Notre lecture d’aujourd’hui nous plonge dans deux récits; deux récits emboités l’un dans l’autre. Cette méthode, de raconter les choses est typique à Marc. L’un des récits sert à éclairer l’autre et vice versa. Alors aujourd’hui, nous avons deux personnages féminins; une jeune fille de 12 ans qui est au bord de la mort et une femme qui souffre d’hémorragie depuis 12 ans déjà. La jeune fille qui est malade n’intervient pas pour elle-même auprès de Jésus. C’est son père, un chef de la synagogue, nommé Jaïrus, qui intervint auprès de Jésus en prière et en se jetant à ses pieds. On sait que Jaïrus était chef de synagogue, qu’il devait donc avoir les ressources financières nécessaires pour subvenir aux soins médicaux de sa fille. Jaïrus devait également être très bien entouré socialement, car le poste qu’il occupe est noble. Il devait également avoir beaucoup d’influence auprès de la société. Et de plus, il est un homme.
De l’autre côté, nous avons une femme, qui est simplement nommée « femme ». Cela en dit déjà long sur le statut de la femme. Elle n’est pas notée, car elle est ignorée. Elle est ignorée de la société, car elle est impure. Ses abondants saignements, du point de vue de la loi, la rendent impure. Quiconque la touche est également impur. Elle devait donc être isolée de la société, mise à part, laisser à l’abandon ce qui est tout le contraire de Jaïrus qui lui était entouré. Contrairement à Jaïrus qui dispose d’une source de revenu, la femme, elle, a déjà dépensé toute sa fortune auprès de divers médecins. Et comme le texte nous le dit, son dernier recours, puisqu’elle n’avait plus rien à perdre, était Jésus dont elle avait entendu parler.
Elle ne le connaît pas, ne l’a jamais rencontré et ne lui a jamais parlé. Pourtant, elle a la foi. Sa foi est tellement grande qu’elle se dit « si jamais je peux, ne serait-ce que toucher son vêtement je serai guérie. Non pas toucher Jésus lui-même, ni même lui parler, mais simplement toucher son vêtement.
Et le toucher d’une manière furtive, sans que Jésus ne la voit. Elle est venue par-derrière, son impureté l’empêchant d’aborder Jésus. C’est par un simple touché qu’elle fut guérie. Jésus s’en rendit compte et c’est alors qu’il chercha qui l’avait touché. Et la femme tomba à ses pieds et lui avoua tout. Elle lui avoua sa maladie, elle lui avoua sa pauvreté, elle lui avoua les nombreuses tentatives de guérisons qui se sont avouées inefficaces, elle lui avoua son isolement, elle lui avoua le rejet qu’elle subit depuis 12 ans déjà, elle lui avoua sa foi. Et c’est là que la femme reçoit une seconde guérison, une seconde restauration. Son dialogue avec Jésus est public. Jésus discute avec elle devant une foule entière. Il fait état du miracle devant la foule entière afin que tous sachent que la femme fut guérie par lui. Jésus restaure sa santé, mais Jésus restaure également le statut social de la femme. Elle passe de « femme » à « fille ». En l’appelant « fille », Jésus restaure publiquement la dignité de la femme et déclare ouvertement sa relation et son soutien envers elle. Il la sort de l’isolement et du rejet et lui redonne sa place dans la société.
C’est une fois le dialogue avec la femme terminé, que l’on apprend que la fille de Jaïrus est décédée. Et Jésus dit à Jaïrus; « ne craint pas, crois ». Et là, contrairement à la guérison publique qui a été faite plus tôt, Jésus ne permet qu’à trois de ses disciples de l’accompagner. Il entra, toucha la jeune fille en la saisissant par la main et lui ordonna de se lever. Et contrairement à l’histoire de la femme, il ordonna de ne répéter à personne ce qui venait de se passer.
Ce récit de Marc peut être approché sous différents angles, car plusieurs thèmes en peuvent en découler. On peut parler de la compassion de Jésus vis-à-vis la fille de Jaïrus et de la femme. On peut l’approcher sous l’angle de la justice sociale. On peut également l’approcher sous l’angle de la guérison, de la foi ainsi que de la prière. Dans les deux histoires d’aujourd’hui, la guérison, la foi et les prières sont présentes. La fille de Jaïrus et la femme sont guéries. La foi de Jaïrus et celle de la femme sont mentionnées. Jaïrus prie Jésus à genoux et la femme aussi dit sa prière; « si je puis seulement toucher ses vêtements, je serai guérie ».
Il semble que la prière et la foi ont été des éléments qui ont contribué à la guérison de nos deux personnages. La prière et la foi semblent avoir fonctionné dans ces cas-ci. Mais est-ce toujours le cas? Est-ce que nos prières sont toujours exaucées? J’aimerais vous dire que oui, mais tout comme moi, vous savez très bien qu’il y a des prières qui demeurent sans réponses. Qu’il y a des parents qui malgré toutes les prières qu’ils ont dites, voient leurs enfants atteints d’un cancer décéder ou voient leur enfant succomber à ses blessures suite à un malheureux accident. Il y a des gens qui malgré toutes les prières qu’ils ont dites restent pris avec une maladie incurable et en meurent. Il y a bel et bien des prières de guérisons qui restent parfois sans réponses. Peut-être que cela dépend pour quel type de guérison nous prions? Nous savons que la médecine à ses limites, tout comme le pouvoir guérisseur de Dieu qui, selon moi, a aussi ces limites. Il y a des lois de la nature envers lesquelles Dieu se trouve malheureusement impuissant. Dieu dans tout son amour et avec toute sa compassion est parfois limité dans les réponses que Dieu a à offrir.
Par contre, au-delà d’une guérison physique, Dieu peut apporter une guérison de l’âme. Dieu peut apporter une paix intérieure, Dieu peut apporter une acceptation et une facilité à long terme à vivre avec la réalité d’un événement ou de la condition dont nous sommes affligées. Dans notre texte aujourd’hui, la femme était craintive et effrayée. Et Jésus lui a apporté la paix intérieure. Il l’a réassuré. De même que pour Jaïrus, Jésus lui dit; « ne crains pas, crois seulement ». Jésus a ici, apporté une paix intérieure à Jaïrus.
Je n’ai jamais eu à vivre le deuil d’un enfant ni même jamais reçu le diagnostic d’une maladie incurable. Ces deux événements ne me sont jamais arrivés et je ne peux même pas imaginer la douleur et la détresse que l’on peut ressentir face à ces deux événements. Je n’oserais même pas essayer par peur de manquer de respect envers ceux qui les ont vécus et les vivent encore. Ce dont je peux témoigner est la résilience dont font preuve ces personnes et du choix qu’elles ont fait par rapport à ces événements.
J’ai des amis qui ont perdu leur enfant en très très bas âges et dont j’ai moi-même officié les funérailles. J’ai également des amis qui sont atteints de maladies incurables. Je ne sais pas s’ils ont prié, en fait j’en doute fortement. Cependant, ils sont des êtres spirituels comme vous et moi. Ils n’ont peut-être pas prié Dieu directement, lui demandant de l’aide, mais ils ont demandé à la vie de leur venir en aide. La vie pour nous c’est Dieu. Ils ont demandé à la vie la force de pouvoir continuer à aimer et profiter de la vie malgré cette épreuve. Ils ont demandé à avoir une paix intérieure qui leur amène une certaine acceptation du deuil et de la maladie. J’ai constaté leur résilience et le choix qu’ils ont pris face à la vie; le choix de vivre et de continuer malgré la douleur.
Dans notre lecture, Jaïrus et la femme ont aussi fait des choix. Ils ont choisi d’aller vers Jésus. Ils ont choisi la vie, la guérison, l’acceptation et la paix intérieure. Notre foi en Jésus est capable de grande chose. Elle nous apporte la paix, et également l’acceptation face aux désappointements de la vie. Elle nous amène à une conscience de la présence de Dieu, et ce même dans nos moments de désespoirs.
La prière et la foi peuvent nous surprendre et notre récit nous en offre la preuve ce matin. Continuons à prier, à louer Dieu et à être ouverts aux différentes façons que Dieu a d’exercer son pourvoir de guérison. Que nos prières nous rapprochent de plus en plus de Jésus afin que notre coeur touche son coeur et nous apporte paix, réconfort et amour. Restons forts dans la foi, restons forts dans la prière.
Amen.
LECTURES BIBLIQUES
Un commentaire
Il y a des lois de la nature envers lesquelles Dieu se trouve malheureusement impuissant. Dieu dans tout son amour et avec toute sa compassion est parfois limité dans les réponses que Dieu a à offrir.
Pourquoi vous êtes de cette opinion? Surtout historique ment Dieu est all powerful et loving? Un besoin de l’excuser de l’abandon aperçu?