« Convertissez-vous ! … Espèce de vipères ! Produisez donc du fruit qui témoigne de votre conversion ! » Woaaah ! Les nerfs, Jean le Baptiste ! On sait qu’on a des choses à travailler. C’est pour ça qu’on est venus. Ok… on n’est pas parfaits… mais c’est quoi ton problème ? T’as pris ton Nescafé ce matin ou quoi ? On est le dimanche de la Paix, après tout… alors… de grâce… laisse-nous la paix !
Aaaah…ça c’est mieux ! C’est calme. Beaucoup de vert. Couleur apaisante. C’est rassurant. Ils sont là, ensemble : le lion, l’agneau, avec l’enfant, devenu grand maintenant, qui est venu les guider. Le paradis retrouvé. La sainte Paix. Aaaah que c’est beau!
Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits. |
Et si c’était vrai… ? Si on se faisait plus aucun mal… plus de « ismes » (racisme, âgisme, sexisme etc.), plus d’intimidation, plus chicanes, plus de conflit israélo-palestinien, plus d’incompréhension intergénérationnelle, plus de rivalité entre chrétiens et musulmans… ni de tensions entre chrétiens conservateurs et libéraux. Ce serait beau n’est-ce pas, si on arrêtait de détruire des villes, des pays entiers, des années de rapports et de cohabitation harmonieux… sans parler de la confiance et le respect mutuel sur lesquels se fond tout amour ? Et si c’était vrai… ? C’est pour ça qu’on prie. C’est ça qu’on espère, non ?
Et Jean nous répond : prier, c’est bien. Mais qui vous a appris que « Paix » rime avec « tranquillité » ? La paix, c’est exigeant. La paix, on la choisit. Pour qu’on retrouve la Paix, le lion doit faire le choix délibéré d’être végétarien et s’engager résolument le demeurer. La Paix, on la cultive. Et ça ne se fait pas sans émondage : de nos anciennes façons d’être dans le monde. Dieu en est notre juge. Dieu sait tout ce qui étouffe la vie et empêche la paix de couler en nous comme une rivière : nos blocages, notre ressentiment, nos peurs, nos préjugés, nos veilles blessures.
Dieu est notre juge, et notre espérance. Ésaïe nous le rappelle : même d’une vieille souche pourrie… coupée au ras le sol, il peut sortir une pousse nouvelle. Il y a donc de l’espoir, même dans ce monde qui est souvent comme une jungle où les loups dévorent les agneaux, un monde où les ours, les lions agressent les plus faibles, les malheureux, des peuples entiers. Il y donc de l’espoir, même pour nous, parce que cette violence du monde… nous la reconnaissons en nous-mêmes, n’est-ce pas ?
La bonne nouvelle, c’est que Dieu nous reconnaît comme ces créatures… comme il reconnaît le lion, le léopard et le serpent comme étant tous des créatures magnifiques dans leur genre. Et mieux encore, Dieu se reconnaît en nous, nous qui sommes faits à son image.
Si nous « soupirons après la paix », n’est-ce pas parce qu’en quelque part, au plus profond de nous, nous reconnaissons ce pour quoi nous avons été faits ? Nous n’avons pas à apaiser Dieu, Dieu est la Paix. C’est nous que nous devons apaiser. Et dans le fond, ce n’est pas plus compliqué… que de respirer plus profondément.
Oui, ça demande des efforts de notre part. Comme ça demande des efforts pour améliorer notre capacité cardio-pulmonaire, ça prend des efforts pour augmenter notre capacité à vivre paisiblement. Et justement, c’est en notre capacité. En lisant ces versets du livre d’Ésaïe, ne voyons-nous pas toutes et tous Jésus, l’incarnation de cette vision de la Paix retrouvée. Jésus est notre assurance qu’il est humainement possible d’incarner cette paix… de la vivre dès aujourd’hui… dans notre vie de tous les jours comme il l’a fait lui-même. N’affirmons-nous pas semaine après semaine que l’Esprit qui était sur Jésus (esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de vaillance) travaille en nous et parmi nous pour réconcilier… même les loups et les agneaux, même les lionceaux et les bœufs de sorte que le puissant devienne capable d’aider le faible, que le fort soit au service de ce qui est beau et bon, de ce qui est juste. Le même Esprit qui était sur Jésus, vient nous aider à réconcilier toutes les dimensions de nos relations et de notre être.
Par la grâce de Dieu, la question n’est pas si c’est vrai… mais plutôt quand Dieu achèvera-t-il son œuvre et comment allons-nous collaborer à ce qui a débuté en cet enfant que Dieu nous envoya. Amen.
Par Darla Sloan
4 décembre 2016 – 2e dimanche de l’Avent – Église Unie St-Pierre
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