Écoutez la bonne nouvelle du semeur : « Voici que le semeur est sorti pour semer. Comme il semait, des grains sont tombés au bord du chemin ; et les oiseaux du ciel sont venus et ont tout mangé. D’autres sont tombés dans les endroits pierreux, où ils n’avaient pas beaucoup de terre ; ils ont aussitôt levé parce qu’ils n’avaient pas de terre en profondeur ; le soleil étant monté, ils ont été brûlés et, faute de racine, ils ont séché. D’autres sont tombés dans les épines ; les épines ont monté et les ont étouffés. D’autres sont tombés dans la bonne terre et ont donné du fruit, l’un cent, l’autre soixante, l’autre trente. » Entende qui a des oreilles.
Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits. |
Qu’entendez-vous dans cette parabole ? C’est une bonne nouvelle pour qui tout ça ? Ceux et celles qui sont comme de la bonne terre ? Est-ce nous, ça ? Sans doute ! Si nous sommes là, sans doute est-ce parce qu’à un moment donné nous avons entendu la Parole de Dieu et y avons compris quelque chose… quelque chose d’important… quelque chose qui a porté fruit dans notre vie. Oui… nous sommes de la bonne terre ! Grâces soient rendues à Dieu !
Toutefois, quiconque a déjà jardiné sait très bien que rares sont les terres ou tout pousse toujours comme on l’aurait souhaité… et où il n’y a ni oiseau, ni pierre, ni épine pour nuire à la croissance des pousses de vie nouvelle.
Parfois notre cœur est dur ; nous ne voulons rien comprendre. Même si nous sommes de la bonne terre… des fois… la semence tombe au bord du chemin. Parfois le bon grain en nous est dévoré par le mal, les mesquineries, la colère, la jalousie. Et il y a quand même quelques pierres et des épines dans nos jardins spirituels, n’est-ce pas ? Il y a des lâchetés qui nous empêchent de prendre une position ferme ou de vivre de façon radicalement différent au nom de notre foi. Notez que « radicale » veut dire « enracinée ». Et oui… il y a des pierres qui peuvent empêcher la Parole reçue de s’enraciner profondément dans notre vie. Et il y a des épines : tous nos soucis et nos préoccupations, nos peurs, nos doutes qui étouffent la Parole de sorte que celle-ci ne produit pas son plein potentiel de fruits. Alors, que dire de la parabole de cet après-midi? C’est une bonne nouvelle pour qui, au juste ?
Pour nous tous et toutes ! Vous voyez, si Jésus nous dit : « Écoutez la parabole du semeur » et non pas « Écoutez la parabole des différents types de terre » peut-être est-ce que le but de ce récit n’est pas de mettre en relief l’étroitesse du cœur humain, mais plutôt de magnifier la largesse de la grâce de Dieu. N’en restons pas à une leçon moralisante, en pointant du doigt les mauvais terrains, c’est-à-dire nous-mêmes, en qui la Parole de Dieu ne donne pas tout son fruit. Ne restons pas fixés sur nos fragilités et nos manquements. Repentons-nous. Changeons d’orientation. Tournons-nous vers le semeur.
Il s’agit d’un semeur de la Palestine du premier siècle. Il ne sème pas en rangées égales et parfaitement droites. Il sème en se promenant de long en large, jetant sa semence librement au vent. C’est de la générosité sans limites… même à l’égard de la terre qui n’est pas bien disposée à l’accueillir. L’Esprit sème où il veut… dans nos vies personnelles comme dans la vie de notre communauté.
Notre semeur sait en partant que des grains vont tomber au bord du chemin, et que d’autres vont pousser entre les pierres et les plantes épineuses et étouffantes de la vie. Mais le semeur sème quand-même. C’est le monde de Dieu… et non pas le monde de Monsanto. Le grain n’est pas quelque chose à garder jalousement pour soi… et dont les bénéfices sont réservés à une certaine élite. La semence est pour tous et toutes. De plus, le semeur sait très bien que le bon grain va se mettre à pousser… même au milieu des mauvaises herbes. Parfois il faut du temps, de la patience et de l’effort pour voir venir la moisson dans ces terres moins que parfaites, mais le Semeur sème pour le jour où, en réponse à sa générosité, toutes ses terres donneront leur fruit.
Mes arrières grands-parents sont venus d’Europe au début du vingtième siècle, à l’époque où le gouvernement offrait des terres gratuites pour attirer des agriculteurs vers l’ouest canadien. Aux dires de mes grands-parents, c’était fondamentalement de la bonne terre. Mais il y avait pas mal de pierres à enlever et non seulement quelques épines mais aussi des arbres et des arbustes… et des mauvaises herbes de toutes sortes à déraciner avant que la famille puisse vivre des fruits de la terre. Dans le fond, ce qui a été déterminant, c’était moins l’état dans lequel ils ont trouvé la terre, c’était plutôt leur attitude face au don qui leur avait été fait. Encore aux dire de mes grands-parents, reconnaissants de la chance qu’ils avaient, mes arrières grands-parents étaient portés par une vision de tout ce qui était possible. Dieu aussi est habité par le rêve d’un monde meilleur, d’un monde où tous les cœurs humains reçoivent sa Parole et portent du fruit, l’un cent, l’autre soixante, l’autre trente. Donc, notre semeur continue à semer.
Quand il nous parle en paraboles, Jésus n’est pas un rêveur. Il est sans illusion. Il n’a qu’à regarder l’immédiat de son propre ministère pour constater que beaucoup de ses auditeurs « entendent la Parole du Royaume sans la comprendre ». Certains iront jusqu’au rejet total de sa Parole…c’est-à-dire jusqu’à la croix. Et c’est là la bonne nouvelle. Mêmes les pires épines ne peuvent pas étouffer complètement la vie ensemencée en nous.
Non, la parabole de cet après-midi n’est pas l’histoire de pauvres terres stériles mais plutôt l’histoire du semeur…qui sème en abondance. Nous ne sommes pas seuls…nous vivons dans la abondance divine. Il n’en tient qu’à nous de nous ouvrir les yeux pour la voir…
“Heureux vos yeux, parce qu’ils voient et vos oreilles parce qu’elles entendent » dit Jésus à ses plus proches disciples, au moment où il va leur donner les paraboles du semeur, de la mauvaise herbe, du grain de moutarde, du levain. Elles sont ensemble dans l’évangile selon Matthieu et abordent toutes, d’une manière ou d’une autre, la même certitude.
C’est pourquoi Jésus ose insister pour que notre regard demeure positif, envers et contre tout. Savons-nous découvrir et regarder tout ce qui naît, vit et grandit, tout ce qu’il y de beau et de fécond, en nous et autour de nous ? La grâce de Dieu fait germer partout autour de nous des milliards et des milliards de pensées, de paroles et de gestes d’amour et de vie… même dans des endroits peu propices à leur croissance. C’est notre réponse à ce don qui fait toute la différence. Que la nôtre en soit une d’action de grâce… une action de grâce qui enlève les pierres et déracine les épines… pour que tout ce qui a été ensemencé en nous et parmi nous porte fruit et fasse répandre la bonne nouvelle de Dieu, notre semeur. Amen !
Par Darla Sloan
Le 16 juillet 2017 – 6 Pentecôte A17 – Église Unie St-Pierre et Pinguet
LECTURES BIBLIQUES
Ésaïe 55, 6-13
Matthieu 13, 1-9 et 18-23
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