis rouge de grande première. Cana ne ressemble en rien à Cannes ni à Hollywood.
Mais alors, que penser de l’Ascension et de ses effets spéciaux? D’abord, préciser une chose. Les textes bibliques décrivent les apparences immédiates, dans un monde préscientifique d’il y a 2000 ans. Ils utilisent sans gêne les symboles et images poétiques et mythiques pour transmettre un message philosophique, psychologique et spirituel. Comme il les bénissait, [Jésus] se sépara d’eux et fut emporté au ciel. Très sobre n’est-ce pas. Pas de feux d’artifice, de fracas. Jésus ressuscité y était il n’y est plus, un point c’est tout. Mais ce n’est pas un point final… L’Ascension en fait complète le passage mystérieux de Pâques. Après sa résurrection, Jésus montre qu’il est toujours le même mais que désormais ce sera de manière différente. On pourrait dire qu’il flâne d’abord auprès de ses amis sur terre, pour bien leur faire comprendre que dorénavant c’est eux, collectivement, qui le rendront présent. Puis il est emporté au ciel. L’Ascension proclame de manière imagée la permanence de la présence spirituelle du ressuscité, qui finalise son passage (Pâques) d’un endroit déterminé à un état illimité. Les cinq sens nous donnent accès à une partie du réel bien que l’image globale, la vision d’ensemble nous échappe nécessairement.
Cette présence du Galiléen ressuscité acquiert maintenant une expansion sans pareille comme l’évoque la lettre aux Éphésiens : à sa droite [de Dieu] dans les cieux, bien au-dessus de tout […] il a tout mis sous ses pieds et il l’a donné, au sommet de tout. J’ai le sentiment que l’objectif de ce texte n’est pas de nourrir un orgueil sectaire ni de légitimer les mises en scènes grandioses des institutions ecclésiales comme nous l’avons tristement vécu dans les siècles passés. En fait, un peu comme un livret d’instruction ou un mode d’emploi, il nous informe de ce qui est à notre disposition, de ce que nous pouvons et devrions consciemment utiliser, quelle immense puissance Dieu a déployée en notre faveur à nous les croyants ; son énergie, sa force toute-puissante, il les a mises en œuvre dans le Christ. Pour reprendre la célèbre phrase de la Table d’émeraude, document mystérieux de l’antiquité, « ce qui est en bas est comme ce qui est en haut ».
L’Ascension de Jésus exprime symboliquement depuis 2000 ans ce que l’éveil écologique des dernières décennies a exprimé ainsi : Penser globalement, agir localement. Bien avant les satellites et la station spatiale, bien avant la toile d’Internet et Google Earth, nous avions et avons toujours au-dessus de toute Autorité, Pouvoir, Puissance, Souveraineté et de tout autre nom qui puisse être nommé, non seulement dans ce monde, mais encore dans le monde à venir […] Jésus au sommet de tout, tête de l’Église qui est son corps, la plénitude de celui que Dieu remplit lui-même totalement.
Frères et sœurs, c’est cette perspective globale qui doit informer et orienter notre agir local. Le salut offert gratuitement se vit dans l’humble grandeur des gestes d’amour, de compassion et de solidarité de nos situations limitées, au quotidien. Et pourtant c’est là que le plan d’ensemble s’actualise. À travers nous. Voilà le cœur de la religion, le diamant précieux de l’expérience spirituelle et la raison de notre regroupement et de notre célébration dominicale. Nous sommes chacune, chacun, membres de son Corps. Circule en nous son énergie, sa conscience et sa puissance, toujours sous le mode de la bonté et de la tendresse pour incarner la justice et la guérison. Réjouissons-nous dans cette certitude et osons puiser aux ressources infinies que Jésus souhaite que nous utilisions pour prolonger sa présence. Amen.
Par Denis Fortin, pasteur
Saint-Pierre / 7e de Pâques « A » 28 mai 2017 Dimanche de l’Ascension
4 commentaires
C’est rafraîchissant, dynamique et non statique.
Nous rappeler notre raison d’être chrétien et surtout disciple, nous invite spécialement
au quotidien dans des actions terre à terre (comme tu spécifies) à notre portée et tout
accompagnées de sa Présence.
Merci
Heureux que, par la grâce de Dieu, ce message soit une source d’inspiration!
Message chrétien bien inspirant pour notre monde actuel. Il a fallu que je vous quitte pour que vous réalisiez que je suis présent en chacun de vous, ici et maintenant. Belle transition avec la Pentecôte, l’Esprit présent en chaque être vivant, animaux, végétaux et minéraux.
Noble et merveilleux rôle que le nôtre. Soyons Pentecôte. Au plaisir de vous revoir.