Le matin de Pâques, Marie Magdala annonce qu’elle a vu le Seigneur. Le soir de ce même jour, alors que les disciples sont enfermés à double tour, Jésus vient et se tient au milieu d’eux et leur dit : « La paix soit avec vous ! » Il ne dit pas, « Tout va bien aller ! » Il sait pertinemment que tout ne va pas toujours bien. Parfois… la vie fait mal. Jésus leur montre ses mains et son côté qui portent les marques du mal qui a fait son œuvre. La paix n’occulte pas la souffrance. La paix, c’est ce qui nous permet d’affronter le mal, de traverser les crises, d’espérer qu’il y aura une vie nouvelle… même quand tout va très mal… même quand c’est long… longtemps… (n’oublions pas que plus de deux mille ans plus tard, les disciples de Jésus… un peu partout dans le monde… continuent à craindre pour leur vie… et non seulement à cause de ce mal invisible qui traverse le globe en ce moment.) La paix n’est pas l’insouciance… mais la joie d’avoir la conviction que le mal… et même la mort… n’auront pas le dernier mot.
Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits. |
Même en confinement, les disciples sont tout à la joie ! Et Jésus répète (comme quoi, en temps de crise, pour être rassurés, il est normal d’avoir besoin d’entendre encore et encore des mots d’espérance). « La paix soit avec vous ! Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. » Ensuite, il souffle sur eux et leur dit : « Recevez l’Esprit saint ! Ceux à qui vous pardonnerez les péchés seront pardonnés ; ceux à qui vous refuserez le pardon ne l’obtiendront pas. »
Avez-vous remarqué ? Jésus ne les envoie tout de suite courir les rues et crier sur tous les toits : « Pas besoin de se confiner. Jésus est ressuscité. Rien ne pourra nous toucher. » Quand Jésus reviendra une semaine plus tard, les disciples seront encore enfermés dans la maison. Il y a un temps pour sortir et un temps pour faire du travail en dedans. La première mission des disciples, porteurs de la paix du Ressuscité, n’est pas la « conversion » des mécréants mais le pardon des pécheurs.
Mais qu’est-ce que le pardon vient faire là-dedans ? Comme quoi ce que nous avons sur le cœur peut nous retenir enfermés… autant… si non plus… qu’une porte verrouillée. Alors la question se pose : avant de remettre le nez dehors… qu’est-ce que les disciples de Jésus – d’hier comme d’aujourd’hui – ont à pardonner ? Et à qui ? Il y a certainement autant de réponses que de disciples. Et avez-vous remarqué ? Avant de charger ses disciples de cette mission, Jésus leur donne son Esprit. Le pardon… est un don… de l’Esprit de Dieu et non l’œuvre du cœur et des mains humains. Encore une fois, le pardon n’escamote pas le mal que l’on fait ou que l’on a subi. Pardonner, c’est reconnaitre le mal et la souffrance afin de faire un choix éclairé… pour autre chose… afin de choisir un autre chemin… le chemin d’une vie nouvelle. Si « pécher » signifie, « manquer la cible », pardonner signifie « donner l’occasion de corriger le tir ». Et après tout… bien honnêtement… veut-on vraiment que les choses reviennent comme avant ? N’aspire-t-on pas à autre chose ? Jésus n’a-t-il pas promis la vie à quiconque vit et croit en lui (Jean 11, 26), c’est-à-dire quiconque a confiance en lui… c’est le sens du mot pisteuo en grec qui est traduit par « croire » en français.
Et voilà qu’arrive Thomas : « Si je ne vois pas la marque des clous dans ses mains, et si je ne mets pas mon doigt à la place des clous et ma main dans son côté, non, je ne croirai pas. »
Il est tellement facile de pointer Thomas du doigt… de faire de lui l’exemple à ne pas suivre. Toutefois, il ne demande que de voir ce que Jésus avait déjà montré aux autres. Et il n’était pas là quand les autres disciples ont reçu le don de l’Esprit Saint. Le Ressuscité s’approche de Thomas, lui dit seulement une parole : « Mets ton doigt ici… avance ta main là » et sa confiance en Jésus est renouvelée. Thomas professe sa foi : « Mon Seigneur et mon Dieu. »
À vrai dire, il y a un peu de Thomas en nous toutes et tous, n’est-ce pas ? Oui, notre foi, notre confiance en Jésus peut flancher… surtout en temps de crise. La bonne nouvelle de cette histoire, c’est que même un manque criant de confiance n’est pas une barrière infranchissable pour le Ressuscité… qui, en temps et lieux, donne à ses disciples ce dont ils ont besoin pour affermir leur foi et les remettre debout et en mouvement : « Heureux ceux et celles qui ont cru sans avoir vu » Ici, comme ailleurs (Matthieu 5, 3-11), la Bible de Chouraqui traduit le mot grec makarios par en marche. « En marche, vous qui avez confiance en moi même si vous ne m’avez pas vu ! » C’est bien nous, ça !
Ce n’est pas le moment pour nous de sortir… mais en attendant, il y a peut-être du travail que nous pourrons faire en dedans. Nos portes fermées n’empêcheront pas le Ressuscité de se tenir au milieu de nous et nous donner sa paix… cette paix qui affermit notre foi, ravive notre espérance, nous remplit de joie et nous donne des ailes. L’Esprit travaille en nous et parmi nous pour réconcilier et renouveler. Rien ne sera plus comme avant. La paix du Christ est avec nous. Alléluia ! Amen!
LECTURES BIBLIQUES
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