Alors Jésus pleura

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

MEDITATION AUTOUR DU PLUS COURT VERSET DE LA BIBLE

edakrusev o iesus [Alors Jésus pleura]  — Jean 11.35

Le verset le plus court de la Bible est composé d’un nom et d’un verbe : Jésus pleura. Nous pouvons dire qu’il est réduit à sa plus simple expression… mais, dans son caractère lapidaire, il ne manque ni de profondeur, ni de sens, ni d’intensité!

Aujourd’hui, c’est le cinquième dimanche du temps du carême. Dimanche prochain sera le Dimanche des Rameaux, également appelé Dimanche de Passion. Notre principal texte, Jean 11, nous présente le dernier signe que Jésus accomplit avant de monter vers Jérusalem où il va être mis à mort. 

Ce dernier signe accompli par Jésus est comme une bande annonciatrice de ce qui va arriver. Le drame final, le dernier acte du drame, est en train de se préparer. La mort, dans plusieurs de ses entendements, y joue un rôle primordial.

La mort est une réalité que nous avons tendance à éviter. Il nous faut pourtant bien nous y frotter.

N’est-ce pas d’ailleurs parce qu’il y avait un décès dans notre communauté sœur de Chalmers-Wesley que nous avons reculé notre assemblée générale à la semaine prochaine? En fait, toutes ces belles fleurs qui décorent ce matin le temple Chalmers-Wesley, notre sanctuaire, sont le rappel qu’une communauté aimante et attristée a entouré de sa foi et de son affection les parents et alliés de Neil Rourke avant de le conduire à son dernier repos.

Une foule endeuillée et attristée entourait également Marthe et sa sœur Marie qui, quatre jours auparavant avaient enterré leur frère Lazare. Beaucoup de larmes avaient été versées et reprenaient par à-coups. C’était normal dans une culture où le deuil était vécu de manière publique, avec force effusion de lamentations élégiaques.

Tout n’y est cependant pas désolation et atterrement. Des dialogues assez surprenants, des commentaires (comme des voix-off) de l’évangéliste surgissent ici et là, qui rompent la symphonie funèbre tout comme des éclairs ici et là illuminent une nuit d’orage. Dans une atmosphère asphyxiante de mort s’inscrit la démarche subversive d’une ligne mélodique singulière qui va aller en s’enflant.

L’évangéliste Jean semble nous dire que la mort ne va pas avoir le dernier mot même si nous ne le savons pas encore. Tout comme ce matin l’odeur plus forte du lys domine progressivement nos facultés olfactives, un parfum de vie étouffera la puanteur de la mort.

Il n’y a pourtant pas de résurrection sans mort et sans deuil alors, Jésus pleura. Tenant compte du temps et de la forme particulière du verbe utilisé en grec, nous pourrions également dire : Jésus se mit à pleurer.

Jésus se mit à pleurer.

Où l’avez-vous mis?

Seigneur, viens et vois!

Alors, Il se mit à pleurer

Peut-être, continue-t-il à pleurer aujourd’hui?

Jésus! Viens et vois!

Vraiment?

Jésus est venu et il voit :

Il vient, il voit les tombeaux où nous avons enfermé l’espérance et il continue à pleurer.

Il vient et voit les tombeaux de haine et de rancunes où le pardon et la réconciliation gisent… et il continue à pleurer.

Il vient et il voit les tombeaux où l’indifférence et la lâcheté tiennent prisonniers tous ceux et toutes celles qui se sont laissé mourir… et il se met à pleurer.

Il vient et il voit les tombeaux où le mensonge et la fourberie ont sonné le glas de la confiance et de la sincérité… et il se met à pleurer.

Bref, Jésus s’approche et il voit sa propre mort. En ressuscitant Lazare, il va sonner le glas de sa propre perte, de son propre trépas. Cette mort n’est pas une amie. Elle est terrifiante et elle empuantit. Mais c’est le prix à payer pour arracher Lazare aux chaînes de la mort. Marthe, tu as raison! Cela fait quatre jours que ton frère est dans le tombeau et ça empeste drôlement!

Mais Marthe, te souviens-tu que tu viens tout juste de confesser qu’il est la résurrection et la vie? Alors pince-toi les narines, s’il le faut, et fais rouler cette pierre! Quelles sont toutes les « bonnes raisons » qui peuvent nous faire craindre la mauvaise odeur de la mort au point d’hésiter et peut-être encore maintenant refuser de faire rouler la pierre?

Jésus cria d’une voix forte. Il est vrai que les forces de la mort font la sourde oreille; peut-être sont-elles seulement dures d’oreille?

Osons-nous aujourd’hui crier d’une voix aussi forte notre foi et notre témoignage?

Une voix assez tonitruante pour percer le mur de la surdité générale? Assez constructive pour créer l’espoir? Assez humaine pour attendrir les cœurs du désert humain? Assez aimant pour éteindre le feu de la haine et ignifuger nos relations?

La semaine prochaine inaugure un temps bien particulier où l’histoire semble s’accélérer et s’intensifier. Jésus nous appelle à former un même corps et à unir nos efforts. Saurons-nous saisir l’opportunité de nous préparer à vivre le plus intensément possible les évènements et la signification des quelques jours les plus importants de l’histoire de l’humanité, ceux que nous appelons la Semaine Sainte, celle de la Passion du Christ?

Que ceux et celles qui ont des oreilles pour entendre écoutent donc !

Samuel V. Dansokho

TEXTES

Ezéchiel 37.11b-14

Ils disent : “Nos ossements sont desséchés, notre espérance a disparu, nous sommes en pièces.” C’est pourquoi, prononce un oracle et dis-leur : Ainsi parle le Seigneur DIEU : Je vais ouvrir vos tombeaux ; je vous ferai remonter de vos tombeaux, ô mon peuple, je vous ramènerai sur le sol d’Israël. Vous connaîtrez que je suis le SEIGNEUR quand j’ouvrirai vos tombeaux, et que je vous ferai remonter de vos tombeaux, ô mon peuple. Je mettrai mon souffle en vous pour que vous viviez ; je vous établirai sur votre sol ; alors vous connaîtrez que c’est moi le SEIGNEUR qui parle et accomplis – oracle du SEIGNEUR. »

 Jean 11.1-45 (Jésus rend la vie à un mort)

Il y avait un homme malade ; c’était Lazare de Béthanie, le village de Marie et de sa sœur Marthe. Il s’agit de cette même Marie qui avait oint le Seigneur d’une huile parfumée et lui avait essuyé les pieds avec ses cheveux ; c’était son frère Lazare qui était malade. Les sœurs envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est malade. »

Dès qu’il l’apprit, Jésus dit : « Cette maladie n’aboutira pas à la mort, elle servira à la gloire de Dieu : c’est par elle que le Fils de Dieu doit être glorifié. » Or Jésus aimait Marthe et sa sœur et Lazare. Cependant, alors qu’il savait Lazare malade, il demeura deux jours encore à l’endroit où il se trouvait. Après quoi seulement, il dit aux disciples : « Retournons en Judée. » Les disciples lui dirent : « Rabbi, tout récemment encore les autorités juives cherchaient à te lapider ; et tu veux retourner là-bas ? » Jésus répondit : « N’y a-t-il pas douze heures de jour ? Si quelqu’un marche de jour, il ne trébuche pas parce qu’il voit la lumière de ce monde ; 10mais si quelqu’un marche de nuit, il trébuche parce que la lumière n’est pas en lui. »

Après avoir prononcé ces paroles, il ajouta : « Notre ami Lazare s’est endormi, mais je vais aller le réveiller. » Les disciples lui dirent donc : « Seigneur, s’il s’est endormi, il sera sauvé. » En fait, Jésus avait voulu parler de la mort de Lazare, alors qu’ils se figuraient, eux, qu’il parlait de l’assoupissement du sommeil. Jésus leur dit alors ouvertement : « Lazare est mort, et je suis heureux pour vous de n’avoir pas été là, afin que vous croyiez. Mais allons à lui ! » Alors Thomas, celui que l’on appelle Didyme, dit aux autres disciples : « Allons, nous aussi, et nous mourrons avec lui. »

A son arrivée, Jésus trouva Lazare au tombeau ; il y était depuis quatre jours déjà. Comme Béthanie est distante de Jérusalem d’environ quinze stades, beaucoup d’habitants de la Judée étaient venus chez Marthe et Marie pour les consoler au sujet de leur frère. Lorsque Marthe apprit que Jésus arrivait, elle alla au-devant de lui, tandis que Marie était assise dans la maison. Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais maintenant encore, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te le donnera. » Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. » – « Je sais, répondit-elle, qu’il ressuscitera lors de la résurrection, au dernier jour. » Jésus lui dit : « Je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » – « Oui, Seigneur, répondit-elle, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde. » Là-dessus, elle partit appeler sa sœur Marie et lui dit tout bas : « Le Maître est là et il t’appelle. » A ces mots, Marie se leva immédiatement et alla vers lui. Jésus, en effet, n’était pas encore entré dans le village ; il se trouvait toujours à l’endroit où Marthe l’avait rencontré. Les Judéens étaient avec Marie dans la maison et ils cherchaient à la consoler. Ils la virent se lever soudain pour sortir, ils la suivirent : ils se figuraient qu’elle se rendait au tombeau pour s’y lamenter. Lorsque Marie parvint à l’endroit où se trouvait Jésus, dès qu’elle le vit, elle tomba à ses pieds et lui dit : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. » Lorsqu’il les vit se lamenter, elle et les Judéens qui l’accompagnaient, Jésus frémit intérieurement et il se troubla. Il dit : « Où l’avez-vous déposé ? » Ils répondirent : « Seigneur, viens voir. » Alors Jésus pleura ; et les Judéens disaient : « Voyez comme il l’aimait ! » Mais quelques-uns d’entre eux dirent : « Celui qui a ouvert les yeux de l’aveugle n’a pas été capable d’empêcher Lazare de mourir. » Alors, à nouveau, Jésus frémit intérieurement et il s’en fut au tombeau ; c’était une grotte dont une pierre recouvrait l’entrée. Jésus dit alors : « Enlevez cette pierre. » Marthe, la sœur du défunt, lui dit : « Seigneur, il doit déjà sentir… Il y a en effet quatre jours… » Mais Jésus lui répondit : « Ne t’ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ? » On ôta donc la pierre. Alors, Jésus leva les yeux et dit : « Père, je te rends grâce de ce que tu m’as exaucé. Certes, je savais bien que tu m’exauces toujours, mais j’ai parlé à cause de cette foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que tu m’as envoyé. » Ayant ainsi parlé, il cria d’une voix forte : « Lazare, sors ! » Et celui qui avait été mort sortit, les pieds et les mains attachés par des bandes, et le visage enveloppé d’un linge. Jésus dit aux gens : « Déliez-le et laissez-le aller ! »

Beaucoup de ces Judéens qui étaient venus auprès de Marie et qui avaient vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui.

Un commentaire

Ajouter un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *