Depuis plusieurs jours, les versets de l’Évangile de Matthieu que nous venons d’entendre – mais dans la version de la Bible de Chouraqui – résonnent en moi comme un mantra… ou comme un slogan scandé lors d’une manifestation : « En marche, les humiliés du souffle ! […] En marche, les endeuillés ! […] En marche, les humbles ! […] En marche, les affamés et les assoiffés de justice ! […] En marche, les matriciels ! […] En marche, les cœurs purs ! […] En marche, les faiseurs de paix ! […] En marche, les persécutés à cause de la justice ! […] En marche, quand ils vous outragent et vous persécutent, en mentant vous accusent de tout crime, à cause de moi. […] »

En marche ! D’après certains, le mot grec traduit en français par heureux, ne serait pas un adjectif décrivant l’état d’esprit des pauvres de cœur etc. Ce serait d’abord et avant tout une salutation, un mot d’accueil, de bienvenue. N’oubliez pas, nous sommes au début du ministère de Jésus. Il vient de choisir ces premiers disciples. Le sermon sur la montagne serait alors un sort de discours d’investiture, si vous voulez, qui inaugure la communauté que Jésus veut constituer… et nous laisse entrevoir sa vision du monde tel qu’il veut le bâtir. Dans un sens il dit :  « Bienvenue, vous les pauvres de cœur, les cœurs purs…les doux, vous qui pleurez ! C’est pour vous que je suis venu. » C’est aussi une invitation – aucune coercition – une invitation ouverte à toutes et à tous à se joindre à un mouvement. En marche ! Les disciples du Christ forment une communauté debout et en chemin… vers un bonheur… une joie que Dieu seul peut nous offrir. En marche ! Les disciples de Jésus ne se retranchent pas derrière des murs. Oui, Jésus enseigne dans les synagogues, il va au temple pour se ressourcer mais toujours pour se préparer à descendre dans les rues, à aller à la rencontre des gens – même des étrangers – afin de les libérer de tout ce qui les accablent. Écoutez bien : « Sa renommée gagna toute la Syrie, et on lui amena tous ceux qui souffraient, en proie à toutes sortes de maladies et de tourments : … il les guérit ».

« En marche ! », nous dit Jésus, « Quand ce qui se passe autour de vous vous coupe le souffle. Quand le cœur vous manque. Quand vous croyez avoir versé toutes les larmes de votre corps dans le deuil de vos aspirations les plus grandes et vos espoirs les plus nobles. Quand vous avez l’impression de reculer plutôt que d’avancer. En marche! Venez à ma suite. Joignez-vous au mouvement qui mène loin. Le monde actuel n’est pas le seul monde possible. Un monde nouveau nous attend. En marche, les humbles, les affamés et assoiffés de justice, les cœurs purs, les gens qui modèlent leur vie sur la volonté Dieu, marchant dans l’intégrité, pratiquant la justice et rejetant le mensonge, les faits alternatifs », si vous voulez.

En marche ! Ce n’est pas une invitation à un happening d’un jour qui, certes, nous donnerait le sentiment de faire quelque chose… et le rush d’adrénaline des soulèvement populaires, mais qui, en soi, ne changerait pas grand chose. Jésus nous invite plutôt à un mode de vie qui, à vrai dire, n’a jamais été vraiment populaire. Car il s’agit d’un chemin de vie qui nous donne parfois l’impression de ramer à contre courant, sinon d’avoir été abandonnés de tous en cours de route. Et pourtant… comme Jésus nous l’a démontré de sa propre vie, c’est le seul chemin qui débouche sur le salut, une vie radicalement différente de celle qu’on connaît actuellement, une vie saine pour toutes et tous et pour la création tout entière.

Et si c’était ça, l’interpellation à être des pierres vivantes :

Nous sommes appelés à constituer une communauté de disciples fortifiés par le lait pur de la Parole, marchant au jour le jour d’un pas solide, à la suite du Christ sur le chemin de la croix : sortant dans la rue, dénonçant l’hypocrisie par des paroles d’intégrité et des gestes solidaires, combattant les ténèbres du mensonge par la lumière de la vérité ; et cela en rejetant toute méchanceté, toute ruse, toute forme d’envie et de médisance ; en prenant le risque de la confiance pour avancer vers le partage et la communion avec Dieu et les autres. À l’instar de Jésus, notre seul Seigneur, nous sommes appelés à être matriciels – c’est à dire à modeler toute notre vie sur les commandements de l’amour de Dieu et du prochain comme nous-mêmes. C’est la voie du salut pour le monde entier. Aujourd’hui, Jésus nous invite à reprendre notre souffle et à renouveler notre engagement à le suivre. Frères et sœurs, en marche ! Par la grâce de Dieu, le royaume des cieux est à nous toutes et tous. Amen.

Question de la semaine : Quel serait pour vous le prochain pas ?

Par Darla Sloan

Le 29 janvier 2017 – 4 Épiphanie A17 – Église Unie St-Pierre

LECTURES BIBLIQUES

1 Pierre 2, 1-5

Matthieu 4.23 – 5.12