Le calme après la tempête

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On a trop souvent entendu parler du « calme avant la tempête »!

Avec le récit de Marc, c’est le calme après la tempête.

L’actualité récente a été riche en nouvelles, des bonnes et des moins bonnes. Certains des évènements pourraient être assimilés à des tempêtes pour les personnes concernées en fonction des circonstances (pic de chaleur, feux de forêt …etc) et en fonction des contextes : guerre dans le monde et violences récentes ( Gaza, Ukraine…etc). En ce qui concerne le pic de chaleur que nous avons vivement ressenti, le mercredi dernier, la journée du vendredi nous est apparu comme une accalmie après ‘la tempête de chaleur’.

Le récit de la tempête apaisée est bien connu des Évangiles synoptiques (Mt, Mc, Lc). Les différences dans la narration sont nombreuses, notamment entre le récit de Matthieu et de Marc. Luc étant un peu plus proche de ce dernier. L’évangéliste Marc nous rapporte plein de détails qui nous embarquent en tant que lectrice et lecteur dans ce voyage avec Jésus et ses disciples: un voyage de nuit où Jésus est emmené avec d’ autres barques, Jésus qui dort sur un coussin, sa parole apaisante sur la mer et le questionnement qu’il suscite.

Depuis le début du chapitre (Mc4,1ss), Jésus enseigne en paraboles en apportant consolation et guérison aux malades. La journée semblait donc se terminer en beauté. Mais la traversée de l’autre côté du lac sera mise à rude épreuve par une tempête. Face au danger de la tempête qui menace leur vie et projet d’avenir, les disciples en panique, ont perdu le contrôle, ils semblent avoir perdu tout courage. Leur peur, c’est la peur de l’humain face aux forces destructrices, sous toutes ses formes (épreuves, persécution, guerre, mort …etc).

Courage : c’est le calme après la tempête!

Jésus qui dort du sommeil du juste leur reprochera deux manques, qui n’en font peut-être qu’un. « Pourquoi avez-vous peur ? N’avez-vous pas encore la foi »?
Le mot grec δειλός employé par Marc (v.40) et Matthieu (v26), peut se traduire par : lâche, poltron, peureux, entre autres. Ainsi, δειλός renvoie plus à un manque de courage qu’à un sentiment de peur (φόβος). Un élément qui est aussi à mettre en lien avec le ‘manque de foi’. Cela peut susciter un questionnement : les disciples n’ont-ils pas justement fait appel à leur Seigneur et maitre? Ne devaient-ils alors compter que sur leur propre force ?

Face à l’épreuve et au découragement de ses coéquipiers, Jésus ne les abandonne pas, il agit sur la tempête par une parole puissante : « Silence ! tais-toi ! ». Job qualifiera les moments d’épreuves de moments d’obscurité. L’intervention du Christ démontre qu’il n’abandonne jamais les siens, mais il invite les disciples et nous avec, à plus de courage face aux épreuves, aux tempêtes de notre vie. Dieu peut certes permettre l’épreuve, mais il refuse que nous en sortions complètement détruits. En ayant cette foi au Christ ressuscité, chacune des tempêtes de notre existence individuelle, familiale ou en tant qu’Église, apparait pour le Christ comme une opportunité d’action prophétique. Il est l’unique auteur de nos délivrances. Ce que Jésus accomplit dans l’Évangile, c’est ce qu’il a accompli sur la Croix et qu’il nous communique dans le baptême. Il l’accomplit aussi mystérieusement dans la vie de milliers d’hommes et de femmes dans le monde qui, parfois, ne le connaissent pas encore, voire pour certains le méprisent. En Christ, Dieu redonne courage, il sauve! Sa providence s’interpose lorsque toute action et espérance humaine sont vouées à l’échec.

C’est aussi la barque de l’Église

S’il ne faut pas allégoriser à l’excès le récit de l’Évangile de Marc, il n’est pourtant pas interdit de méditer sur sa signification au-delà de la matérialité des faits qu’il relate. La barque où se trouvent Jésus et les disciples peut symboliser la figure de l’Église. Par le baptême, nous sommes dans l’Église et nous expérimentons que la barque de l’Église affronte la tempête et nous craignons parfois le naufrage. Peut-être pas le naufrage de l’Église dont nous savons qu’elle a les promesses de la vie éternelle, mais du moins notre naufrage personnel.

Même pour l’Église en mission, les apparences sont parfois inquiétantes, trompeuses. Nous savons que Jésus est avec nous dans la barque de l’Église, cependant il peut nous arriver de penser qu’il est un peu trop silencieux à notre goût, nous laissant affronter la tempête, nos tempêtes. La réaction de Jésus face aux cris des disciples désespérés est instructive : « Pourquoi avez-vous peur ? N’avez-vous pas encore la foi ? ». Or nous dit Hébreux 11, 1, « la foi est une façon de posséder ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités qu’on ne voit pas ». Les disciples voient Jésus certes, mais puisqu’il dort, ils doivent croire qu’il ne les abandonne pas et qu’il continue d’agir pour les sauver. S’ils avaient une foi suffisante, ils possèderaient déjà le salut qu’ils espèrent, et ils reconnaîtraient en Jésus qui dort le sauveur qu’ils ne voient pas du moins pour l’instant comme tel.

Avoir la foi, c’est croire que Jésus est un bon capitaine qui n’abandonne jamais le navire et qui prend sur lui la responsabilité de la vie de ses passagers. C’est croire que Jésus qui semble parfois se taire ou demeurer dans un silence inquiétant nous parle toujours dans le silence de nos cœurs et agit vraiment dans nos vies. Dans les circonstances pénibles de la vie, où les indices de la présence agissante de Jésus sont souvent difficiles à percevoir, nous avons de la ressource de pouvoir puiser dans le trésor de la foi de l’Église : nos expériences de vie personnelle, le témoignage des saints, l’assurance que les sacrements produisent effectivement ce qu’ils signifient, tout cela est mis à notre service pour pallier nos moments de tâtonnement.

Avoir la foi en Christ ne nous dispense pas de vivre les épreuves liées à notre condition humaine. Jésus reprochera aux disciples de ne pas avoir la foi. Puisqu’ils n’ont pas compris que le salut qu’il apporte ne supprime pas les dangers, les imprévus, les épreuves de toutes natures, mais les assume et les dépasse. La Parole agissante du Christ debout est le symbole de sa propre victoire, sa victoire sur les puissances qui font souffrir et peuvent causer la mort. C’est aussi une invitation à ne pas céder à la peur, au découragement. Dans cette dynamique, le soutien de nos prières mutuelles et la communion fraternelle au sein de la communauté aident à avancer dans notre cheminement de foi personnelle. Avoir la foi au Christ présent, omniprésent, omnipotent, omniscient dans la barque de l’Église et la nôtre, c’est croire que l’Église, nos familles, bien que parfois attaquées ou recouvertes par les assauts du mal, restent unies et tiennent le bon coup pour la Gloire de Dieu! Amen!

 

LECTURES BIBLIQUES

Corinthiens 6,1-13

Marc 4, 35-41

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