« Ces paroles semblèrent un délire et ils ne croyaient pas ces femmes. » (Luc 24, 12). Quand on a vraiment, vraiment de la peine… lorsqu’on se sent écrasés par la douleur, les plus belles paroles, si vraies soient-elles, ne suffisent pas pour soulager le mal, pour nous relever, nous remettre sur pied… et en mouvement. Une vie au delà de la pire des souffrances et même la mort? Une vie complètement renouvelée? Des cieux nouveaux? Une terre nouvelle? Plus de cris ni de pleurs? L’exaltation et l’enthousiasme perpétuels, comme le promettait le prophète ? La réanimation est peut-être possible… mais la résurrection, une réalité? Ça, ça prend plus que des paroles… aussi belles soient-elles. Donc, Pierre part à la course. Une fois arrivée au tombeau… ben… une image vaut mille mots : il se penche et ne voit que des bandelettes. Et oui, une image vaut mille mots! Regardez bien.

Ici, nous voyons Pierre regarder le tombeau vide d’un air incrédule. De ce point de vue, il est dans l’ombre. Il ne voit que les linges qui couvrait le corps de Jésus, les vestiges de ce qui a été. C’est une façon de voir les choses…et c’est souvent de ce point de vue que nous regardons la vie, n’est-ce pas ? Quand nous regardons notre vie, il peut nous arriver de ne voir que les reliquats du « bon vieux temps » quand on était plus jeune ou plus fort, quand on avait plus de projets et moins de déceptions. Ici, Pierre et confronté à une stupéfiante réalité : l’avenir ne sera pas comme il l’avait imaginé.

Ne sommes-nous pas, de temps à autre, tous et toutes un peu comme Pierre ? Plantés devant les tombeaux des nos existences ? Stupéfait devant les impasses, les culs de sac qu’on imaginait pas?

Il est normal de nous pencher sur les vestiges de nos espoirs déçus, nos rêves échoués, nos relations brisées. Il est normal de nous replier sur nous-mêmes pendant un certain temps… le temps d’encaisser le choc. Non, l’avenir ne sera pas comme nous l’avons imaginé.

Mais il y a un danger qui nous guette si nous restons comme ça trop longtemps : à trop nous pencher sur ce qui reste du passé, on finit paralysés, incapables de nous tenir droit et d’avancer vers de nouveaux horizons. De ce point de vu, on ne voit que les reliquats de ce qui a été, et on ne peut que se lamenter de ce qui ne sera jamais. Pas surprenant que Pierre ne fait que rentrer chez lui dans l’étonnement.

Cette première image de Pierre représente un point de vue. C’est une façon de voir. Mais ce n’est pas la seule. Si seulement Pierre s’était repenti. S’il s’était retourné! Il aurait vu les choses sous un tout autre jour. Nous avons vu le tombeau du point de vue de Pierre… et le voici du point de vue du Ressuscité.

Ce matin ne restons pas plantés là : les yeux fixés sur les tombeaux d’un passé révolu. De grâce, ne rentrons pas chez nous, tout simplement étonnés de ce que nous avons vu ou entendu ici. Le Ressuscité nous invite à notre tour, à nous retourner, nous aussi, et à regarder notre vie et notre monde de son point de vue, ouvert à la vie. Suivons-le sur le chemin de la résurrection…le chemin des cieux nouveaux et d’une terre nouvelle. Le chemin de tous les possibles. Et, par la grâce de Dieu, que notre vie entière soit notre témoignage : une image qui va bien au delà de mille mots. Amen.

Par Darla Sloan, pasteure

le 27 mars 2016 – Pâques C16 – Église unie St-Pierre

LECTURES BIBLIQUES

Ésaïe 65, 17-19

Luc 24, 1-12