Ce dimanche, le lectionnaire œcuménique nous propose de méditer sur le récit de la guérison de Bartimée, l’aveugle de Jéricho. Mais au risque de vous étonner, je vous le demande : de quelle guérison s’agit-il ?
Bartimée est un pauvre aveugle, assis sur le bord du chemin; il n’est pas autonome, il doit quêter pour survivre. Bartimée n’attend plus rien de lui-même, il attend tout des autres. Enveloppé dans son manteau, il est l’image même de la détresse humaine dans sa profonde dépendance. Le passage de Jésus dans sa vie va bientôt tout changer dans sa vie, va changer toute sa vie.
Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Afin de l’apprécier pleinement, il est préférable de lire, au préalable, les textes bibliques dans la version TOB, accessibles via le site http://lire.la-bible.net/. |
Jésus, en effet, s’apprête à quitter Jéricho, en route pour Jérusalem. Rien ne semble pouvoir l’arrêter. Il est animé par un immense désir : accomplir jusqu’au bout la volonté de son Père, ce qui traduira par le changement de sa route pour Jérusalem en chemin du Golgotha. Aussi déterminé qu’il soit, Jésus se laisse tout à coup arrêter par le cri de l’aveugle : «Jésus, fils de David, aie pitié de moi !» Ce qui arrête Jésus, c’est l’expression de la grande détresse de Bartimée et son incroyable confiance en Lui. Les autres cherchent à le faire taire, lui qui, en somme, est assis au bord du chemin comme à l’écart des bien-portants. Bartimée n’est rien d’autre, en effet, qu’un marginal. Bartimée, malgré sa cécité, voit cependant mieux que les autres qui est Jésus : avec les yeux de la foi, il reconnaît le «fils de David», le Sauveur attendu. Il ne peut pas se taire, il ne veut pas se taire, sa prière est insistante, répétée, obstinée… C’est ce qui arrête Jésus et lui fait appeler l’aveugle. C’est ce qui amène la foule à changer d’attitude envers l’aveugle : «Confiance, lève-toi, il t’appelle». Le mot grec utilisé ici pour le verbe «lever» est le même que le mot «ressusciter». Aussitôt Bartimée jette son manteau, bondit et court vers Jésus. Cette phrase n’est pas anodine. Bartimée renonce sur-le-champ à tout ce qu’il possède, il fait le bond de la foi et s’empresse de s’approcher de Celui-là seul qui peut le sauver et lui donner la vraie Vie.
«Jésus lui dit : «Que veux-tu que je fasse pour toi ?» «Rabbouni, que je voie.»
Bartimée parle à Jésus comme à un ami, «Rabbouni», c’est-à-dire mon Maître. Bartimée a commencé à renaître dès lors qu’il s’est levé, il a rencontré Christ, il peut maintenant le voir et tous les autres sur sa route. Pour revenir à ma question du départ : quelle guérison ? avec mais au-delà de la guérison de la cécité, la guérison intérieure d’abord et avant tout, une vie transformée en Christ. Dorénavant, Bartimée peut compter sur le Christ pour éclairer sa vie. Certes, Bartimée a recouvert la vue, mais surtout il sera debout et en marche sur la route du Ressuscité. C’est cela, la vraie guérison : Bartimée n’est plus cloué au sol, Bartimée est debout. Voilà qui peut nous encourager : comme l’aveugle, nous sommes imparfaits, mais la guérison intérieure du Christ est possible. Christ est près de nous, même quand nous ne savons pas le voir. Il nous guérit si nous mettons en Lui notre entière confiance. Notre prière ne sera peut-être pas toujours exaucée comme nous le souhaitons, mais toujours nous recouvrerons la vue pour suivre Jésus sur son chemin, dans la plénitude de vie à laquelle Il nous convie. Nous apprendrons à voir le monde à travers les yeux de Dieu qui nous illumine et donne un sens à notre vie. C’est ainsi que nous accomplirons notre mission, «vous êtes la lumière du monde (…) que votre lumière resplendisse devant les hommes».
Amen !
Pierre Nadeau
le 25 octobre 2015
Église Unie Saint-Pierre de Québec,
30e dimanche du temps ordinaire (B),
Dimanche de la Réformation
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