Savez-vous quel jour on est aujourd’hui? C’est notre anniversaire. Ça fait un an que je suis revenue à St-Pierre et Pinguet. Et saviez-vous que, bien de devenir la première femme pasteure ici, j’étais la première guide touristique rémunérée à Chalmers-Wesley. C’était mon emploi d’été en 1998. C’était la première fois depuis longtemps que le temple était ouvert 7 jours par semaine pour accueillir des visiteurs et répondre à leurs questions. Savez-vous quelle était la question la plus fréquente ? C’est quoi la différence ?
Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Afin de l’apprécier pleinement, il est préférable de lire, au préalable, les textes bibliques dans la version TOB, accessibles via le site http://lire.la-bible.net/. |
Certains en avaient déjà une idée. Ils disaient, « Vous ne croyez ni à la vierge Marie ni aux saints, c’est ça, hein ? » « Euh…non…c’est pas tout à fait ça, non ». Laissons de côté la vierge Marie, pour ce matin…mais que dire de la place des saints dans le protestantisme ? Oui, il est vrai que les réformateurs… Luther, Calvin et les autres… s’opposaient avec véhémence au culte des saints insistant pour dire que le Christ est notre seul médiateur. Non, nous ne prions pas les saints et les saintes de Dieu mais il est inexact de dire que les protestants ne croient pas aux saints.
Pour les protestants, la Bible est la source première d’inspiration et l’autorité ultime en matière de foi. Ainsi, pour comprendre comment les Protestants se placent par rapport aux saints, serait-il utile de nous tourner vers les Écritures. Commençons par l’extrait de la lettre aux Éphésiens que nous venons d’entendre : « Paul, apôtre de Jésus Christ par la volonté de Dieu, aux saints et fidèles en Jésus Christ : à vous grâce et paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ.» En fait, ici, comme ailleurs dans le Nouveaux Testament, « être saint » est tout simplement synonyme « d’être chrétien ». Les fidèles en Jésus Christ, ceux et celles qui mettent leur confiance en lui, sont tous des saints et des saintes. Rien de magique. Rien d’extraordinaire là-dedans. En effet, Paul – tout comme ceux qui écrivaient en son nom – écrivait à des gens bien ordinaires. Oui, Paul chantait souvent les louanges de ses frères et sœurs en Christ pour leur vie et leur foi exemplaires, mais il lui arrivait aussi de leur reprocher de ne pas mener une vie digne de leur vocation chrétienne… de faire le mal qu’ils ne devaient pas faire plutôt que le bien que le Christ les appelait à faire… tout comme lui, d’ailleurs. Non, les destinataires des lettres du Nouveau Testament n’étaient pas sans reproches. Et pourtant, ils étaient toutes et tous saints dans le sens premier du terme.
Selon la tradition judéo-chrétienne, « Saint » veut dire « séparé », « mise à part ». Dieu est saint parce que Dieu est Dieu, le Tout-Autre. Mais selon la Bible, tout ce qui appartient à Dieu est saint…par association si vous voulez. Voilà pourquoi les fidèles qui appartiennent à Dieu par leur foi en Jésus sont aussi des saints et des saintes : hommes et femmes, mis à part « pour rendre gloire à Dieu, tant par l’adoration que par le service ». Par définition, tout le peuple de Dieu est saint, mis à part pour adorer et servir leur Dieu. Dans Lévitique 19, 2 Le Seigneur dit à Moïse : « Parle à toute la communauté des fils d’Israël ; tu leur diras : Soyez saints (soyez autre, soyez distincts) car moi je suis saint, le Tout autre, le Seigneur votre Dieu. » En fait, toute la loi de Moïse a pour but de sanctifier le peuple de Dieu. La loi régit tous les aspects de la vie, distinguant ainsi le peuple d’Israël de leurs voisins… leur conférant une identité distincte. Ainsi, la loi fait-elle du moindre geste de la vie quotidienne un acte d’adoration. Du lever au coucher, au temple, au travail et à la maison, toute la vie est dédiée à Dieu…et tout ce qui est dédié au Dieu très saint, devient saint par association.
Là, la question se pose, en quoi notre vie est-elle Autre ? En quoi… notre vie est-elle distincte de celles des autres, et particulièrement de ceux et celles qui ne sont pas pratiquants ou croyants ?
Comme je le disais, les premiers Chrétiens étaient des saints, non pas parce qu’ils étaient entièrement sans reproche, mais parce qu’ils étaient mis à part. Ils se démarquaient… par leur adoration et leur service. Dans une société hautement et rigidement hiérarchisée, les premières communautés chrétiennes se distinguaient par leur inclusivité. Riches et pauvres, juifs et non-juifs s’assoyaient à la même table, signe qu’ils étaient membres d’une seule et même famille marquée par l’entraide, le soutien mutuel et surtout par l’espérance qu’ils avaient trouvée dans leur foi en Christ.
En fait, peut-être plus que tout, dans un monde où les raisons de désespérer semblent souvent plus nombreuses que les raisons d’avoir confiance, l’espérance est le premier trait distinctif d’un saint ou d’une sainte. C’est aussi la bonne nouvelle dont nos contemporains ont désespérément besoin. Cette espérance, c’est la conviction que notre vie actuelle, paralysée et étouffée par le péché (c’est-à-dire notre séparation de Dieu et de sa volonté pour nous) n’est pas la seule vie possible. Une autre vie, une vie parfaite, nous est offerte par la grâce du Tout Autre.
Là, arrêtons-nous sur le mot « parfait ». Dans l’Évangile de ce matin, Jésus nous dit : « vous serez parfaits, comme votre père céleste est parfait. » Nous serons parfaits…le mot traduit par parfait…veut dire en fait… complet…entier….dans le sens de « complètement attaché à Dieu » (Dt 18, 13). Jésus nous dit donc que nous serons des êtres complets…entiers…comblés de ce qui nous manque le plus au monde…nous serons comblés de Dieu. Pour Jésus, une vie parfaite…est une vie de plénitude…une vie vécue en communion avec Dieu et avec les autres. Cette vie parfaite est une réalité en devenir…nous n’y goûterons pleinement que le jour où nous verrons et connaitrons Dieu comme Dieu nous voit et nous connait maintenant. (1 Corinthians 13, 13) Mais la vie parfaite à laquelle nous sommes destinés nous est déjà accessible…par le Christ. Celui qui a partagé notre humanité nous a donné son Esprit Saint…afin de nous combler de sa divinité et de nous rendre parfaits comme lui il est parfait—complètement attaché à Dieu.
En vérité, je vous le dis, ce n’est pas parce que nous menons une vie sans reproche que nous sommes parfaits…c’est parce que nous sommes parfaits…complets et comblés de l’Esprit Saint que nous menons une vie de plus en plus conforme à la volonté de Dieu. Béni soit Dieu de notre Seigneur Jésus Christ qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle et qui nous a choisis pour être saints et saintes sous son regard… dans l’amour. Amen.
Par Darla Sloan, pasteure
Le 1 novembre 2015 – 23 Pentecôte/La Toussaint B15 – Église Unie St-Pierre
LECTURES BIBLIQUES
Éphésiens 1, 1-14
Matthieu 5, 43-48
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