L’évangéliste Luc était médecin. La description de la femme qui se présente à Jésus ne pourrait pas être plus précise. L’origine de son état : un esprit. La durée de son état : depuis dix-huit ans. Son état : elle était toute courbée. Les effets de son état : absolument incapable de se redresser. Il n’a pas l’opportunité de nous offrir un pronostic, c’est Jésus qui le mettra en œuvre par la suite du récit.
Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits. |
Les précisions que Luc apporte sur l’état de cette femme démontrent une situation de vie extrêmement pénible. La femme n’avait comme champ de vision que la terre, elle était comme exclue du monde des vivants. Jamais elle n’entrait en contact avec les personnes qu’elles croisaient puisque son regard ne réussissait jamais à croiser le regard des autres. Cette femme était captive de son état. Elle marchait à tâtons dans sa vie.
La description de l’état de cette femme donne une impression de parabole du péché. Dans son Catéchisme protestant, Antoine Nouis écrit : «Lorsque nous pensons au péché, les premiers termes qui nous viennent à l’esprit sont les mots : faute, erreur, bêtise. Dans le Nouveau Testament, le verbe pécher signifie littéralement manquer son but, se tromper de chemin, s’éloigner de la vérité. Ce sens premier attire notre attention sur le fait que le péché dans la Bible est plus une mauvaise orientation de notre vie qu’une faute que l’on aurait commise à telle ou telle occasion». C’est tout à fait un esclavage comme le vit cette femme. Un état qui dure, dix-huit ans en l’occurrence ici…, sans avoir croisé un seul regard !
C’est de cet esclavage que le Christ libère la femme courbée, il lui offre gratuitement son pardon en brisant les entraves qui la briment depuis si longtemps. Ainsi libérée, elle pourra désormais vivre l’Évangile et louer Dieu haut et fort. Sa condition l’avait dépouillée de sa place dans la communauté et de toute sa dignité, elle qui était incapable de se tenir bien droit. Maintenant que Jésus l’a relevée, elle commence une vie nouvelle, une façon d’être selon sa foi en Dieu qui accorde à ses enfants sa vie et sa vie en plénitude.
La suite du récit nous révèle l’attitude du chef de la synagogue. Comme la guérison de la femme a été initiée par Jésus un jour du Sabbat, il trouve à redire et essaie de se rallier la foule. Bien en vain : la foule n’acquiesce pas à la religiosité des gens de la synagogue qui mettent au premier plan des restrictions inappropriées ; non, la foule se rallie spontanément à l’attitude de Jésus qui veut nous libérer, tous et toutes, de toutes les formes de contrainte qui nous paralysent. Pour Jésus, en effet, ce qui importe, c’est de répondre aux besoins des autres. Pour lui, c’est toujours ce qui prime, même sur les restrictions de la Loi. Aucune limite de temps ou de lieu ne peut restreindre la personne qui se tourne vers Dieu dans un esprit de foi.
Chacun, chacune, nous portons nos infirmités, notre péché qui nous éloigne de Dieu et des autres. Reconnaître notre condition de pécheur, la confesser devant Dieu en mettant notre confiance en Jésus-Christ, dans sa vie, sa mort et sa résurrection, c’est le pas qui conduit au pardon. «Dans l’Écriture, écrira encore Antoine Nouis, chaque fois que l’homme s’éloigne de Dieu, il est appelé à revenir : il n’y a pas de rupture sans possibilité de réparation. Si on y parle de péché, c’est aussitôt pour annoncer un pardon possible. Si on y évoque l’aliénation, c’est en vue d’une libération».
La parabole de la femme courbée, comme j’aime appeler ce récit de l’Évangile de Luc, est comme un riche terreau d’espérance. La justice de Dieu ne désigne pas le Dieu qui juge les humains, comme Luther l’aura compris à la suite d’une longue recherche, mais le Dieu qui rend juste les humains dans sa miséricorde, au moyen de la foi. (Nouis) Rendons grâce à Dieu pour son pardon toujours offert et soyons des témoins vivants par toute notre vie, par nos paroles et nos actes, de cet amour de Dieu et de sa grâce qu’il propose généreusement à tous et à toutes.
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