« Je regarde la terre : elle est déserte et vide ; le ciel : la lumière en a disparu. Je regarde les montagnes : elles tremblent ; toutes les collines sont ballottées. Je regarde : il n’y a plus d’hommes et tous les oiseaux ont fui. Je regarde : le pays des vergers est un désert, toutes les villes sont incendiées… » (Jérémie 4, 22-26) Ouf! On n’a pas besoin de beaucoup d’imagination pour voir des reflets de l’état du monde d’aujourd’hui dans cet extrait du livre de Jérémie, vieux de plus de deux siècles et demi. Non, je ne crois pas que Jérémie avait une boule de cristal qui lui permettait de prédire l’avenir… et surtout pas un avenir aussi lointain que le 21e siècle. Jérémie observait simplement l’état du monde dans lequel il vivait, un monde déchiré par des guerres engendrés par les machinations de tyrans qui ne qui ne cherchaient qu’à consolider leur pouvoir et leurs avoirs; un monde où bon nombre de religieux ne ménageait pas leurs efforts pour sauvegarder le culte… sans se soucier de l’injustice social qui régnait et auquel eux-mêmes contribuaient si souvent. Jérémie observe le monde dans lequel il vit et discerne une vérité qui vaut autant pour son époque que pour la nôtre. Nos actes ont des conséquences… et pas uniquement sur notre vie… et notre salut personnel. L’empreinte de notre façon de vivre peut être planétaire… voire cosmique. « C’est pourquoi la terre est en deuil, et, là-haut, le ciel s’assombrit », nous dit Jérémie (v. 28).
Notre façon de vivre et d’interagir dans le monde peut avoir des conséquences désastreuses. Le nier, faire comme si de rien n’était, s’imaginer que c’est la faute des autres, que nous n’avons rien à voir avec tout ce qui ne tourne pas rond, cela ne changera rien. « Oui, mon peuple est bête ; ils ne me connaissent pas. Ce sont des enfants bornés ; ils ne peuvent rien comprendre. Ils sont habiles à faire le mal ; faire le bien, ils ne le savent pas. » (Jérémie 4, 22). Aujourd’hui, on dirait que c’est une réalité systémique. Tous les enfants de Dieu, souvent bien malgré eux, contribuent au mal dans le monde. Ce n’est pas la volonté de Dieu. Mais Dieu ne laisse pas ses enfants faire à leur tête sans qu’il y ait des conséquences. Car, comme un parent aimant et patient qui a confiance en ses enfants, Dieu espère toujours que nous changerons de comportement et nous promet qu’il ne sera jamais trop tard pour repartir à neuf. Dieu finira par raison de notre déraison et de notre entêtement. « Ainsi parle le SEIGNEUR : Toute la terre devient désolation,
– pourtant je ne fais pas table rase. » (v. 27).
Toutes et tous, nous faisons le mal. Toutes et tous nous sommes pécheurs. Nous nous éloignons de la volonté de Dieu, nous manquons la cible. On pourrait penser que Dieu a toutes les raisons de demeurer éternellement en colère contre ses enfants rebelles. Mais les extraits bibliques de ce matin l’affirment : il n’est jamais trop tard pour faire le bien. Toutes nos actions… les bonnes autant que les mauvaises… ont des conséquences sur notre vie, sur la Terre comme au ciel. « Il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pêcheur qui se convertit », nous affirme Jésus aujourd’hui. Et c’est plus que des belles paroles ça… c’est sa promesse… une promesse qui plus sûres que toutes les promesses électorales qu’on a entendues de toute notre vie!
Se convertir, c’est changer notre façon de penser et de voir le monde, ce qui amène nécessairement à un changement de comportement, de notre façon d’être. Se convertir, c’est se rapprocher de Dieu et de sa volonté pour nous et pour notre monde.
Si Jésus a voulu faire des disciples, ce n’était pas simplement pour remplir nos temples. Jésus n’avait rien contre des assemblées où l’on prie et l’on chante. Au cours de sa vie, il est allé au temple pour écouter et pour apprendre (Luc 2, 46). Il avait l’habitude d’aller à la synagogue (4, 16). Mais pour Jésus, aller au temple ou à la synagogue ou au temple n’était pas une fin en soi. La vie de Jésus nous le démontre de différentes manières : le but de tout cheminement spirituel est la transformation du monde… un cœur à la fois.
Un à un, pécheurs que nous sommes, Jésus vient nous chercher… comme un berger qui recherche une brebis perdue. Dans la parabole qu’il nous raconte ce matin, Jésus nous laisse imaginer l’isolement et la détresse de la brebis coupée du troupeau. Mais ce n’est pas à la brebis de retrouver son chemin toute seule par ses propres moyens. La brebis est recherchée, trouvée, portée par le berger.
Arrêtons ici un instant pour parler des 99 justes qui sont supposément laissés dans le désert. Qui sont les justes ? Et si l’un des buts de cette parabole était de nous amener à nous poser justement cette question. Qui est vraiment juste ? Qui n’est pas pécheur au juste ? Quoi qu’il en soit, le berger partira à la recherche de tout pécheur… peu importe le désert dans lequel il se trouve. Et il n’y a pas lieu de s’inquiéter des justes (si justes il y en a vraiment… ce n’est pas à moi de juger.) Comme ils sont justes – c’est-à-dire justifiés, bien alignés sur la volonté de Dieu – ils vont suivre la voix de leur berger. Et s’ils finissent par s’égarer à leur tour ou s’ils font face à des dangers, le berger viendra les chercher, les portera sur ses épaules autant de fois qu’il faudra… tant son amour et sa bienveillance sont infinis.
Se laisser porter… pas aussi facile qu’on pourrait le croire. Si vous avez déjà essayé de porter dans vos bras ou sur vos épaules un enfant qui ne voulait pas se laisser porter, vous comprenez ce que je veux dire ! Se laisser porter, c’est une discipline.
C’est un peu la discipline qu’on développe en venant ici, n’est-ce pas? Le culte et tous nos exercices spirituels et activités de ressourcement nous apprennent à nous laisser porter par notre berger, à faire confiance à celui qui ne veut qu’une chose : nous ramener à notre place dans son troupeau.
Un jour Jésus m’a conduit jusqu’ici. Bon, je savais que j’étais un peu… pas mal… perdue dans la vie. Mais je ne savais pas… du moins pas consciemment… que c’était parce que je m’étais tant éloignée de Dieu et de sa volonté pour ma vie… et pour le monde que Dieu m’avait confié. Je ne savais pas que c’était une communauté de foi qui me manquait. Un jour, Jésus m’a conduit ici et depuis, par la grâce de Dieu, beaucoup de choses ont changé dans ma vie… dans mon cœur, dans ma façon de penser, dans ma façon de voir, de vivre et d’être dans le monde. Bon… quand je regarde l’état du monde… je me dis que cela changera pas grand-chose… Puis je vous regarde… vous et tant d’autres qui ont appris à se laisser porter… qui se sont laissés justifier… réaligner sur la volonté de Dieu… et je trouve un peu d’espoir. Il n’est jamais trop tard pour faire le bien. Toutes nos actions ont des conséquences sur notre vie, et sur la Terre comme au ciel. « Il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pêcheur qui se convertit ». Imaginez toute une gang ! Amen.
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