Envoi spirituel : une parole croyante lors d’une célébration de fin de vie

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À l’occasion du service à la mémoire de Louise, une amie de la famille, au temple Chalmers-Wesley de Québec

Dans une entrevue récente, Gilles Vigneault, ce poète qui nous est si proche et que Louise aimait, disait ceci à propos de la mort:

« Mourir, c’est dans l’ordre des choses. (…) Certains disent que c’est l’inverse de la vie, comme la nuit pour le jour, mais peut-être pas tant qu’on pense. Pour moi la mort c’est une belle aventure. La vie qui continue. Les jeunes aujourd’hui me semblent souvent à la recherche d’exploits inouïs, de défis nouveaux; ils les recherchent dans l’imaginaire de la science-fiction, sans savoir qu’il y a une aventure palpitante et extraordinaire dans la foi, la foi dans l’âme et dans la continuité de la vie dans la mort. C’est la fin du monde quand on meurt mais c’est le commencement d’un autre. Cette foi me tient en vie, debout, tous les matins. Elle aide à croire en l’autre, croire en soi, croire à plus grand que soi, croire qu’un rien, une rencontre comme la nôtre, par exemple, puisse faire grandir quelqu’un d’autre. C’est constructif, c’est du bâtissage, la foi.

En français, le verbe croire se conjugue à certains modes et à certains temps comme le verbe croître, (…) car je dis souvent que la foi me fait grandir. Il faut y mettre du sien. Le doute en fait partie, le doute est un poète, un constructeur. Le poète doute tout le temps. Du choix des mots, de leur sens, s’il faut les dire, ou les taire. Douter, c’est rester à la disposition de la vie. (…)

Être athée ne préserve pas de croire. Il y en a même qui croient beaucoup. À l’argent, par exemple, mais s’imaginent-ils à quel point ils croient sans croître? Qu’est-ce que cela signifie? Un poème que je viens d’écrire se termine ainsi : « c’est la première foi » (f-o-i). La première foi, c’est la confiance. »[1] (Fin de la citation).

Dans la chanson Gens du pays qui a accompagné le dernier souffle de Louise, Gilles Vigneault chante : Le temps que l’on prend pour dire Je t’aime/C’est le seul qui reste au bout de nos jours ». Quand il a composé cette chanson, le poète était-il conscient qu’il se faisait l’écho d’un texte de près de 2000 ans? En effet, en l’an 56, un nommé Saul de Tarse, mieux connu sous le nom de saint Paul, insérait dans une de ses lettres une hymne à l’amour qui commence par les mots suivants : Quand je parlerais en langues, celle des hommes et celle des anges, s’il me manque l’amour, je suis un métal qui résonne, une cymbale retentissante. Plus loin : L’amour ne disparaît jamais. Et à la fin: Maintenant donc ces trois-là demeurent, la foi, l’espérance et l’amour, mais l’amour est le plus grand. (1 Co 13, 1-13).

Nous tous et toutes ici présents sommes encore au temps où avec l’amour, le plus grand, demeurent la foi et l’espérance. La foi demeure, c’est-à-dire la confiance en en une force du bien à la source de notre présence dans l’univers en évolution; une bienveillance qui nous accompagne au cœur des épreuves de nos vies et que la tradition religieuse appelle « Dieu ». L’espérance demeure aussi, c’est-à-dire l’anticipation qui nous anime d’un possible lendemain meilleur, y inclus d’un commencement au-delà de la mort. Des trois, foi, espérance et amour, l’amour est le plus grand et il ne disparaît jamais, nous dit saint Paul. « C’est le commencement, et c’est le commencement », suivant la parole de Louise qui titrait le message que ses enfants adressaient aux proches dans les heures qui ont suivi son départ.

Le jour du décès de Louise, à 16 h, en marche, Jocelyne et moi, sur une montée enneigée de Montmagny, entre le fleuve et la 132, nous avons fait une pause, parce que nous savions que c’était l’heure du grand départ. Avant que nous ne prenions un temps de silence, j’ai lu ce qu’on appelle, dans la liturgie de mon Église, une « recommandation à Dieu », celle que j’avais composée pour ce moment où Louise allait entrer dans son « commencement ». Comme on avait convenu, elle et moi, que j’allais vous livrer ma parole de croyant à l’occasion de cette célébration dans laquelle nous sommes, je conclus en vous partageant cette prière, à laquelle je vous invite à vous associer en pensée, si vous vous sentez à l’aise de le faire.

Prions. À toi, Source de toute vie, nous recommandons notre sœur Louise. Accueille, nous t’en prions, ta fille que tu connais et qui ne quitte pas ce monde sans que tu le saches. Reçois-la dans le refuge de ton amour, en compagnie de tous ceux et celles qui l’ont précédée sur ce chemin terrestre, en particulier ceux et celles qui l’ont connue et avec qui elle a appris à aimer. Qu’elle repose dans ta paix, là où il n’y a plus ni peine, ni tristesse, ni gémissements mais la vie sans fin. Nous te le demandons par Jésus Christ, Parole de Dieu en ce monde, en qui nous est donnée, dans la confiance, la vive espérance d’une vie au-delà de la mort. Amen.

[1] Source : « Le veilleur au milieu de la brume. Grand entretien avec Gilles Vigneault », Relations, 815, Hiver 2021-2022, entrevue réalisée par Jean-Claude Ravet, extraits aux pages 60 et 61.

 

 

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