La fête du Baptême du Seigneur que nous célébrons aujourd’hui vient clôturer la saison liturgique de Noël, le temps des Manifestations du Seigneur. Après la Nativité de Jésus, ce temps du silence de la nuit où l’Emmanuel annonce sa présence à d’humbles bergers, après l’Épiphanie où Dieu a manifesté sa présence à tous les peuples par le signe de l’étoile, le Baptême du Seigneur est la manifestation de l’amour de Dieu pour la foule des pécheurs que nous sommes, tous et toutes, à travers les eaux du Jourdain.
Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits. |
Le baptême de Jésus répond à l’appel à la conversion de Jean. Non pas que Jésus eût besoin de conversion mais pour partager pleinement notre humanité jusque dans la repentance et l’engagement à vivre dans la volonté de Dieu, comme l’indique Antoine Nouis dans son catéchisme protestant :
Jésus est totalement homme !
Un homme qui a besoin de la prière pour féconder sa relation avec le Père,
Un homme qui lit l’Écriture pour comprendre sa propre vocation,
Un homme qui a besoin d’amis pour partager sa route,
Un homme qui va jusqu’au baptême pour signifier sa repentance,
Parce qu’il est totalement homme, Dieu l’appelle son Fils bien-aimé.
Le baptême chrétien prend donc racine dans le baptême de Jean, un baptême qui dépasse déjà largement les ablutions et bains de purification qui sont répétés régulièrement dans le judaïsme et la plupart des religions de l’époque. Le baptême de Jean, en effet, est reçu une seule fois à la suite de sa puissante prédication qui incite le baptisé à un changement radical de vie et il est un signe de cette conversion qui engage toute la vie. C’est à cette conversion radicale et à cet engagement dans une vie nouvelle que le Christ nous invite en y participant lui-même.
Mais le baptême chrétien va plus loin. Donné au nom de Jésus-Christ, il recèle la promesse de la présence de l’Esprit-Saint dans la vie des baptisés et l’entrée dans une communauté où les membres deviennent les compagnons et les compagnes de route les uns des autres.
Les écrits bibliques que nous venons de proclamer parlent de ce don de l’Esprit de Dieu pour animer la vie de tout serviteur de Dieu.
Au serviteur présenté par le prophète Ésaïe, Dieu promet : J’ai fait reposer sur lui mon esprit… il n’écrasera pas le roseau… il n’éteindra pas la mèche… (il sera son) alliance avec le peuple et la lumière des nations.
Quand Dieu, en effet, soutient son serviteur, quand il met sa joie en lui, c’est son Souffle vivant et vivifiant, sa ruah selon le terme hébreu utilisé dans la Bible, son Vent, son Esprit qu’il lui accorde sans limite. Cet Esprit ainsi offert est la main tendue de Dieu pour que son serviteur ne faiblisse pas, qu’il ne soit pas écrasé… pour qu’il puisse ouvrir les yeux des aveugles, faire sortir les captifs de leur prison et de leur cachot ceux qui habitent les ténèbres.
Et c’est là que réside l’essentiel du message que nous livrent les écrits proposés à notre méditation en ce jour de la fête du Baptême du Seigneur.
Le baptême en lui-même comme geste rituel d’immersion ou d’ablution n’aurait aucune portée véritable si le bain d’eau n’était pas accompagné d’un baptême dans l’Esprit comme le suggère le Baptiste dans l’évangile de Matthieu. Il le comprend lui-même seulement dans l’action que Jésus l’invite à vivre. Il est bouleversé d’apprendre que c’est lui qui baptisera Jésus pour que soit manifeste aux yeux de tous les pénitents accourus entendre la prédication de Jean que Jésus est l’Élu de Dieu, le Messie attendu, Celui surtout sur qui reposera l’Esprit qui vivifie, l’Esprit qui remplit de force, comme le proclame Pierre dans son discours des Actes des Apôtres, l’Esprit qui donne à Jésus le pouvoir de faire le bien et de guérir… car recevoir l’Esprit de Dieu équivaut à dire que Dieu est avec lui. Avoir l’Esprit de Dieu signifie tout simplement vivre de la vie de Dieu, être de sa famille, agir avec lui et comme lui.
Le baptême de Jésus est le théâtre d’une théophanie dont l’Esprit-Saint explique le sens en venant témoigner en nous que nous sommes vraiment enfants de Dieu, enfants du Père qui met en nous, comme en son Fils bien-aimé, toute son affection et qui nous incorpore dans l’Église pour cheminer et grandir dans la foi.
Le pasteur français André Dumas a écrit une prière bien inspirante que je laisse à votre méditation; elle s’intitule Prière pour demander le baptême.
Seigneur Jésus, je te demande, moi-même, mon baptême pour me lier à ton parcours. Moi, selon ma nature, je vais toujours de la vie à la mort et toi, selon la grâce que tu as reçue et montrée, tu as été de la mort à la vie de Pâques. Fais qu’ainsi ta grâce lutte avec ma nature, pour que je puisse naître de jour en jour.
Ce baptême, ce plongeon, cette noyade, je m’y décide librement, sans magie, simplement, sans phrases. Je m’y décide dans l’engagement de ma foi. Je me greffe sur ta racine. Je m’encorde à ton escalade. Je monte sur ton bateau et je me charge de ta grâce, comme je te demande de te charger de ma nature.
Cette prière, je la fais mienne. Par le baptême, nous sommes saisis par la présence agissante de l’Esprit au plus profond de nous-mêmes. Ainsi chargés de la grâce divine, nous nous ouvrons à l’engagement de notre foi baptismale pour devenir, comme le proclame le prophète Ésaïe, une lumière des nations. AMEN.
Prédication pour le dimanche 19 janvier 2020, fête du Baptême du Seigneur
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