Le 16 novembre 2014 – 23e dimanche après la Pentecôte
Lectures bibliques
1 Thessalonians 5, 1-11
Quant aux temps et aux moments, frères, vous n’avez pas besoin qu’on vous en écrive. 2Vous-mêmes le savez parfaitement : le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit. 3Quand les gens diront : « Quelle paix, quelle sécurité ! », c’est alors que soudain la ruine fondra sur eux comme les douleurs sur la femme enceinte, et ils ne pourront y échapper. 4Mais vous, frères, vous n’êtes pas dans les ténèbres, pour que ce jour vous surprenne comme un voleur. 5Tous, en effet, vous êtes fils de la lumière, fils du jour : nous ne sommes ni de la nuit, ni des ténèbres. 6Donc ne dormons pas comme les autres, mais soyons vigilants et sobres. 7Ceux qui dorment, c’est la nuit qu’ils dorment, et ceux qui s’enivrent, c’est la nuit qu’ils s’enivrent ; 8mais nous qui sommes du jour, soyons sobres, revêtus de la cuirasse de la foi et de l’amour, avec le casque de l’espérance du salut. 9Car Dieu ne nous a pas destinés à subir sa colère, mais à posséder le salut par notre Seigneur Jésus Christ, 10mort pour nous afin que, veillant ou dormant, nous vivions alors unis à lui. 11C’est pourquoi, réconfortez-vous mutuellement et édifiez-vous l’un l’autre, comme vous le faites déjà.
Matthew 25, 14-30
14« En effet, il en va comme d’un homme qui, partant en voyage, appela ses serviteurs et leur confia ses biens. 15A l’un il remit cinq talents, à un autre deux, à un autre un seul, à chacun selon ses capacités ; puis il partit. Aussitôt 16celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla les faire valoir et en gagna cinq autres. 17De même celui des deux talents en gagna deux autres. 18Mais celui qui n’en avait reçu qu’un s’en alla creuser un trou dans la terre et y cacha l’argent de son maître. 19Longtemps après, arrive le maître de ces serviteurs, et il règle ses comptes avec eux. 20Celui qui avait reçu les cinq talents s’avança et en présenta cinq autres, en disant : “Maître, tu m’avais confié cinq talents ; voici cinq autres talents que j’ai gagnés.” 21Son maître lui dit : “C’est bien, bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle en peu de choses, sur beaucoup je t’établirai ; viens te réjouir avec ton maître.” 22Celui des deux talents s’avança à son tour et dit : “Maître, tu m’avais confié deux talents ; voici deux autres talents que j’ai gagnés.” 23Son maître lui dit : “C’est bien, bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle en peu de choses, sur beaucoup je t’établirai ; viens te réjouir avec ton maître.” 24S’avançant à son tour, celui qui avait reçu un seul talent dit : “Maître, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes où tu n’as pas semé, tu ramasses où tu n’as pas répandu ; 25par peur, je suis allé cacher ton talent dans la terre : le voici, tu as ton bien.” 26Mais son maître lui répondit : “Mauvais serviteur, timoré ! Tu savais que je moissonne où je n’ai pas semé et que je ramasse où je n’ai rien répandu. 27Il te fallait donc placer mon argent chez les banquiers : à mon retour, j’aurais recouvré mon bien avec un intérêt. 28Retirez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui a les dix talents. 29Car à tout homme qui a, l’on donnera et il sera dans la surabondance ; mais à celui qui n’a pas, même ce qu’il a lui sera retiré. 30Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres du dehors : là seront les pleurs et les grincements de dents.”
Prédication « Je sais et j’ai peur… C’est l’enfer! »
Mardi après-midi, j’ai ouvert ma bible pour lire l’Évangile de ce matin. J’ai vu le sous-titre, « les talents » et je me suis dit : « Aaaah, la parabole des talents…je connais bien celle-là. Je sais qu’il est question de ce que nous faisons des dons de Dieu…hmmm, je le sais : c’est une bonne parabole pour une prédication sur l’intendance. Dieu nous confie de nombreux talents et s’attend à ce que nous les fassions fructifier…faute de quoi…nous découvrirons que nous sommes ‘dans le champ’ Ouais, je sais ce que ce texte veut dire ».
Et puis, j’ai lu une traduction de la parabole qui ponctue le verset 26 avec un point d’interrogation (n’oubliez pas que, dans la version originale grecque, il n’y a ni chapitres, ni versets, ni ponctuation). « Tu savais que je moissonne où je n’ai pas semé et que je ramasse où je n’ai rien répandu ? » Comme pour dire, « Tu sais ça, toi ? » Et là, un doute s’est immiscé dans mes certitudes sur le sens de ce texte. Et c’est une bonne affaire. Cela m’a rappelé que l’enfer est pavé…de toutes nos certitudes sur Dieu et le sens de sa Parole. Combien de conflits ont été générés par des gens qui pensaient tout savoir sur notre maître et sa volonté pour le monde ?
« Maître…je sais que tu es dur… » Je connais beaucoup de croyants qui, en quelque part, se disent que leur maître est dur »… des gens qui n’arrivent juste pas à accepter que les voies de Dieu sont différentes de celles des humains… que Dieu ne jugera pas comme nous, nous jugeons… que Dieu nous aime sans condition et a déjà tout pardonné.
« Maître, je savais que tu es un homme dur ». Le drame de cette scène est le savoir du serviteur qui fige l’autre dans une image implacable. Le drame de cette scène est ce savoir qui fixe tout et étouffe la vie en l’enfermant dans la prison de la peur. Même ceux et celles qui sont convaincus de la bonté de Dieu peuvent avoir peur de lui : « Dieu a toujours été bon avec moi… mais j’ai peur qu’il se tanne… j’ai peur de ne pas entendre…ou de ne pas comprendre ce que Dieu veut ».
En chacun-e de nous, il y a un peu de ce serviteur qui a peur, n’est-ce pas? Peur de la réaction de son maître, peur du « qu’en dira-t-il ? », peur de perdre la face, peur de perdre le talent qui lui a été confié, peur de perdre au change. La peur est vraiment mauvaise conseillère, elle fait faire n’importe quoi. La peur réduit notre capacité d’action, elle nous fait nous replier sur nous-mêmes : « par peur, je suis allé cacher ton talent ». Quiconque a déjà figé devant un examen, une entrevue, une présentation, un être aimé sait fort bien que la peur nous fige et rend les choses encore plus difficiles, les situations encore plus dures. Il en va de même dans notre relation avec Dieu. « Maître, je savais que tu es dur ».
La Bible nous le rappelle : on n’est jamais aussi loin de Dieu que lorsque nous avons peur de notre maître. En effet, on pourrait dire que la peur engendrée par tout ce que nous pensons savoir sur Dieu et sa volonté pour nos vies, c’est ça le péché originel (voir Genèse chapitre 3).
Oui, il est vrai que lorsque nous laissons nos peurs prendre le dessus, et que nous enfouissons nos talents de sorte que personne n’en profite, nous empêchons les autres autant que nous-mêmes de se réjouir pleinement de la vie abondante que Dieu veut nous offrir.
Mais, elle est où la bonne nouvelle là-dedans ? » Parce que, dans le fond, qui n’a jamais eu peur de l’avenir ? En imaginant tous les scénarios catastrophes possibles, qui n’a pas, une fois ou l’autre dans sa vie, choisi la voie la moins risquée ? La bonne nouvelle, c’est que ce ne sont ni les talents, ni les serviteurs qui sont au cœur de cette histoire… c’est Dieu… Dieu qui dans SA justice donne à tous et à toutes selon leurs capacités. Dieu nous confie ses biens et même notre inertie. Nos peurs et nos hésitations ne peuvent empêcher la réalisation du projet de Dieu. Ce que nous n’arrivons pas à faire fructifier passera à quelqu’un d’autre. C’est en communauté et dans la redistribution des talents que le royaume des cieux se construit. Frères et sœurs, Dieu ne nous a pas destinés à subir sa colère mais à posséder toutes les richesses de sa grâce. Dieu nous a faits pour vivre dans la joie d’un monde où nous ne sommes plus dominés par la peur et toutes les forces qui nous séparent de Dieu. Dieu nous veut libérés de tout mal. N’ayons pas peur. Vivons en serviteurs fidèles… c’est-à-dire… confiants de l’amour et le pardon intarissables de Dieu et le royaume des cieux sera à nous dès aujourd’hui et à tout jamais. Amen.
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