Jeudi dernier, je suis allé voir un ballet au Théâtre Maisonneuve de la Place des arts. C’était la première fois depuis un an que les danseurs remontaient sur scène. Vous imaginez à quel point ils devaient être fébriles? Excité de performer, désireux de s’exprimer avec leur corps. Avant le spectacle, le chorégraphe est venu nous parler et il a mentionné qu’une des danseuses lui avait dit dans son excitation « JE CAPOTE ». Alors, si je peux me permettre aujourd’hui, je vais utiliser ses mots et dire « JE CAPOTE » « JE CAPOTE » parce que ça fait, moi aussi, un an que je n’ai pas célébré en présentiel. Alors je suis extrêmement heureux d’être ici. Alors, après ses mots du chorégraphe, le spectacle a débuté et je me suis laissé bercer par la musique et les émotions transmises par les mouvements des danseurs et danseuses. Le ballet a pris fin, mais l’expérience n’était pas finie. Une petite voix s’est fait entendre nous demandant de rester à nos places, pour des questions de sécurité, jusqu’à ce que le placier nous indique signe de quitter nos sièges.
Une par une, les rangées se sont vidées. Nous étions tranquillement guidés vers la sortie, tel un troupeau de brebis gentiment guidé par leur berger.
Notre lecture de l’évangile de Jean nous est très familière. Nous avons tous et toutes entendu la parabole du bon berger et nous avons tous et toutes contemplé les différentes toiles, statues, symbolisant Jésus en berger. C’est une image classique, empreinte de significations et également une image familière. La figure du berger était également très familière et importante pour les gens vivant à l’époque de Jésus. C’était une image à laquelle beaucoup de gens pouvaient probablement s’identifier. C’est également une image présente dans la Torah, où bien le Premier Testament, comme nous l’appellerions. En effet, lorsque Jésus s’identifie à la figure du berger, Jésus s’identifie également à tous ceux qui l’ont précédé et qui lui ont préparé le chemin. Nous n’avons qu’à penser à Moïse, qui lui aussi fut berger. Il garda et mena les brebis de son beau-père Jéthro avant de garder et mener Israël hors d’Égypte jusqu’au pays où coulent le lait et le miel.
Plus loin, dans la grande histoire de Dieu et son peuple il y a le personnage de David. David gardait les troupeaux avant de devenir roi d’Israël. Jésus connait son audience et sait que les disciples comprendront ce qu’il veut dire. Il sait que son audience connait les qualités requises chez un bon berger, chez un bon meneur. Afin d’être un bon berger, le berger se doit de nourrir les brebis adéquatement. Il se doit également de s’occuper de leurs maux. Il doit les garder ensemble, en troupeau, sans qu’aucune s’écarte. Il doit également promouvoir leur bien-être avant le sien. Ce n’est pas une tâche facile et c’est pourquoi le berger se doit d’être ordonné, solide et compétent. C’est tout ce que l’image du berger englobe pour Jésus et pour les disciples et il utilise cette image afin de démontrer aux disciples l’importance qu’ils ont à ses yeux. Je ne crois pas que Jésus utilise l’image du berger pour montrer aux disciples qu’ils sont faibles, dépendants et égarés. Je crois que l’image du berger utilisée par Jésus est une façon de faire comprendre aux disciples le lien qui existe entre lui et eux.
Le lien entre le berger et ses brebis est précieux, car il connait chacune d’elle. Il sait celle qui a tendance à s’égarer, il connait celle qui fige sur place lorsqu’elle voit un écureuil ou n’importe quelle petite bête passer devant elle. Il connait celle qui hésite à traverser devant une route ou un fossé. Il connait celle qui a besoin plus d’affection et de tendresse. C’est exactement la même relation que Jésus entretient avec les disciples. Il les connait chacun par leur nom. Il les ramène lorsqu’un d’eux s’égare dans sa foi. Il en a ramené plus d’un sur le bon chemin, pensons à Zachée et à Mathieu, qui étaient des collecteurs d’impôts et qui en profitaient pour remplir leurs propres poches. Il les a rassurés plus d’une fois du fait qu’il serait toujours présent avec eux. Jésus utilise cette image de berger pour faire comprendre aux disciples la relation qu’il entretient avec eux et utilise également cette image pour leur faire connaitre la relation que lui et Dieu entretiennent. Cette relation qui est basée sur la connaissance de l’autre ne veut pas simplement dire connaitre l’autre de vue, mais implique une plus grande relation. Jésus connait les disciples et les disciples le connaissent.
Jésus connait Dieu et Dieu le connait. Ils se connaissent parce qu’ils ont créé et développé une relation. Ils se connaissent, car ils connaissent les prénoms de chacun et chacune. Ils se connaissent, car ils connaissent les vies des uns et des autres. Ils se connaissent, car ils ont partagé des moments entre eux, des moments de joie ainsi que des moments de douleur et de difficulté durant lesquels ils ont développé de la compassion pour les uns et les autres. Connaitre et être connu émane de l’amour et cet amour fait place à une grande responsabilité et une joie transformante qui nous appelle à l’implication et à la mutualité. C’est cet amour et cette connaissance de l’autre que Jésus invite les disciples à étendre, à proclamer. Je crois que la mention des autres brebis qui ne sont pas encore dans l’enclos est un appel de Jésus à inciter les disciples à partir en mission. Il incite les disciples à l’imiter, à imiter ses gestes et ses paroles afin que les autres reconnaissent Jésus au travers des disciples et qu’ainsi le troupeau, le nombre de fidèles s’agrandisse.
Le troupeau s’est agrandi, les fidèles se sont réunis, car mes amis nous sommes tous ici. Mais sans faire trop de blagues, je crois que ce passage aujourd’hui nous parle plus qu’on le pense. Je crois qu’avec cette parabole du bon berger, Jésus met de l’avant les qualités d’un bon meneur de même que les rôles d’un meneur. Lorsque je pense au type de meneur auquel Jésus fait référence par l’entremise du berger c’est-à-dire une personne qui connaît ceux et celle qu’il guide, qui se préoccupe du bien-être spirituel, moral et physique de ceux et celles qui l’entourent et qui les protège, je pense aux pasteurs. Les pasteurs connaissent chaque membre de leur communauté.
Cependant, je ne pense pas qu’à eux. Il y a beaucoup d’autres endroits ou domaine dans lesquels cette relation berger/brebis peut être vue. Vous ne le savez peut-être pas, mais je suis aumônier militaire et mon entrainement militaire m’a fait comprendre que le même principe existe au sein des Forces armées canadiennes. L’armée a comme objectif de former des meneurs et des meneuses.
Elle a comme objectif de former des hommes et de femmes qui auront à coeur le bien-être de leur troupe, qui s’occuperont d’eux, qui seront attentifs aux besoins de leurs membres, qui veilleront à ce que les membres soient bien nourris afin qu’ils aient les forces nécessaires pour accomplir la mission. Mais surtout, les meneurs et les meneuses s’assurent de ne jamais laisser un ou une des leurs en arrière. Ceci est très important et primordial.
Je pense que nous sommes tous et toutes invités, par Jésus, dans cette parabole, à devenir des bergers, car il désire voir son troupeau grandir, et ce, jusqu’à ce qu’il n’y en ait qu’un seul. Et pour ce faire, il doit y avoir des bergers. Il y a selon moi différentes manières d’exercer cet appel rassembleur au sein d’une communauté. Chacun et chacune d’entre vous est un berger en soi, et cela de par votre désir de connaître l’autre et d’entrer en relation avec l’autre. J’écoutais la chanson de Bienvenue, offerte par Lambert, et j’ai été frappé par la phrase « On n’a pas d’autre exigence que d’apprendre ton nom ». J’ai trouvé ça merveilleux comme phrase et c’est très démonstratif de l’accueil et de l’effet rassembleur démontré par chacun et chacune de vous.
J’ai lu d’avance les annonces pour aujourd’hui et j’espère que je ne dévoile pas une primeur ici, mais j’ai appris que vous parrainiez une famille de réfugié syrien de même qu’un jeune adulte. Mais quel bel exemple ici du bon berger qui prend soin de ses brebis ! Nous sommes tous et toutes des enfants de Dieu et nous devons tous et toutes agir afin d’entrer en relation les uns avec les autres et nous occuper de ceux et celles qui sont dans le besoin.
Aujourd’hui, Jésus est ressuscité. Il est ressuscité et vit en chacun et chacune de nous. De par cette parabole, il donne l’exemple du type de relation que nous devons avoir les uns avec les autres. Il nous incite à être rassembleurs, à servir de guide pour notre voisin, à être ouvert et accueillant envers l’étranger de même que prendre soin des uns des autres tout comme il prend soin de nous.
Il nous invite à entrer en relation avec l’autre, à le connaitre et à tout simplement l’aimer. Aujourd’hui, Jésus est ressuscité, le bon berger est présent en toi, en toi et en toi. Il est présent en chacun et chacune de nous. Alléluia.
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