Qui parmi vous a vu cette maison… ou bien… une maison semblable à celle-ci… dans son ancienne gloire ? Quand il y avait des cultes ou des messes le dimanche soir… ou le samedi soir… en plus du dimanche matin, une école du dimanche et des études bibliques hebdomadaires, de la catéchèse pour tous âges ? Une chorale qui remplissait le chœur ou le jubé de l’église? Vous êtes comme nos ancêtres qui avaient connu le temple avant l’exil à Babylone… quand tout le monde était non seulement croyant… mais aussi pratiquant… avant que la culture ambiante devienne un obstacle à la pratique de notre religion, « comme dans le bon vieux temps ». Moi, je suis née à la fin des années de gloire… je n’en ai pas de vrais souvenirs. Moi, je suis plutôt comme nos ancêtres dans la foi qui ont vécu l’exil loin du temple. Quand je suis revenue de ma période d’exil, comme bien des contemporains du prophète Aggée, j’étais pleine de zèle pour ce lieu. Je rêvais de contribuer à le restaurer à son ancienne gloire : pleine de monde, bourdonnant d’activité. Quand je suis arrivée comme pasteure ici en 2008, avec d’autres, j’étais pleine d’élan, d’énergie et d’espoir. J’avais la tête pleine de rêves et de projets.
Ce matin, je regarde autour de moi et je vois les belles réalisations de notre communauté de foi, tout ce que nous avons réalisé ensemble – la belle retraite que nous avons vécue la semaine dernière – avec l’accueil de 5 nouveaux membres – n’est que le plus récent exemple. Et j’en rends grâce à Dieu. Vraiment. En même temps, ce que nous avons réussi à construire ensemble est bien fragile. Et il n’y a à peu près rien qui s’est réalisé comme je l’avais imaginé.
Je sais que je ne suis pas la seule à avoir eu une telle expérience… et pas uniquement sur le plan de ma vie d’Église. L’écart entre nos rêves et nos réalisations est souvent immense. Souvent, après des années d’efforts, on découvre que notre emploi en or ou notre retraite chromée ne brille pas si intensément ; nos projets les mieux planifiés nous réservent des surprises auxquelles nous ne nous y attendions pas… mais pas pantoute. Parfois, chemin faisant, une maladie, une séparation, une catastrophe ou une crise quelconque nous attend au détour et tout ce qu’on avait commencé à bâtir s’écroule autour de nous. Parfois nous n’avons tout simplement pas les moyens – ni le temps, ni l’énergie, ni les ressources – de nos ambitions.
C’est un peu ce qui est arrivé aux contemporains d’Aggée. Quelques années après leur retour d’exil, ils commencent à reconstruire le temple. Mais ils doivent aussi rebâtir leurs maisons, s’occuper de leurs champs, refaire leur vie. Beaucoup de leurs contemporains avaient peu ou pas connu la vie d’avant, quand le temple était le centre de la vie spirituelle, culturelle, sociale et même économique du peuple. Chez eux, comme chez nous, les plus jeunes n’avaient jamais mis les pieds au temple et il n’est pas difficile d’imaginer qu’à l’époque, comme c’est le cas aujourd’hui, le temple n’était pas leur priorité numéro un.
Beaucoup d’entre nous, quand nous regardons le fruit de nos efforts les meilleurs, comme les contemporains d’Aggée regardaient la reconstruction du temple qui n’en finissait plus de finir, nous ne pouvons que constater l’écart entre le rêve et la réalité.
Et juste au moment où tout le monde a envie de baisser les bras et de tout abandonner… le voilà cet Aggée qui arrive et nous dit : « – oracle du SEIGNEUR –, au travail ! Car je suis avec vous – oracle du SEIGNEUR de l’univers. Selon l’engagement que j’ai pris envers vous lors de votre sortie d’Egypte, et puisque mon Esprit se tient au milieu de vous, ne craignez rien !… La gloire dernière de cette Maison dépassera la première, dit le SEIGNEUR, et dans ce lieu j’établirai la paix – oracle du SEIGNEUR de l’univers. »
Bon, je suis assez d’accord avec Aggée. Un projet rassembleur peut contribuer à forger l’identité et donner de l’élan aux gens. Et on ne peut pas nier l’importance d’avoir des lieux où le peuple de Dieu peut se retrouver pour prier – et pas juste pour être à l’abri. Dans presque toutes les grandes religions il y a un temps pour prier seul et un temps pour prier avec d’autres. Il est aussi vrai que la beauté de ces lieux peut nous inspirer. Mais la vraie gloire de cette maison, de tous les temples et de toutes les églises, n’est pas quelque chose qu’on peut mesurer : la hauteur du clocher, la valeur des vitraux, des tableaux, des boiseries, la taille du budget, ni même le nombre de fidèles qui s’y rassemblent. Si Aggée rêvait en grand, le temple que les contemporains d’Aggée ont construit était quand même moins grandiose que celui de Salomon. Et ce deuxième temple, lui aussi, finit par être détruit, quelques décennies après la mort de Jésus. Que dire donc de la gloire de la maison ?
Le mot utilisé ici pour parler de la gloire du temple est utilisé ailleurs pour parler de la gloire de Dieu, de la Présence de Dieu perceptible comme une nuée (Exode 16,10) ou comme un feu (Exode 24, 17) au milieu du peuple. Ce qui fait la gloire du temple ce ne sont pas les briques et le mortier, les vitraux et les boiseries. C’est la Présence de Dieu qui demeure au milieu de nous… où qu’on soit… et qu’on soit 20 ou 200 réunis.
Voilà une bonne nouvelle pour nous ce matin. Il arrive parfois que nos plus beaux projets tombent en ruines. Parfois, après nous avoir bien servi pendant un certain temps, nos grandes réussites ne répondent plus à nos besoins actuels. Le fait que nos réalisations ne sont pas à la mesure de nos projets ; que nos rêves s’envolent en éclats ne signifie pas que nous sommes « à côté de la plaque », que nous avons « péché » (au sens de manquer la cible par rapport à la volonté de Dieu pour nos vies). Ce n’est pas parce que la tempête fait rage que Dieu n’est pas, ou n’est plus, avec nous. La présence de Dieu, la gloire de Dieu, c’est ce qui nous permet de tenir bon, beau temps, mauvais temps.
La gloire de Dieu, la Présence de Dieu, a fait la gloire du temple à Jérusalem. Elle fait aussi la gloire de ce temple. Si elle ne se manifeste à nous ni dans une nuée, ni dans une colonne de feu… elle est quand même perceptible… souvent souvent dans la Parole qui circule entre nous, n’est-ce pas ? Penser à votre histoire, à notre histoire comme communauté de foi, tant de fois c’est dans l’écoute de la Parole qu’on est arrivé à discerner la voie à suivre, on a trouvé force et courage pour faire face à l’adversité. Je suis persuadée que, si notre petite communauté demeure vivante et vivifiante contre vents et marrées, c’est parce qu’elle est fondée sur le roc de la Parole de Dieu révélée en Jésus Christ.
Si nous demeurons attentifs, nous ressentirons cette présence dans la Parole qui résonnera en nous et fera sens dans nos vies. Nous la percevrons dans l’Esprit qui circulera en nous et parmi nous. Et la gloire de Dieu se manifestera ultimement par la paix qui se construira dans et au-delà de ses murs… une paix qui sera davantage qu’une absence de conflits et un esprit d’harmonie et de bonne entente entre nous. Cette paix, c’est le Shalom de Dieu, une paix qui ébranlera l’ordre établi pour faire advenir un ciel nouveau et une terre nouvelle.
Ça c’est un projet rassembleur, ça… assez pour rassembler le monde entier. Ça vous paraît très gros… trop gros… tout ça. Ne baissons pas les bras. Ainsi parle le Seigneur de l’univers : « Courage ! Au travail ! Car je suis avec vous ! » Parole du Seigneur. Amen.
2 commentaires
Je viens de te relire ma chère Darla… je ne sais pas pour la combienième fois…
Mais encore une fois, je loue notre Seigneur qu’Il t’aie mise sur ma route et qu’il t’aie mis ces paroles, Ses paroles en coeur et en bouche…
Elles sont comme une eau fraîche et vivifiante pour moi qui ai tant soif de Lui…
Merci Darla…
Unies en Lui et tant aimées de Lui… xxx
Lucie
* Oui, courage, car Il est avec nous…
Très chère, Lucie. Moi aussi, je rends grâce à Dieu que nos chemins se soient croisés. Tu es un témoin lumineux de la foi.
Sororalement, en Christ,